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Il s’agissait d’éviter la sortie de route : lancement réussi de la nouvelle gamme Renault Trucks à Lyon-Eurexpo

Privatisation de l’ensemble du site de Lyon-Eurexpo, show à l’américaine, près de cinq mille professionnels invités : Renault Trucks n’a pas lésiné sur les moyens pour le lancement de sa nouvelle gamme de poids-lourds. Il est vrai que derrière les paillettes, l’enjeu est important , voire crucial, après plusieurs mois de chômage partiel : un investissement de 2 milliards d’euros pour refondre l’ensemble de la gamme, avec un design plutôt réussi et des moteurs moins gourmands. La relance des ventes est impérative.

 Le monde du poids-lourd n’est pas réputé glamour. Pourtant, Renault-Trucks s’est surpassé mardi 11 juin pour lancer sa nouvelle gamme entièrement relookée.

Le constructeur de poids-lourds dont le siège est basé à Lyon et dont les principales usines sont situées à Vénissieux et Bourg-en-Bresse avait tout bonnement privatisé le site des expositions de Lyon-Eurexpo à travers un véritable show à l’américaine destiné à épater les cinq mille clients professionnels invités et les centaines de journalistes venus de toute l’Europe. La plus coûteuse opération de communication jamais engagée par le constructeur, de l’avis même de sa direction.

Ce show spécial Renault Trucks avait pour but de faire constater à tous ces invités qu’après sept ans de travail, des millions de kilomètres sur bancs d’essais, mais aussi chez une cinquantaine de clients triés sur le volet et dotés de camions à la carosserie soigneusement camouflée, le changement était profond et correspondait à leurs attentes.

Une calandre à la lettre pi stylisée

Et il faut bien reconnaître que les 2 milliards d’euros investis par le constructeur de poids-lourds ne l’ont pas été en vain. D’une grande sobriété et donc destiné à éviter l’effet de mode, doté d’un pare-brise incliné à 12 degrés et de la lettre pi stylisée sur la calandre, le dessin du Renault-Trucks nouveau est indubitablement réussi.

Côté performances aussi, puisque les poids-lourds qui satisfont aux nouvelles normes Euro 6 obligatoires à partir du 1er janvier 2014, ont, en moyenne, selon Bruno Blin, Pdg de Renault Trucks, une consommation inférieure de 5 % par rapport à leurs prédécesseurs.

Une économie d’utilisation soulignée dans la plupart des halls d’Eurexpo avec un slogan omniprésent : « Des camions centres de profit ».

Pour autant ces nouveaux poids-lourds vont-ils bien se vendre ? Dans l’immédiat peut-être pas autant que ne l’espère l’entreprise. La reprise du marché du poids-lourd, en ligne avec la conjoncture générale n’est pas attendue avant 2014.

Pour certains observateurs, elle pourrait même être paradoxalement freinée par l’application de la norme Euro 6 , certains transporteurs préférant acheter cette année des camions Euro 5 plutôt que d’avoir à débourser plusieurs milliers d’euros supplémentaires pour les nouveaux moteurs obligatoires l’an prochain. Un phénomène classique.

Le groupe a mis le paquet puisqu’à cette nouvelle gamme s’est ajouté notamment en Europe de l’Est et du Nord, un meilleur maillage du réseau Renault Trucks avec un nombre de représentations en hausse de 30 à 40 % selon les pays, selon Peter Karlsten, responsable commercial de la zone EMEA (Europe Moyen-Orient, Afrique).

Fort recul des ventes et chômage partiel

Renault Trucks ne pouvait rater ce lancement. Il était même crucial qu’il le réussisse. Il faut se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps, le constructeur a dû recourir au chômage partiel dès la fin 2012. Des mesures qui ont dû être polongées au premier trimestre 2013.

Ces mesures qui ont concerné près de quatre mille salariés du personnel de production, ont été la conséquence de la baisse de 9,4 % du marché européen des véhicules de plus de 16  tonnes enregistrée en 2012 : on le sait, le marché du poids lourd est très cyclique.

Les chiffres sont au plus bas depuis quatre ans. Renault Trucks a connu un recul de 14 % de ses ventes l’an dernier, ne commercialisant que 51 486 véhicules.

La situation n’est pas meilleure au sein du groupe AB Volvo qui détient Renault Trucks, une de ses cinq marques de poids-lourds : il a annoncé des pertes de 35,3 millions d’euros pour un chiffre d’affaires en baisse de 25 % à 6,8 milliards d’euros au cours du premier trimestre 2013.

Conférence de presse en seize langues

Il n’était donc pas question de laisser passer une seule fausse note lors de ce lancement. Est-ce pour cela que la conférence de presse regroupant des journalistes de toute l’Europe, traduite en seize langues a été étonnamment courte- à peine une demi-heure- évitant même le jeu des questions/réponses et se contentant d’un discours purement commercial, proche de la langue de bois ?

Contrairement aux journalistes, les professionnels, eux, ont quitté Eurexpo enchantés. Pour Bruno Blin, Pdg de Renault Trucks et Olof Persson, le président du groupe AB-Volvo, l’essentiel était là.