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Eric Favre (Les 3 Chênes) signe un méga-contrat avec Sinopec pour créer le Redbull chinois

Un marché d’un million de bouteilles distribuées dans chacune des 23 000 stations services gérées par le géant chinois du pétrole : tel est l’appel d’offres emporté par les « 3 Chênes », une PME dont l’unité de fabrication et le siège sont installés dans un village des Monts-du-Lyonnais. A la clef, un chiffre d’affaires d’un million d’euros. Pour commencer…

« Nous allons réaliser à notre niveau la même chose que Coca Cola : fournir le concentré permettant d’élaborer le produit », s’amuse Eric Favre, le Pdg des « 3 Chênes », société spécialisée dans les compléments alimentaires et les produits de nutrition pour sportif qui a la particularité de posséder en son siège une salle de body-bolding pour ses salariés. La stature de son Pdg l’atteste : il en est adepte.

Le concentré en question sera uniquement élaboré dans l’unité de fabrication installé à Villechenève, petite commune située dans le Rhône. Mais dans une quantité inusitée : 25 000 litres !

Il est vrai que cette commande émane d’un des plus importants géants pétrolier de la planète, Sinopec, le premier producteur et distributeur de carburants chinois : un million de salariés !

Comment cette méga-entreprise dont le rôle est d’assurer la sécurité énergétique de l’Empire du Milieu en est-elle venue à traiter avec une petite PME hexagonale de cent-cinquante salariés ?

 Tout commence avec cette injonction faite par le gouvernements central aux grandes entreprises chinoises : investissez dans l’écologie et l’environnemental.

Cent-soixante euros le kilo

Ce conglomérat qui n’est pas seulement présent dans le seul pétrole a donc investi des millions d’yuans dans des terres permettant de cultiver le goji, un fruit que l’on connaît peu en Occident, mais qui a la réputation d’être gorgé de vitamines et de bons minéraux. Une réputation qui a son revers : le kilo de goji revient à près de 160 euros !

Pour valoriser ses nouvelles acquisitions, la direction de Sinopec a lancé un appel d’offres auprès d’une soixantaine de laboratoires européens, leur demandant de proposer des produits à base de goji. Parmi les prétendants : de grands groupes, notamment autrichiens ou allemands.

Quel ne fut pas la surprise d’Eric Favre, le Pdg des « 3 Chênes », lorsque, installé au quarante-deuxième étage des bureaux directoriaux de Sinopec de s’entendre dire que sa petite PME avait été choisie et remportait l’appel d’offres.

Le protocole d’accord a été signé fin août. L’accord définitif devrait être paraphé en octobre prochain. Un chiffre d’affaires annuel supplémentaire de près d’un million d’euros pour les « 3 Chênes », dans un premier temps.

« Je pense que c’est notre côté rural, le fait que nous soyons installé à la campagne, que nous sommes une entreprise à taille humaine en adéquation avec la démarche de Sinopec qui a permis que nous l’emportions », estime Eric Favre.

Distribué dans 23 000 stations-services

L’accord signé avec Sinopec vise à distribuer dans chacune des 23 000 stations de service possédées par le géant pétrolier, une boisson énergisante à base de baies de goji.

En Chine tout est surdimensionné. La première commande comporte un million d’ « unicadoses » qui seront vendues autour de 29 centimes d’euros dans les rayons des stations services. L’étiquette de la bouteille qui devrait être vendues sous le nom de « SinoForce » portera cette inscription : « Formulée par Eric Favre ».

Vu sa taille, il était quasi impossible pour les « 3 Chênes »  de produire chaque année un million de bouteilles. « En revanche, nous bénéficions d’une solide expertise pour produire des extraits à partir de ces végétaux », explique Eric Favre.

Les baies de goji seront donc importées en France. « Les 3 Chênes » en tireront le concentré sur une chaîne de fabrication existante, lequel concentré fera le voyage inverse en Chine, Sinopec assurant la dernière phase, l’ajout de l’eau à l’extrait et la mise en bouteille.  Les premières bouteilles devraient être conçues et distribuées d’ici la fin de l’année ou au début de l’année prochaine.

Plus de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires

Voilà qui va permettre aux « 3 Chênes », société cotée en Bourse et qui a connu au premier semestre 2013 une croissance de 17 %, de poursuivre sur sa lancée pour dépasser cette année les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Eric Favre vise cette année une croissance de 13 à 14 %. Avec cette première conséquence : le cours de Bourse a bondi de près de 30 % depuis le début de l’année.

La Chine réussit d’ailleurs plutôt bien à cette PME.Celle-ci dispose déjà d’une Boutique « 3 Chênes » à Pékin et a développé un partenariat avec un chef d’entreprise chinois qui dispose de six spas dans la capitale chinoise.

Pour Eric Favre, le fait de signer avec Sinopec « est un gage de crédibilité et de stabilité pour les « 3 Chênes ». Ce contrat va renforcer notre image auprès des grands donneurs d’ordres. Ce n’est pas un coup , ce contrat va permettre de mieux nous enraciner et nous développer à l’international. »

Et qui sait ? Le « SinoForce » produit par les « 3 Chênes » deviendra peut-être le « Redbull » chinois ? Alors là, pas de doute, si c’est le cas, les « 3 Chênes » devront investir dans une nouvelle chaîne de fabrication pour faire face à la demande.

Photo (DR)En médaillon, le futur produit. En médaillon, Eric Favre.