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Introduction en Bourse de « Le Chatelard 1802 » : le petit producteur drômois de lavande qui se rêve en Occitane

La petite ferme productrice de lavande en Drôme provençale appartenant depuis des générations à la famille Montaud est en train de muer en grosse PME, ouvrant un nombre grandissant de boutiques vendant des produits essentiellement à base de lavande. Pour mener ce plan ambitieux, elle va s’introduire prochainement sur le Marché Libre de la Bourse.

« L’Occitane » est le géant mondial du marché des produits issus de la lavande. Un marché qu’elle a par ailleurs créé. Cette entreprise possède près de deux mille magasins dans le monde pour un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros…

 Une réussite qui fait rêver de nombreux entrepreneurs, d’autant que le marché, s’appuyant sur la forte image mondiale de la Provence, continue de croître.

 On comprend dès lors pourquoi l’Occitane compte quelques challengers, il est vrai situés bien loin derrière elle.

 Tel est le cas d’un petite société née dans les Baronnies de la Drôme provençale : « Chatelard 1802 ».

 Il s’agit à l’origine d’une ferme de production de lavande installée comme son nom l’indique depuis 1802 dans le petit village médiéval de Saint-Auban-sur-Ouvèze et développée par plusieurs générations de la même famille : Montaud.

Cinquante hectares de champs de lavande

 Une ferme qui s’est progressivement développée jusqu’à représenter aujourd’hui cinquante hectares de lavande ou plutôt essentiellement de lavandin, plus riche en arôme.

 Pendant longtemps, l’activité de cette entreprise familiale s’est concentrée sur la production et la livraison de matières premières, fleurs de lavande et de lavandin en vrac, mais aussi d’huiles essentielles de lavande et de lavandin, livrés le plus souvent aux entreprises de Grasse.

 Changement de stratégie, en 2001 : la famille Montaud décide de ne plus être un sous-traitant, mais de valoriser elle-même sa production.

 Elle commence avec des sachets de lavande et de lavandin destinés au grand public, puis trois ans plus tard, investit pour construire une usine de production située sur la commune même de Saint-Auban-sur-Ouvèze où travaillent aujourd’hui trente-cinq personnes.

 L’exemple de l’Occitane donne des idées à cette famille drômoise : un premier magasin baptisé « Chatelard 1802 » ouvre ses portes à Grasse, justement, puis à Vaison-la-Romaine, suivi par un autre, à Montbrun-les-Bains.

 Dix magasins à ce jour en France

 Un succès qui donne des ailes à l’entreprise qui a ouvert à ce jour dix magasins, pour l’heure essentiellement dans le Midi de la France.

 Suite à la rencontre avec un chef d’entreprise coréen, huit boutiques voient aussi le jour en franchise au Pays du Matin Calme.

 Bien sûr, pour remplir les linéaires de ces boutiques au look très provençal, la gamme évolue dans le temps, considérablement : savons de Marseille aux essences différentes qui représentent désormais 50 % du chiffre d’affaires, eaux de toilettes, lotions, parfums d’ambiance, bougies, diffuseurs de parfums, etc. ; essentiellement produits dans l’usine du village.

 Quarante-cinq salariés

 Aujourd’hui l’entreprise compte quarante-cinq salariés et réalise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros dont 25 % à l’international. Elle vise un résultat net de 400 000 euros sur l’exercice 2015/2016.

 Un premier développement, certes, mais les trois frères Montaud qui détiennent désormais les rênes de l’entreprise familiale, Sébastien (Pdg, diplômé de l’EDHEC Business School), Christophe, chargé de la production et Benoît, responsable de la Ferme, entendent désormais accélérer ce développement jusqu’à présent à pas compté.

 Mais pour cela, il leur faut des capitaux. Ils ont rencontré sur leur route Louis Thannberger, l’homme aux 400 introductions en Bourse quand il dirigeait Europe Finance et Industrie, désormais installé à Lyon.

 Ce dernier va piloter l’introduction sur le Marché Libre, par cotation directe du « Chatelard 1802 ». Celle-ci va intervenir d’ici quelques jours. L’objectif est de lever dans un premier temps 2 millions d’euros en mettant sur le marché entre 5 et 10 % du capital.

 Puis de réaliser ensuite des augmentations successives de capital en fonction des besoins de développement, avant de viser un autre compartiment boursier, sans doute Alternext.

 L’argent levé servira au développement commercial : « Nous prévoyons d’ouvrir un nombre grandissant de boutiques : quatre au cours de l’exercice 2015/2016, puis six, puis huit, dix et quinze, soit plus de quarante d’ici 2020 », explique Sébastien Montaud. En 2020, selon le business plan fixé, le chiffre d’affaires devrait avoisiner les 12 millions d’euros pour un résultat net escompté de 1,4 million.

 « Des prix nettement inférieurs »

 Pour parvenir à cette croissance pour le moins ambitieuse, les trois frères tablent sur la notoriété créée par l’introduction en Bourse : l’entreprise sort désormais de l’anonymat.

 Ils comptent aussi surfer sur les valeurs que véhicule leur histoire familiale de producteurs de lavande au cœur de la Drôme provençale « Nous sommes à la base des paysans et fiers de l’être », lancent-ils à l’unisson. Mais aussi sur le prix de leurs produits « nettement inférieurs à ceux de l’Occitane », assurent-ils…

 « Nous sommes comme l’Occitane il y vingt ans, tout petits . Mais nous avons l’ambition.. ! », conclut avec un large sourire, Sébastien Montaud.