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La filière photovoltaïque continue de souffrir. Ce sont les installateurs qui sont en première ligne. En redressement judiciaire la société lyonnaise Evasol vient d’être reprise par l’industriel provençal Giordano qui veut relancer la société en utilisant le mécanisme de « tiers investisseur ». Une soixantaine d’emplois sont supprimés.

La chute avait été brutale. Le 30 janvier dernier, Stéphane Maureau, champion français de l’installation clefs en main de panneaux solaires recevait au Double-Mixte à Villeurbanne, le trophée de chef d’entreprise de l’année devant trois mille chefs d’entreprise.

 Quelques mois plus tard, il n’avait d’autre choix que de se déclarer en cessation de paiement. Mis en redressement judiciaire pour six mois par le Tribunal de commerce de Lyon, cet accident de parcours parmi d’autres dans la filière photovoltaïque, vient de connaître son épilogue.

 Parmi trois prétendants en lice, c’est la société Giordano Services qui a été choisie par les juges consulaires pour reprendre Evasol à la barre du tribunal. Le Belge Windeo Futur et le parisien Next Generation étaient également sur les rangs.

 Une solution qui n’est pas sans conséquences sociales : Giordano qui reprend Evasol pour 260 000 euros (stocks, encours clients, éléments corporels et incorporels) ne conserve pour l’heure que quarante salariés, dont trente commerciaux, sur la centaine de salariés que comptait encore l’entreprise : ses effectifs étaient montés jusqu’à quatre cents salariés en pleine période d’euphorie photovoltaïque.

 Giordano Services est une petite entreprise de sept personnes. Mais elle s’appuie sur une PME beaucoup plus importante : le groupe familial provençal Giordano pesant 33 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés par 355 salariés. Sa spécialité ? Les chauffe eau solaires.

 La proposition du groupe provençal a séduit les juges car elle se veut innovante en matière de financement, à une période où le photovoltaïque est en période de basses eaux.

 Giordano veut proposer avec l’aide d’un financier suisse, une formule de « tiers investisseur ».

 Le projet du repreneur consiste à poursuivre le développement d’Evasol en la couplant avec des offres de location-vente de panneaux solaires, ce qui a le mérite de rendre, en principe, cette énergie plus accessible. Une possibilité offerte par les dernières mesures gouvernementales prises pour relancer la filière photovoltaïque.

 Par quel mécanisme ? Très courant aux USA, il permet au-dit « tiers investisseur » de garantir, au particulier, via une banque, le financement de son installation photovoltaïque. Le client bénéficie alors d’une réduction directe de sa facture électrique grâce à la production électrique du système photovoltaïque. Le tiers-investisseur récupère le montant investi et rémunère son service, selon le type de contrat, en récupérant tout ou partie des certificats verts, ainsi que les aides à l’investissement, en l’occurrence la réduction fiscale, la prime éventuelle, etc.

 Avec ce dispositif, Marc Giordano, Pdg de l’entreprise, table sur 4,6 millions de chiffre d’affaires et 830 000 euros de résultat net, dès cette année. Un retour dans le vert qui devrait, selon lui, s’accentuer avec la croissance du chiffre d’affaires, escomptée au cours des années suivantes.

 Que va devenir Stéphane Maureau, 42 ans, ingénieur Ecam de Lyon, l’emblématique Pdg d’Evasol dont il n’est plus le propriétaire ? Dans un premier temps, il a accepté d’accompagner le repreneur, pour assurer la transition, avant sans doute de voguer ensuite vers d’autres cieux entrepreneuriaux.

 Suite aux difficultés dans le solaire-le moratoire photovoltaïque lui avait coûté 30 millions d’euros de chiffre d’affaires-il avait engagé une reconversion à marche forcée vers les économies renouvelables-mais les revenus de l’entreprise ayant chuté de 75 à 20 millions d’euros, il n’avait pu faire face.

 Photo (DL)Stéphane Maureau accompagnera quelque temps le repreneur d’Evasol.