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Guilhem Bertholet (La Cuisine du Web) : « Nous sommes en discussion avec un partenaire spécialisé dans les accélérateurs privés  »

Serial entrepreneur diplômé d’EM Lyon, Guilhem Bertholet, 33 ans est devenu en quelques années l’un des personnages-clés de l’écosystème numérique lyonnais. Il est à l’image de sa société, « In Vox », créée il y a deux ans, mais qui croît très vite : huit personnes aujourd’hui, seize annoncées d’ici la fin de l’année. Il a été l’un des principaux acteurs de la « Cuisine du Web », un groupe de copains au départ devenu en très peu de temps un rouage important de l’écosystème numérique lyonnais et ce, grâce à un événement qui a fait explosé sa notoriété : « Blend Web Mix », une manifestation devenue incontournable, à laquelle il a pris une grande part. Entretien.

Comment est née la « Cuisine du Web » ?

 La première rencontre s’est faite avec Greg Palayer, directeur de l’agence UpMyBiz en novembre 2011, puis avec Jerry Nieuviarts, le président de Mapado. Nous avons effectué le constat qu’à Lyon, le Web n’était pas fédéré.

 Nous avons agrégé un petit groupe d’entrepreneurs et organisé des rencontres, des apéros, des dîners… Nous nous sommes rapidement retrouvés à une quinzaine. C’est à partir de ce creuset qu’est née la Cuisine du Web en mai 2012 : le 14 mai, nous fêterons notre troisième anniversaire.

 Notre vision a été de nous dire : concevons nos entreprises comme évoluant dans un écosystème au sein duquel se jouent quelques enjeux-clés !

 Lesquels ?

 Le monde professionnel du Web bouge énormément. Les métiers de « data scientist », de « Web designer » ou de spécialiste des appli mobiles n’existaient pas il y a quelques années. Or, il fallait tout faire pour que Lyon, que nos entreprises attirent ces nouveaux talents, par ailleurs très sollicités.

 Et comment attire-t-on ces talents ? En étant plus visibles, en chassant en meute. Il nous fallait aussi flécher les formations en informatique dans l’agglomération et en Rhône-Alpes…

 Et trois ans après, quel bilan ?

 En réalité, lorsqu’on se retourne derrière nous, beaucoup de choses concrètes… La Cuisine du Web n’est pas un think tank. Je dirai presque qu’on fait des choses d’abord et après on réfléchit. Notre credo, c’est l’action. Nous sommes un « action tank » !

 Et trois ans après, nous qui avons été à l’origine de cette association, nous pouvons être satisfaits : nous comptons près de trois cents adhérents, dont deux cents entreprises purement Web et trois permanents qui font vivre la « Cuisine ».

 Quelque part, vous vous êtes « institutionnalisés », non ?

 Non, c’est ce que nous ne voulons surtout pas devenir ! Nous voulons peser, faire bouger les lignes, agir, mais conserver notre indépendance et notre esprit festif.

 Trois ans après, à quoi sert la Cuisine du Web ?

 « La Cuisine » devient d’abord un centre de formation, à travers des Ateliers de deux heures basés sur la gratuité sur toutes les thématiques du Web. Nous sommes également en train de développer un pôle important de formation continue : pour ce faire nous savons à qui nous nous adresser chez les professionnels pour trouver de bons intervenants.

 Puis enfin, la « Cuisine » est l’organisateur de « Blend Web Mix » qui chaque année prend plus d’ampleur. Il se déroulera cette année les 28 et 29 octobre. C’est « la » manifestation de tous les moteurs du Web. Elle n’est pas faite pour les élites du Web, mais pour tous : c’est un melting pot qui s’intéresse à tout, transgenre.

 Lyon a obtenu le label French Tech. Où se situe la « Cuisine du Web » dans la dynamique qui s’est enclenchée ?

 Nous avons joué notre rôle dans l’obtention de ce label. Une association French Tech destinée à réunir sous une même ombrelle l’écosystème numérique lyonnais est en train de se mettre en place. Il s’agit certes d’une couche institutionnelle, mais elle sert un enjeu majeur qui vise à donner plus de moyens et à mettre en place des aménagements en faveur de l’écosystème numérique. Il y a là une dimension de marketing territorial, une visibilité importante qu’il ne faut pas négliger. Il faut être visible et Lyon a atteint la taille critique.

 Il faut comprendre que c’est important car cela va favoriser le développement de start-up sans lesquelles il n’y a pas d’écosystème numérique dynamique.

 Pour notre part, nous allons à la fois continuer à agir, tout en conservant notre ton impertinent qui est notre marque de fabrique. Je suis très serein sur la suite de l’histoire.

 Que pensez-vous du projet de lieu Totem du numérique lyonnais qui doit ouvrir ses portes à la Halle Girard de la Confluence début 2017 ?

 Que du bien ! L’immobilier est devenu dans notre métier un facteur clé de succès. Un tel lieu Totem nous manquait.

 On trouvera sur 3 000 m2 un incubateur, 800 m2 dédiés à l’événementiel. Ce sera aussi un lieu d’interface permettant aux entreprises classiques de se frotter à la numérisation sous forme de co-working, par exemple. Cet espace va nous permettre d’expérimenter beaucoup de choses et de bénéficier d’une grande vitrine.

 La « Cuisine du Web » a elle-même son projet d’incubateur, « La Marmite  du Web ». Où en est-il ?

 Nous en sommes toujours au stade de la réflexion, nous sommes en discussion avec un partenaire spécialisé dans les accélérateurs privés.

 Nous voulons créer un appel d’air. Il y a encore beaucoup trop d’étudiants lyonnais qui partent à Paris pour monter leur start-up. Nous aimerions bien qu’ils restent à Lyon  !