Toute l’actualité Lyon Entreprises

Il est officiellement créé : un Pôle Métropolitain pour quoi faire ?

Nouvelle strate du millefeuille administratif ou Europole de deux millions d’habitants, seul capable d’exister dans le concert des métropoles européennes ? Le Pôle Métropolitain s’est doté le 31 mai d’un Conseil présidé par Gérard Collomb et d’une conférence économique. Reste à ses nouveaux responsables à donner à cette structure naissante un véritable sens…

Il aura fallu deux ans de gestation ! Initié en 2009, le Pôle Métropolitain composé des agglomérations de Lyon, Saint-Etienne, de la CAPI (Communauté d’agglomération Porte des Alpes) et de Vienne, a officiellement vu le jour à l’occasion de son assemblée constitutive le jeudi 31 mai.

 Sans surprise, son premier président est Gérard Collomb à qui revient cette initiative. Il est entouré de trois vice-présidents dont l’ordre protocolaire est fonction du poids démographique de chacune des agglomérations : Maurice Vincent pour Saint-Etienne, Alain Cottalorda pour la CAPI et Christian Trouiller pour Vienne.

 Ce sont eux, les hommes de tête d’un Conseil métropolitain, la structure délibérative, composée de 64 sièges attribués, là encore logiquement, en fonction du poids démographique de chacune des entités. Avec ses 1,29 million d’habitants, Lyon obtient 31 sièges (70 %), Saint-Etienne, 15 (20 %), la CAPI, 9 (14 %), tout comme Vienne, 9 aussi (14 %).

 Originalité par rapport aux autres Pôles métropolitains créés en France, cette structure prévue par la loi est accompagnée d’une autre entité, plus informelle : une Conférence économique métropolitaine rassemblant une partie des membres des conseils économiques existant aux côtés de chacune des communautés d’agglomération. Son rôle est de faire entendre les forces vives économiques de la nouvelle grande métropole au sein de laquelle on retrouve par ailleurs les trois CCI (Lyon, Saint-Etienne et Nord-Isère).

 Un certain nombre de voix se sont élevées pour dénoncer une nouvelle couche d’un millefeuille administratif estimé déjà très (trop) riche. Elles ont probablement tort, car l’analyse, là, ne doit pas être seulement comptable, mais aussi politique dans le meilleur sens du terme.

 Le coût d’abord de cette nouvelle structure reste très raisonnable. Son premier budget s’établit à 950 000 euros. Elle ne rassemble pas une cohorte de fonctionnaires : trois personnes et un directeur seulement la composent, tous installés à Givors, au sein d’une structure déjà existante, la « Maison de l’eau ».

 Il est certain que d’autres strates du millefeuille administratif devront, soit disparaître, soit maigrir, à l’instar des départements dont l’avenir est incertain et des villes qui ont déjà transmis beaucoup de leurs compétences aux communautés l’agglomération.

 En fait, ce Pôle Métropolitain apparaît bien comme la manière la plus pertinente de faire exister ses quatre membres à l’échelon européen. Avec ses deux millions d’habitants (*), il constitue la plus importante EuroMétropole française, capable de faire bonne figure parmi ses grandes sœurs européennes.

 Comme la France qui ne peut exister et faire entendre sa voix, qu’à travers l’Union Européenne, malgré sa taille moyenne, le Pôle Métropolitain ou G4 permet d’offrir une vrai visibilité à cette super-agglomération lyonnaise, sans étouffer la spécificité de ses membres qui se forgent volontairement un destin commun. 

Ce G4 va donc pouvoir apparaître dans les écrans radars de l’Europe. Mais pour quoi faire ?

Le rôle premier de ses nouveaux responsables sera d’abord de donner un sens à son existence et à son action.

 Il ne faut pas qu’il ne s’agisse que d’un syndicat des transports de plus, la priorité numéro un annoncée lors des discours de son président et de ses trois vice-présidents. Son premier objectif est de créer une carte similaire à la carte orange, unique entre les quatre agglomérations.

 On comprend que la question des transports, la plus sensible pour ses habitants constitue une priorité, mais les commissions mises en places illustrent également les autres ambitions que veut déployer ce Pôle Métropolitain : l’économie et son tryptique, l’innovation, l’enseignement supérieur et la recherche ; l’aménagement du territoire (accolé du mot planification), ainsi que la culture et le tourisme. Avec à terme, si la mayonnaise métropolitaine prend, des effets positifs sur l’emploi.

 Pour l’heure c’est la facette culturelle qui est la plus visible, chaque grand événement de chacun des territoires, devenant de facto un événement métropolitain et prenant donc une plus grande dimension, si possible internationale : les deux Biennales (danse et art contemporain pour Lyon), Biennale du design pour Saint-Etienne, Biennale du Cirque pour la CAPI et Jazz à Vienne pour le pays Viennnois.

 La culture devrait ainsi constituer le premier vecteur de sens de cette nouvelle entité. Reste pourtant une inconnue : quelle place sera réservée aux Pôles métropolitains dans la prochaine phase de décentralisation annoncée par le candidat Hollande..?

 Photo (DL)Le nouveau Conseil métropolitain et son conseil économique.

 (*) Le plus vaste de France, ce Pôle réunit également 140 communes sur 1 600 km2, un million d’emplois, 120 000 étudiants et 11 500 chercheurs. II pèse le tiers de la population de Rhône-Alpes.