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Initiée par le groupe lyonnais Ninkasi, une deuxième marque de whisky rhônalpine sur le point de voir le jour

Jusqu’à présent, la région Rhône-Alpes ne possédait-cela se sait encore peu- qu’une distillerie de whisky : « Le Domaine des Hautes Glaces » installée comme son nom l’indique dans une ferme-distillerie située au cœur des Alpes, entre les Ecrins et le Vercors. Un breuvage de surcroît bio.

 Ce précurseur né en 2009, est en train d’être rejoint par les Lyonnais du Groupe Ninkasi, connu pour être un producteur de bières, mais pas encore comme distillateur de whisky.

 « Le whisky est indissociable de la bière »

 « Le processus est pourtant très proche », explique Christophe Fargier, directeur du Ninkasi.

 Et de préciser : « L’idée de créer une distillerie est naturellement née pour des raisons évidentes : le whisky est indissociable de la bière. La fabrication de ces deux produits partagent les mêmes matières premières : de l’orge malté, des levures, de l’eau et du feu… »

 Le whisky Ninkasi est déjà produit depuis un an dans le site de Tarare. Un whisky tricolore issu d’ingrédients 100 % français.

 S’agissant d’un whisky qui se veut haut de gamme, il a besoin d’un vieillissement d’au moins trois ans. Les premières bouteilles seront ainsi commercialisées en 2018, et distribuées dans les brasseries Ninkasi pour commencer.

 Pour se différencier, après études et recherches, l’équipe Ninkasi a choisi de produire un whisky vieilli dans des fûts usagés ayant préalablement accueilli du… Condrieu .

 C’est la maison Louis Chèze basée à Limony dans les Côtes-du-Rhône septentrionales qui fournit les fûts dans lesquels le whisky va pouvoir paisiblement vieillir. « Le fût est chargé de sucres et d’arômes : il prend de la couleur à travers les échanges avec le bois du fût de chêne », se plaît à décrire Christophe Fargier.

 Pour se donner toutes les chances de réussite, Christophe Fargier a engagé un viticulteur pour diriger la distillerie, un producteur de Morgon, Alban Perret.

 Ce whisky haut de gamme sera commercialisé aux alentours de 60 euros. A ce tarif là, le distillateur n’a pas le droit de se tromper sur la qualité..!

Une des eaux les plus douces de France

Pour Christophe Fargier, le site de Tarare se prête parfaitement à la fabrication de whisky, grâce à la présence d’une eau d’excellente qualité, issue du Barrage de Joux : elle est réputée pour être la plus douce de France. La distillerie est installée dans un bâtiment à la structure Eiffel datant du début du XXème siècle.

Les premières étapes de fabrication démarrent dans la brasserie, ce sont celles du brassage de la bière : concassage des malts, brassage, et fermentation, mais sans houblon. Au final, le jus sucré issu de la fermentation, le « wash », prend ensuite le chemin de l’alambic en cuivre.

De type charentais, façonné et martelé à la main selon la tradition charentaise, utilisé en général pour le cognac, ce dernier a été modifié pour le whisky

Si le groupe Ninkasi s’aventure assez courageusement, il faut le reconnaître, sur le marché du whisky, outre une diversification logique, s’ajoute deux autres raisons, plus économiques.

 Les Français, premiers consommateurs de whisky

 Cela se sait peu, mais les Français sont les premiers consommateurs au monde de whisky : 2,15 litres par habitant, largement devant les Américains (1,44 litre/hbt) ; et même devant les Anglais et les Irlandais (1,24 litre/hbt) (*).

 Mais surtout, explique Christophe Fargier, « vu la croissance de la consommation mondiale, les deux plus importants producteurs que sont le Royaume-Uni et le Japon » n’arrivent pas à répondre à la demande !

 Il y a donc une bonne fenêtre de tir pour produire un whisky de très grande qualité. La demande est là.

 Le phénomène n’est d’ailleurs pas spécifiquement rhônalpin puisque, à l’instar des micro-brasseries, on voit apparaître en France des micro-distilleries, chaque année en nombre plus important. Elles sont désormais 57 et viennent de se regrouper en une association nationale.

 Et qui sait, le Ninkasi va-t-il peut-être rééditer le succès qu’a connu la marque française haut-de-gamme de vodka, « Grey Goose » qui est devenue en quelques années un must des soirées huppées dans le monde entier ?

 (*) Etude Bonial