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Il a déjà fait le buzz sur la Toile : l’iSketchnote de la start-up grenobloise ISKN promis à un bel avenir

C’est une vraie start-up : elle a été créée à Grenoble il y a quelques semaines seulement. Pourtant, plus de soixante-quinze distributeurs en font déjà le siège pour distribuer son produit révolutionnaire, une couverture d’iPad promise à un beau succès et protégée par… douze familles de brevets. Ses dirigeants souhaitaient lever 35 000 dollars sur un site de crowdfunding américain : ils se sont retrouvés avec 350 000 dollars ! ISKN est assurément l’entreprise du moment, à suivre absolument.

 Quand il sortira commercialement en avril prochain, l’iSketchnote pourrait devenir la coqueluche des graphistes, des professions artistiques et des journalistes, en attendant d’autres usages et d’autres professions.

 Cette couverture d’iPad révolutionnaire permet aux dessins ou à l’écriture effectuées sur une simple feuille de papier d’être, dans le même temps, numérisés sur l’écran de la tablette. Le plaisir de l’écriture manuscrite est conservé, mais il est augmenté par la puissance du numérique qui permet l’archivage, le partage en temps réel et tous les traitements possibles ensuite.

 Livré avec trois stylos, l’iSketchnote ne nécessite ni électronique, ni batterie. Il est doté d’un simple aimant.

« Nous cherchions une solution qui associe la puissance de l’iPad et le confort de l’écriture sur papier. L’expérience d’un stylo sur une feuille de papier est un acte créatif, un processus tangible que la technologie numérique n’est pas encore prête à remplacer », assure Timothée Jobert, co-fondateur d’ISKN pour expliciter la démarche de l’entreprise.

 Ce concept qui n’a pas d’équivalent dans le monde est assis sur douze familles de brevets issus de longues recherches sur le magnétisme du CEA-Leti de Grenoble.

 Ses trois promoteurs, Tristan Handson, 30 ans, l’ingénieur de l’équipe ; Jean-Luc Vallejo, 40 ans, le manager et donc Thimotée Jobert, 40 ans, le commercial, ne s’attendaient pas à susciter d’entrée un tel intérêt. Ils avaient décidé, avant de créer il y a quelques semaines leur entreprise, ISKN, à Grenoble, de rechercher leurs premiers fonds en s’inscrivant sur le plus important site américain de crowdfunding (financement participatif) : Quickstarter.

 35 000 euros souhaités, 350 000 levés

 Souhaitant lever auprès d’investisseurs 35 000 dollars, ils se sont vite retrouvés avec…350 000 dollars. « Ce succès auquel nous ne nous attendions pas s’explique par le buzz dont nous avons bénéficié sur la Toile aux Etats-Unis : près de trois cents blogs américains ont parlé de nous !», se remémore ravi Thimotée Jobert, le directeur général d’ISKN. Les investisseurs US bénéficiaient aussi de l’achat des premiers exemplaires : par ce biais, 2 300 iSketchnotes ont permis de conforter le buzz.

 Cette invention est arrivée jusqu’aux oreilles des grands distributeurs mondiaux d’objets électroniques ou de high tech. « Nous n’arrêtons pas d’être sollicités par des fournisseurs pour que nous leur permettions de commercialiser l’iSketchnote : déjà soixante-quinze distributeurs nous ont contactés », se félicite Thimotée Jobert.

Enfin, la dernière preuve d’intérêt pour les inventeurs français a eu pour cadre du 7 au 10 janvier dernier le grand salon high tech, le CES de Las vegas où ISKN avait un stand. Très entouré durant tout le salon, il a notamment reçu la visite d’Yvon Gattaz, le président du Medef qui, il est vrai a une forte fibre grenobloise et de Fleur Pellerin, ministre de la Recherche. Rien de moins.

 L’iSketchnote sera vendu 189 euros

 Un excellent début donc qui augure bien de l’avenir de ce produit qui ne sera en fait véritablement commercialisé qu’à partir du mois d’avril prochain. Il sera vendu 189 euros.

 Vu ce démarrage, l’équipe d’ISKN qui compte désormais sept personnes, a bâti un business plan ambitieux. « Nous visons 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014 et 24 millions en 2015 », précise Thimotée Jobert.

 Mais pour ce faire, il va falloir que les co-dirigeants procédent rapidement à une deuxième levée de fonds, cette fois directement auprès d’investisseurs français et franco-américains. Elle vient d’être lancée.

 Pour fabriquer l’iSketchnote, les co-dirigeants d’ISKN font essentiellement appel à des entreprises sous-traitantes de la région Rhône-Alpes, à commencer par ST-Microelectronics pour les composants, les micro-contrôleurs et les capteurs qui constituent toute l’intelligence du système, mais aussi à des PME. L’assemblage final est lui-même réalisé dans la région.

 Mais d’ores et déjà, l’équipe réfléchit aux développements de cette technologie. « Nous travaillons sur l’application de notre système sur Androïd et nous proposons aux développeurs de nous accompagner sur le mode open source pour qu’ils développent eux-même des usages dont nous n’aurions pas eu l’idée », décrit le directeur général.

 Les brevets restent la propriété de CEA-Leti

 Autre développement en cours en collaboration avec des sociétés de logiciels françaises : la transformation sur l’écran de l’écriture graphique en caractères d’imprimerie.

 Voilà en tout cas une utilisation un peu surprenante des recherches issu de CEA-Leti de Grenoble sur les magnétomètres destinés à calculer le magnétisme et dont les premiers usages étaient destinés à la Défense.

 Les douze familles de brevets développé dans le cadre d’un programme de l’IRT (Institut de Recherche Technologique) Nanoelectronic qu’utilisent les trois co-créateurs d’ISKN restent la propriété du CEA-Leti.

 L’Institut de recherche a cédé leur utilisation sous la forme de licences d’exploitation, de manière exclusive, à ISKN. Ce qui fait que la société grenobloise est la seule à proposer ce type de technologie au monde. Si vraiment les promesses de développement rapide se concrétisent, pour combien de temps encore ? Outre-Atlantique on doit bien fourbir quelque part une contre-offensive…

 -IllustrationLes sept salariés de la start-up ISKN avec les trois co-créateurs au second rang ; dessous : l’iSketchnote.