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Happy end pour SITL à Lyon-Gerland : la bonne issue d’un dossier sensible

Le dernier et seul candidat en lice, la société sino-américaine Cenntro Motors reprend l’entreprise lyonnaise. L’ensemble du personnel est conservé, tandis que la production d’utilitaires électriques devrait reprendre. Ce dossier qui paraissait mal engagé se termine plutôt bien.

Satisfaction générale, tant chez le préfet de région, Jean-François Carenco qui s’était mouillé dans ce dossier, que de Gérard Collomb, président du Grand Lyon et ses services qui n’avaient pas non plus ménagé leur peine. Les 395 salariés poussent de leur côté un ouf de soulagement.

 Une issue plutôt inespérée

 Le dossier SITL à Lyon-Gerland vient de trouver une issue favorable et c’est plutôt inespéré au vue des données de l’affaire, au départ.

 Le tribunal de commerce de Lyon a décidé d’accorder à la société sino-américaine Cenntro Motors Groupe, les actifs de la société lyonnaise SITL située dans le quartier de Gerland. Il s’agissait du dernier et seul repreneur en lice : personne ne s’était bousculé pour ce dossier qui paraissait plutôt miné.

 Un autre repreneur, un chef d’entreprise isérois, Emmanuel Delepoulle, qui s’appuyait sur des fonds d’Abu Dhabi avait jeté l’éponge il y a une dizaine de jours.

 Petit rappel des épisodes précédents. Pierre Millet, un industriel rhônalpin, créateur de SITL, désireux de se lancer dans la fabrication de petits poids-lourds électriques, avait passé un accord avec le fabricant de lave-linge, Fagor-Brandt qui voulait se désengager du site pour basculer peu à peu le personnel d’ici 2016, vers les nouvelles fabrications.

 Pierre Millet s’était donné cinq ans pour réorienter la fabrication, mais un obstacle imprévu s’est mis en travers de sa route  : le dépôt de bilan de Fagor-Bandt ou plutôt de sa maison-mère, le groupe basque Mandragon.

 Tout l’édifice construit patiemment s’écroulait comme un château de carte ; et ce, pour ne rien arranger, sur fond de difficultés d’écoulement des poids-lourds électriques construit pourtant en petit nombre sur le site.

 Compliqué, très compliqué…

 Le dépôt de bilan était inéluctable. Et chacun de se poser la question : qui allait bien avoir envie de reprendre cette entreprise ? D’autant qu’un grain de sable supplémentaire avait surgi après le dépôt de bilan : la dévolution du site SITL de Gerland au Grand Lyon (7,5 ha pour 2 millions d’euros), pour favoriser le transfert à un acquéreur, qui se heurtait à l’opposition d’un ancien cadre de la société. Ce dernier avait introduit un recours auprès du juge-commissaire. Compliqué, très compliqué, donc.

 C’est là où l’Aderly, l’agence de développement économique de l’agglomération lyonnaise entre en jeu. C’est elle qui détecte Cenntro Motors comme repreneur potentiel. Cette société basée aux Etats-Unis cherchait un point de chute en Europe.

 Le dossier SITL lui permet de le trouver à des conditions finalement intéressante. Outre l’ex-usine Fagor-Brandt pour laquelle elle ne paiera qu’un loyer de 100 000 euros, elle se retrouve pour un million d’euros, avec la licence des poids-lourds électriques que cède Pierre Millet qui doit, sans doute avec beaucoup d’amertume, interrompre définitivement son aventure.

 Reste une question : le repreneur déniché par l’Aderly est-il sérieux ? Assurément, oui. Cette société sino-américaine de 1 900 personnes, présente aux Etats-Unis et en Asie est spécialisée dans la fabrication de moteurs diesel et de transmissions et procède à l’assemblage de batteries.

 Elle compte, à l’instar de son compatriote Californien, Tesla Motors, avec une belle réussite, se lancer aussi désormais dans les véhicules électriques.

 Un investissement de 15 millions d’euros annoncé

 Le plan présenté par Didier Verrest, le représentant de Cenntro Motors en Europe qui va reprendre les rênes de la SITL est ambitieux. Il vise à injecter 15 millions d’euros dans cette unité européenne.

 Pour quoi faire, très précisément ? Pour développer d’abord un site de production de véhicules utilitaires électriques en s’appuyant donc sur la licence acquise.

 Le Groupe US compte également mettre en place un centre de recherche et de design à Lyon pour soutenir l’ensemble des divisions automobiles du Groupe Cenntro Motors « en profitant des compétences locales dans ce domaines », précise la société. A cet égard le pôle de compétitivité LUTB, spécialisé dans la mobilité, pourrait jouer un rôle actif.

 Marianne McInerney, executive vice-président explique ainsi le choix de Cenntro Motors : « Lyon est une très forte capitale technologique reconnue pour sa tradition d’innovation et son implication croissante dans les problématiques de ville intelligente. »

 Enfin Cenntro Motors compte créer une unité d’assemblage de batteries nouvelle génération destinée aux véhicules électriques en Europe. Il s’agirait de batteries lithium-ion.

 Ce dossier qui se termine bien ne présente aucune rupture de contrat de travail. Tous les salariés sont repris.

 Cenntro Motors conserve les 395 salariés, mais seuls 40 reprendront rapidement le travail. Il faut que la nouvelle organisation se mette en route.

 Le pari du véhicule électrique

 En attendant 116 salariés seront mis en chômage partiel pendant trois mois sans perte de salaire, 72 seront en formation et au chômage pendant quinze mois ; tandis que 77 le seront pendant 21 mois environ ; le tout, toujours sans perte de salaire, selon l’administrateur judiciaire, Robert-Louis Meynet. Une cinquantaine de salariés enfin partiront progressivement à la retraite.

 Reste tout de même une dernière question après ce happy end : Cenntro Motors qui, hormis les batteries, ne fabrique pas pour l’heure de véhicules électriques réussira-t-il dans ce créneau nouveau pour lui : ce marché est à la peine et beaucoup d’entreprises se sont cassé les dents ces dernières années. ? Tout le pari, désormais, est là…