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Immobilier dans le Grand Lyon : Gérard Collomb décidé enfin à agir sur les prix

Critiqué sur sa politique immobilière qui laisse la bride sur le cou aux prix de l’immobilier (+ 28 % en six ans !), Gérard Collomb, président du Grand Lyon s’est décidé à réagir. Il a débuté une concertation avec les promoteurs immobiliers qui vise à trouver des solutions pour agir sur les prix ; et ce, afin que ceux-ci ne deviennent plus innacessibles pour les classes moyennes, ce qui est déjà le cas pour certains arrondissements de Lyon ou certaines communes de la périphérie lyonnaise. Il n’a pas le choix : l’agglomération doit accueillir 150 000 habitants d’ici 2030. Pour parvenir à cet objectif, il va falloir poursuivre le rythme actuel : a minima, la construction de 7 500 logements neufs, privés et sociaux, chaque année…

Au sein d’associations, d’organismes professionnels et même de la majorité municipale et grandlyonnaise, beaucoup ont tiré la sonnette d’alarme. Les prix de l’immobilier à Lyon et dans le Grand Lyon deviennent prohibitifs et de moins en moins accessibles aux classes moyennes.

Ils ont encore flambé l’année dernière de 11 %. En six ans, les prix au m2 ont augmenté de 28 %, soit un prix de vente moyen dans l’agglomération pour la promotion privée qui est passé de 2 820 euros en 2005 à 3 600 en 2011 ! Inacessible à ce tarif pour la majeure partie de la population.

Certes, parallèlement, un gros effort a été réalisé en termes de logements sociaux, avec une production presque similaire à celle du privé, ce qui porte la construction totale annuelle de logements autour de 7 500 à 8 000 chaque année. «  Nous devons travailler pour produire du logement en quantité suffisante, à la fois privé – environ 5000 par an – et public –environ le même volume », assure Gérard Collomb.

Les chiffres de 2011 sont d’ailleurs presque en phase avec cet objectif, avec la construction de 4 550 logements privés, et de 4000 logements sociaux.

Or, on sait que le social ne pourra pas tout faire seul et qu’une nouvelle donne va surgir à la fin de l’année : la fin du dispositif Scellier qui permettait aux investisseurs de bénéficier d’importants avantages fiscaux en investissant dans le neuf. Un vrai booster.

On sait également que dans la période d’argent rare que nous vivons, les aides à la pierre qui représentent en France près de 40 milliards d’euros ne pourront plus perdurer : il s’agit là du premier gisement d’économies. Il va falloir totalement changer de politique immobilière. C’est possible. Certaines villes, comme Nantes, dirigée par Jean-Marc Ayrault, évoqué comme potentiel premier ministre de François Hollande, ont réussi cette gageure.

Pour ce faire, Gérard Collomb a choisi la voie de la concertation avec le privé. Il s’est réuni jeudi 3 mai au Grand Lyon avec les représentants des deux principales associations de promoteurs : Frédéric Marchal, président de la Fédération des promoteurs immobilier de la région lyonnaise et Yann Pommet, président de l’UCI-FFB. « Nous entamons une concertation qui va nous mener jusqu’en 2015 », explique le président du Grand Lyon.

Les promoteurs privés et le Grand Lyon vont travailler au cours des prochains mois dans trois directions : la production et le prix des logements, les ressources à mettre en œuvre pour développer une politique du logement ambitieuse ; et enfin, le socle de cet ensemble, la révision générale du PLU (Plan Local d’Urbanisme), amené à devenir PLU-H.

Les questions de l’offre publique en secteurs d’aménagement, de la fiscalité, de la densification des zones constructibles, ainsi que celles du foncier disponible seront au cœur de ces discussions entre le Grand Lyon et les promoteurs privés. Un plan d’action sera ensuite défini, d’ici six mois à un an.

« Toutes les pistes sont ouvertes », insiste le promoteur Frédéric Marchal. Quelles pourraient-elles être ? On y trouvera sans doute l »utilisation de dispositifs existant déjà, comme le TVA réduite à 7 % en zones ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation urbaine). Une modulation selon les zones de la taxe d’aménagement qui s’établit à 5 %, est également évoquée.

L’exemple nantais est également observé de près. Le Grand Lyon, qui a fait l’acquisition pour 386 millions d’euros de 304 ha de terrains, entre 2008 et 2011, pourrait par exemple encore accentuer cet effort financier en se portant acquéreur de plus de foncier pour le revendre à bas prix aux promoteurs, en l’échange d’engagements sur les prix de sortie et la mixité sociale.

Selon Gilles Buna, vice-président du Grand Lyon chargé de l’urbanisme, il faudra sans doute aussi rechercher en direction du développement d’une industrialisation des modes de construction, susceptible de faire aussi baisser les prix.

Une certitude : il faut que les prix se stabilisent au pire, voire baissent, au mieux. Les outils existent pour y parvenir. C’est sans doute à travers un subtil mélange de la plupart d’entre eux que réside la solution. Le reste est affaire de volonté politique.