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Exit, le magazine culturel lyonnais qui veut harmonieusement marier le papier avec le Web

Un abonnement Web plus cher que le journal papier ! C’est ce que vient d’inventer l’éditeur de la « Tribune de Lyon » pour relancer son magazine culturel « Exit », qui devient mensuel. Le secret : des places gratuites aux spectacles en cours, offertes aux lecteurs en fonction de leur niveau d’abonnement : les institutions culturelles semblent jouer le jeu.

C’est un grand classique de la presse. Un certain nombre de journaux ont créé des clubs de lecteurs qui permettent de fidéliser ces derniers. Ils ont droit de temps à autre à une place gratuite de spectacle, de cinéma, une conférence.

La société « Rosebud », l’éditeur de l’hebdomadaire « Tribune de Lyon » a décidé d’institutionnaliser le concept en offrant systématiquement à ses lecteurs des places gratuites à l’occasion du passage au rythme mensuel de son mensuel culturel « Exit ». A condition que celui-ci paie un abonnement Web d’autant plus cher qu’il aura droit à un nombre grandissant de places gratuites.

 Ce concept poussé donc là à l’extrême permet pour 5 euros au lecteur abonné au Web, mais aussi au journal papier (2,50 euros en kiosque), de bénéficier d’un cadeau par mois, à choisir sur le site : exitmag.fr.

Cette semaine, par exemple : une place gratuite pour Lenny Kravitz aux Halles de Lyon (10 places d’une valeur de 60 euros étaient offertes, vite parties) ; ou encore l’opéra rock Mozart ou encore le spectacle d’André Dussolier aux théâtre des Célestins, etc.

En rouge : le nombre de places restantes que peuvent acquérir les abonnés sur le site Web..

Pour 9,90 euros, le lecteur a droit au magazine et à un cadeau par semaine. Et enfin, l’abonnement premium permet au lecteur pour 19,90 euros par mois de bénéficier tout bonnement d’un cadeau par jour sous forme de spectacles offerts.

« Nous nous engageons à offrir une centaine de places chaque jour »

« Nous nous engageons à proposer une centaine de places par jour, en permanence. Notre idée est que le Web et le papier se servent mutuellement l’un de l’autre », assure François Sapy, le directeur de publication de la société Rosebud également éditrice de « la Tribune de Lyon »..

 Quel est le modèle économique ? « Les places sont offertes à nos lecteurs par une quinzaine de partenaires dont la Maison de la Danse, l’Opéra de Lyon, le TNP et de nombreuses autres institutions culturelles », précise le patron de Rosebud.

Gracieusement ? « Oui, confrontées à une baisse de leurs subventions, toutes ces institutions ont besoin de développer en permanence un nouveau public. C’est ce que nous leur proposons : tous sont par ailleurs annonceurs d’Exit. »

 Ces institutions semblent jouer le jeu. Tout dépendra aussi de la qualité des places offertes : ce n’est pas la même chose de suivre un spectacle au niveau orchestre ou au « poulailler ».

Ce concept original est censé faire décoller les ventes de ce magazine culturel, jusqu’alors trimestriel et pour l’heure vendu à seulement 2 000 exemplaires et envoyé à 1 500 abonnés.

Depuis le mois de novembre, Exit devient donc mensuel. François Sapy a octroyé à Luc Hernandez le rédacteur en chef d’Exit, un objectif ambitieux : 5 000 abonnés d’ici douze mois.

Auxquelles s’ajouteront les ventes en kiosques-3 000 visées- qui bénéficieront par ailleurs «  de l’extension de notre réseau de distribution en cours. »

Outre les kiosques traditionnels, au nombre de 250, « Exit », à l’instar d’ailleurs de « Tribune de Lyon », est également diffusé dans deux Monoprix, un partenariat qui va aller en s’élargissant : « C’est dans ces Monoprix que nous réalisons nos plus fortes ventes !», assure François Sapy.

Si la société Rosebud qui édite Exit peut investir pour développer ses ventes, c’est que « Tribune de Lyon », le vaisseau amiral de ce petit groupe de presse lyonnais composé de vingt-deux salariés est l’un des rares acteurs de la presse papier à développer ses ventes.

Un chiffre d’affaires en hausse de 20 %

Au bilan, le chiffre d’affaires du groupe (Rosebud Sarl) s’est établi à 2,4 millions d’euros en 2013, en progression de 20 % par rapport à 2012 pour 4 200 exemplaires vendus, soit une hausse de la diffusion de 7 % (OJD*). Il attend cette année une croissance de 5 à 10 % de son chiffre d’affaires p.

Ce groupe qui a été créé en 2006, il est vrai dans la douleur, se paie désormais le luxe de gagner de l’argent, affichant un résultat net de 76 000 euros en 2013. Il est vrai aussi que cette société a réussi à capter un flux conséquent d’annonces légales.

Moralité : il n’y a pas de fatalité en matière de presse écrite, mais une prime à la remise en cause et à la créativité.

Reste à voir sI ce mariage entre le Web et le papier fonctionnera bien. Beaucoup d’entreprises de presse se sont cassé les dents sur ce mixage difficile à régler en recherchant désespérément la bonne martingale. On saura d’ici quelques mois si « Exit » l’a trouvée…

(*) Office de Justification de la Diffusion.