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Il a déjà enrôlé 17 entreprises : Alain Mérieux en croisade pour sortir les sans-abris lyonnais de la rue

Alain Mérieux, est le chef d’entreprise le plus respecté, le plus admiré à Lyon. Et lorsque, à 81 ans, il propose aux entreprises et à leurs salariés de mener collectivement un combat pour sortir les sans-abris lyonnais de la rue, il reçoit immédiatement le soutien, non seulement de la CCI, du Medef et de la CPME, mais aussi de 17 entreprises, de très grandes, comme de plus petites. Le Fonds de dotation qu’il a déposé sur les fonts baptismaux semble bien parti.

Nom de code : « L’entreprise des possibles ». Pour la première fois en France des entreprises ont décidé, hors du champ politique ou institutionnel, de tisser un pacte commun pour sortir les nombreux sans-abris que compte la Métropole lyonnaise. Sans faire appel à l’argent public.

La situation ne cesse d’empirer : parmi ces sans-abris en forte hausse, figurent 34 % de mineurs et 7 % de familles ; ils sont pour 65 % d’entre eux de nationalité française : 62 % d’entre eux ont un problème de santé. L’espérance de vie de ceux qui vivent dans la rue est de…49 ans, soit 30 ans de moins que la moyenne française.

Ce qui a amené Alain Mérieux, le président de l’Institut Mérieux à lancer dans un silence religieux une sorte d’appel solennel aux 3 000 chefs d’entreprise réunis mercredi soir à la Halle Tony Garnier, à Lyon, lors de la Fête de l’entreprise de la CPME.

Avec son humour et son auto-dérision habituels, il a su trouver les mots justes : «  Le vieux chien que je suis est sorti de sa niche pour lancer un appel aux entreprises : ma vision est celle d’un capitalisme entrepreneurial qui se bat dans la société. Voir la précarité grandir dans notre pays constitue pour moi une grande inquiétude. Ce n’est plus supportable ; la société française ne peut plus laisser tous ces gens sur le bord du chemin.»

Six-mille bénévoles ?

 Son idée : faire non seulement appel aux entreprises, mais aussi à leurs salariés. « Il existe dans la Métropole 47 000 entreprises faisant travailler 60 000 salariés. Si seulement 1 % d’entre eux se lançant dans l’action, ce serait près de 6 000 bénévoles avec qui nous poourrions travailler sur le terrain », explique Alain Mérieux.

 Mais surtout précise-t-il, « il ne s’agit pas de rajouter une couche supplémentaire parmi les associations et les organismes qui luttent contre la grande pauvreté, mais d’apporter un soutien pécuniaire et en bénévoles à ceux qui travaillent déjà sur le terrain. »

Une forme de label serait attribué par « L’Entreprise des possibles » aux ONG les plus efficaces qui seraient ainsi fléchées pour collaborer avec les entreprises.

 Un Fonds de soutien a été créé : il compte déjà dix-sept entreprises lyonnaises qui en sont les membres fondateurs. Son siège devrait être installé à Tassin-la-Demi-Lune. Il sera dotée d’une structure permanente, mais « légère ».

Parmi ces entreprises figurent par exemple le groupe Evolem de Bruno Rousset, EDF, voire Huttopia ou encore Sanofi (*).

« Soyons utopiques ! »

 Ces dix-sept entreprises se sont toutes à la fois engagé à participer financièrement à la lutte contre la grande pauvreté, à fournir le cas échéant des locaux si elles en possèdent de vacants, voire en mettant à disposition des terrains pour offrir des solutions d’hébergement ; et enfin à faire appel à leurs salariés qui désireraient s’engager qui alors seraient rémunérés par les entreprises pendant leur temps de bénévolat.

« Soyons utopiques. On va livrer la bataille et on va la gagner. Lyon a une longue tradition du travail collectif, on sait se mobiliser ! », lance Alain Mérieux.

L’objectif est de très fortement diminuer les sans-abris dans les rues de la Métropole lyonnaise. « Nous savons que cet objectif nécessite deux leviers : d’abord et avant tout leur donner un toit, mais aussi, car cela n’est pas suffisant, les accompagner dans leurs efforts de réinsertion », explique le président de l’Institut Mérieux.

 Peut-on réellement supprimer totalement les sans-abris des rues et les réinsérer ? Totalement sans doute pas, car il s’agit d’un flux permanent qui s’accentue et contre lequel il faut lutter en permanence.

 Mais l’exemple de la Finlande qui a pris le problème à bras le corps montre que c’est possible : 90 % des sans-abris de ce pays ont désormais un toit (cf Le Monde du 5 mai 2018).

Alors, pourquoi ce qui a été possible au niveau d’un pays, certes petit (5,5 millions d’habitants) ne le serait pas au niveau d’une Métropole encore plus petite ?

(*) Algoé, Groupe Apicil, BioMérieux, Crédit Agricole, CIC, EDF, Evolem, Huttopia, Institut Mérieux, Kéolis,Mazaud, Plastic Omnium, Sanofi, Seb, Sogelim Dixence, Groupe Valentin, Visiativ.