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Grand Emprunt : visitant deux entreprises du Nord-Isère, François Hollande annonce une troisième levée de fonds

Deux belles ETI (Entreprises de Tailles Intermédiaires) rhônalpines très exportatrices et six patrons de start-up, issus de l’écosystème innovant qu’a su créer le CEA à Grenoble : tel était le programme du chef de l’Etat jeudi 12 mars qui a repris, après une longue interruption, ses visites d’entreprises à messages…

Les médias ont beaucoup plus commenté jeudi 12 mars la présence, le soir du ministre de l’Economie Emmanuel Macron à l’émission de France 2, « Des paroles et des actes », mais peu, la visite le matin même du président en Rhône-Alpes à deux entreprises nord-iséroises.

Il s’agissait pourtant de la première visite au sein d’une entreprise depuis près d’un an par François Hollande.

Il avait choisi de rencontrer deux belles ETI Nord-Isèroises, ainsi qu’un panel de jeunes patrons de start-up triés sur le volet. La thématique on l’aura compris était l’innovation.

Pas d’annonces fortes à retirer de cette première visite depuis longtemps au sein d’une entreprise par le président, sinon, l’annonce d’ «une troisième levée» de fonds pour le «grand emprunt» afin de «favoriser l’investissement dans notre pays».

 «J’annonce ici qu’il y aura une troisième levée de grand emprunt pour que nous puissions avoir cette capacité de poursuivre, au-delà de 2017, ce que nous avons déjà engagé depuis plusieurs années», a ainsi déclaré le chef de l’Etat.

«Nous n’avons pas encore fixé l’enveloppe -faut-il que nous ayons déjà consommé toutes celles qui ont été d’ores et déjà dégagées- mais nous ferons l’évaluation avec M. Schweitzer (Louis Schweitzer, le Commissaire général à l’investissement, NDLR)», a-t-il précisé. 

«Nous avons fait déjà deux levées de grands emprunts qui ont permis de créer le PIA, le programme d’investissements d’avenir», a également rappelé le chef de l’Etat.

Quelle part pour Rhône-Alpes ?

En effet, explique le président : «A l’horizon de 2017, il n’y aura plus de ressources suffisantes donc nous lèverons une fois encore de nouveaux fonds pour apporter aux entreprises françaises qui sont dans l’innovation, l’exportation et la transition énergétique, les moyens de pouvoir assurer leur développement et donc de créer de l’emploi», a-t-il enchaîné.

Une forme de réponse à Louis Schweitzer qui avait plaidé le 9 mars pour le lancement d’un troisième «Programme d’investissements d’avenir», en vantant les résultats des deux précédents, dotés au total de 47 milliards d’euros.

Le principe du PIA, financé notamment par un grand emprunt, avait été lancé en 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, puis repris par la gauche. Son idée est de promouvoir «l’excellence» en France, que ce soit en finançant des projets de recherche ou en apportant du capital à des start-up.

Reste à savoir quelle part Rhône-Alpes qui a déjà bien bénéficié des deux premières levées de fonds, tirera de cette troisème. On devrait voir rapidement sortir des projets à la recherche de fonds, même si l’échéance est un peu lointaine.

Des ETI innovantes et exportatrices

Pour le reste, cette visite dans le Nord-Isère, destinée à mettre en évidence « la France qui gagne » fut des plus classiques.

Le choix du chef de l’Etat s’était d’abord porté sur l’entreprise Sigma à Veyrins-Thuellin où il a été accueilli par Jean Souchal, le président du groupe Poma dont Sigma est une filiale.

Celle-ci fabrique des télé-cabines pour les plus grandes stations de ski, mais a engagé un fort développement dans le transport par câble urbain et le tourisme.

François Hollande a pu découvrir la dernière commande en date : une capsule destinée à la future tour d’observation de Brighton en Grande-Bretagne qui s’élèvera jusqu’à 138 mètres. Sigma est une entreprise de 75 salariés, très exportatrice.

Il s’est ensuite rendu au siège de Serge Ferrari à Saint-Jean-de-Soudain qui fabrique, elle, des matériaux composites souples, en quelque sorte des textiles intelligents.

 Un produit là aussi très exporté. L’entreprise qui compte 585 salariés s’est récemment introduite en Bourse pour financer son développement, à l’international, notamment.

 Sur le mode speed-dating

 Toujours sur cette thématique de l’innovation, lors d’une troisième et dernière étape, François Hollande a enfin rencontré les dirigeants de six start-up innovantes sur le site même de l’entreprise Serge Ferrari.

 Et ce sous le mode « speed-dating » : installés sur six tables hautes, chacun d’entre eux a eu droit à un tête-à-tête présidentiel de…trois minutes.

 Les entreprises représentées étaient « Ulis », un fabricant de détecteurs infrarouges, basé à Veurey dans la banlieue de Grenoble ; Fluoptics, une start-up grenobloise spécialisée dans l’imagerie de fluorescence pour l’aide à la chirurgie ; Aledia, une autre, dédiée aux LED, ces fameuses diodes électroluminescentes, mais, là, gravées sur des plaques de silicium ; et Ryb Eliot, basée à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs qui a mis au point des technologies détectant les réseaux enterrés.

 S’y ajoutent deux autres jeunes pousses : une spécialisée dans les énergies renouvelables, en l’occurrence SymbioFCell qui a créé à Grenoble la première ligne de fabrication de piles à Combustible de France ; et enfin une start-up du secteur du numérique, la Grenobloise ISKN qui a développé iSketchnote : un bloc-notes intelligent permettant de numériser automatiquement notes, croquis ou dessins.

 Au côté du chef de l’Etat se trouvait Jean Therme, le « parrain » de l’économie grenobloise, en tant que directeur du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives de Grenoble, ces dernières entreprises rencontrées par François Hollande étant dans leur majorité issues du CEA dont les brevets ont donné naissance à de nombreuses start-up et quelques belles success stories. Un acteur public qui a su créer autour de lui tout un écosystème privé : le vrai moteur de l’innovation grenobloise.