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Fibre optique ultra-rapide entre Lyon et Paris, nœud d’échanges Internet à Grenoble : le très haut débit gagne du terrain

A l’heure où de grandes manœuvres sont en cours pour développer en Rhône-Alpes le très haut-débit Internet qui nécessite de lourds investissements, les choses avancent, malgré tout. En témoigne l’inauguration par France-Télécom et Alcatel-Lucent d’une liaison Lyon/Paris en fibre optique de 400 Gigabits/seconde, l’une des plus puissantes au monde, ainsi que le lancement à Grenoble d’un important nœud d’échange Internet, un « GIX » qui devrait se révéler très favorable au développement des entreprises les plus gloutonnes en bande passante.

L’explosion de certains usages sur internet – flux de vidéos notamment – oblige les opérateurs à sans cesse augmenter la capacité des réseaux en bande passante.

C’est la raison pour laquelle France Télécom et Alcatel-Lucent viennent de mettre en service, entre Paris et Lyon, une liaison de fibre optique de très grande capacité.

400 Gigabits, un record

Pour France Télécom, il s’agirait même de « la première liaison optique au monde permettant une capacité de 400 Gigabits par seconde par longueur d’onde dans les conditions du réel », alors que les liaisons actuelles fournissent au mieux 100 gigabits

Pour l’heure, cette ligne n’est utilisée que par un seul client d’Orange, très consommateur de très haut débit, le Groupement d’intérêt public Renater, le réseau informatique qui relie les universités et centres de recherche français.

Pour Patrick Donath, le directeur de Renater, cette autoroute optique va constituer un atout : « Cette artère Paris-Lyon concentre une part importante du trafic national de données scientifiques sur notre réseau, et le 400 Gbit/s représente une évolution essentielle pour les réseaux de la recherche de demain. »

Cette expérimentation-pilote entre Paris et Lyon ne devrait pas rester sans lendemains. En termes de clients et de développement géographique. Elle devrait ainsi « être étendue dans le courant de l’année à une dizaine d’autres villes françaises, ainsi qu’à plusieurs grandes villes en Europe », assure-t-on chez France Télécom.

Le territoire hexagonal est en train de se structurer, mais aussi, dans le même temps, les grandes villes de la Région, en attendant les villes moyennes.

 Un GIX à Grenoble, mais aussi bientôt à Annecy et Chambéry

 Ainsi, après Lyon, Saint-Etienne, Roanne, Valence, Grenoble vient de se doter d’un GIX.

De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un nœud d’échange Internet, en l’occurrence, une infrastructure physique qui permet aux acteurs interconnectés d’accélérer et d’optimiser leur trafic Internet de manière très importante, grâce à des accords mutuels dits de « peering ». « Le principe est de permettre, grâce à une structure mutualisée, à plusieurs utilisateurs de s’interconnecter directement entre eux, sans passer par les opérateurs, ce qui diminue fortement leurs coûts », explique Philippe Duby, président de Rezopole à l’origine de GrenobleIX.

 Ces mêmes utilisateurs peuvent ensuite proposer à ces grands opérateurs une offre groupée. « A Lyon, où nous avons mis en place le premier « nœud Internet », cela a permis une division par dix des coûts », se félicite Phillipe Duby

 Soutenu financièrement par la Région Rhône-Alpes, Rézopole est un réseau ouvert à tous les acteurs qui souhaitent se connecter : opérateurs, Fournisseurs d’Accès Internet, sociétés de services, grands comptes, collectivités locales, associations, etc.

 Les TPE/PME, voire même les particuliers peuvent aussi bénéficier des GIX par leur Fournisseur d’Accès Internet, s’il est lui-même connecté sur l’infrastructure de Rezopole.

 Avec deux équipements installés à Grenoble sur deux points de présence (POP), GrenoblIX peut accueillir un nombre illimité de membres. Le nœud d’échange va permettre d’accélérer les échanges locaux entre les utilisateurs du territoire, puisque le trafic entre les acteurs grenoblois restera désormais en local, et d’améliorer le trafic longue distance car il sera ainsi délesté.

Prochaine étape, les villes moyennes

 « Nous avons mis en place un nœud d’échange Internet à Grenoble afin d’apporter une valeur ajoutée au tissu économique grenoblois, d’avoir des tarifs de bande passante très compétitifs et de développer le Très Haut Débit à l’échelle régionale. Cette nouvelle infrastructure est indispensable à l’aménagement économique du territoire grenoblois », précise Philippe Duby.

 A Grenoble, ces nœuds d’interconnexion sont physiquement hébergés dans les infrastructures de la société Eolas, une filiale du groupe Business & Decision.

 Après LyonIx, SaintetIX, RoannIX et Valence (ADN-IX), puis désormais GrenoblIX, le maillage des « nœuds Internet » va se poursuivre dans la région Rhône-Alpes. La suite de la feuille de route de Rezopole ? « Notre prochaine étape est constituée par Annecy et Chambéry, deux villes très demandeuses et où existent de nombreuses entreprises technologiques. Ensuite, nous nous tournerons vers les villes moyennes : nous avons commencé à travailler à ce sujet avec la CAPI, Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère », souligne Philippe Duby.

 Développement de nouveaux services ?

  Au passage, ces « nœuds Internet » vont, à l’instar de la société grenobloise PhotoWeb (tirage de photos en numérique), favoriser le développement de nouveaux services et usages multimédia demandant des débits adéquats : visioconférence, supervision, serious games, etc.

 Tel est l’espoir caressé par Jean-Jack Queyranne, le président de la Région Rhône-Alpes : « Nous voulons avec ces infrastructures, attirer des entreprises étrangères, high tech et réseaux, qui ont l’habitude de trouver un nœud d’échange et d’achat de capacités Internet. »

 Pour ce dernier, qui a présidé au nom de la Région à l’inauguration de GrenoblIX : « Aujourd’hui, parmi les critères d’implantation des entreprises, l’accès au numérique devient plus décisif que l’accès aux infrastructures de transport… »