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Gaya à St-Fons dans la vallée de la chimie : le plus important projet de biométhane de 2ème génération d’Europe

Le biométhane, on connaît. Mais la 2ème génération, beaucoup moins. La première produit du méthane vert à l’aide de déchets humides, la seconde plus complexe à partir de déchets secs. Or, à St -Fons, Engie et 11 partenaires construisent une plateforme prometteuse qui devrait avoir un meilleur rendement, rendant le biométhane encore plus rentable. Un investissement de 57 millions d’euros.

Depuis quelques mois une nouvelle structure métallique peuplée de tuyaux complexes s’élève dans le ciel de Saint-Fons, au cœur de la vallée de la chimie : Gaya.

Tel est le nom de baptême de ce projet qui devrait chambouler le monde du biogaz.

Des bois secs

Piloté par le groupe Engie accompagné de onze partenaires (*), Gaya a pour objectif d’utiliser des bois secs émanant aussi bien de nos forêts que des scieries, par exemple ou de la paille, pour produire du biométhane de 2ème génération. C’est ce qu’on appelle la méthanation.

Les méthaniseurs en développement actuellement en Auvergne-Rhône-Alpes utilisent eux des déchets liquides ou humide (fumier, lisier, etc) qui, décomposés produisent du biométhane.

Le gaz vert produit à Saint-Fons lui, a pour but de produire à partir de ces matières lignocellulosiques séches un gaz directement injectable dans les réseaux actuels ou gaz, voire même directement utilisables dans les réservoirs des voitures utilisant le GNV.

Un rendement supérieur à 60 %

Et ce, à un coût particulièrement intéressant puisque les études déjà effectuées montrent un rendement global attendu supérieur à 60 % Peu de procédés atteignent un tel niveau d’efficacité !

L’enjeu est donc à la hauteur de l’investissement : 57 millions d’euros dont la plus grosse part fournis par Engie, accompagné par 19 millions d’euros de subventions de l’Ademe.

L’investissement est lourd parce que la technologie est complexe : le bois est chauffé par de grosses chaudières pour agiter les chaînes moléculaires dans des conditions très particulières pour lui permettre de produire du biométhane, il est ensuite lavé.

Il ne s’agit là que d’un « pilote », surtout destiné à tester en réel la technologie développée par les ingénieurs d’Engie et ses partenaires. Ce pilote est destiné à expérimenter de futures usines de production de biométhane, bien plus grandes et qui pourraient voir le jour à partir de 2020.

Pour la responsable du projet, Marie Bessières d’Engie « l’objectif est d’être compétitif par rapport aux autres énergies renouvelables et de faire émerger une véritable filière. »

Pour elle, « tout l’enjeu de cette plateforme d’essai est de démontrer la viabilité de la technologie sur toute la chaîne de production : de l’approvisionnement, à la gazéification, en passant par la méthanation, le traitement de gaz de synthèse et la valorisation du carburant. »

Cet enjeu n’est pas en effet seulement technologique, car il s’agira aussi une fois ces grandes plateformes dispersées dans toute la France, de mettre au point des chaînes de collectes de bois en suffisamment grand nombre pour fournir en matières sè ches les futures Gaya. Or l’on sait que la forêt française, notamment pour les raisons structurelles (trop grand nombre de propriétaires, petites parcelles, etc.), est particulièrement sous-exploitée.

Vingt salariés pour faire tourner le site

Pour l’heure, le chantier fait travailler près de 80 personnes sur le site. Lorsque tout sera terminé, la plateforme nécessitera 20 équivalents temps-pleins. Des salariés qui pour la plupart travailleront en 3X8.

Avantage, en l’occurrence cette nouvelle filière en gestation ne générera, c’est sûr, que des emplois non délocalisables : on estime que la filière serait à terme susceptible de créer près de 5 000 emplois.

(*) Le Centre de recherche et innovation gaz et énergie nouvelels (Grigen) ; le Centre Technique du Papier (CTP) ; l’Institut Technologique FCBA (Forêt Cellulose Bois-Construction) ; le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) ; le Centre de coopération internationale de recherche agronomique pour le développement (Cirad), l’Union des Coopératives Forestières (UCFF) ; le Centre de recherche d’Albi en génie des procédés du solide divisé, de l’énergie et de l’environnement ; le Laboratoire de génie chimique (LGC), le Laboratoire des réactions et de génie des procédés (LRGP) de Nancy ; la société Repotec ; ainsi que l’Unité de catalyse et de chimie du solide (UCCS) de Lille.