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L’Ecole Emile Cohl se dessine un avenir sur l’ancienne friche lyonnaise de RVI

 Avec 6 000 élèves en formation continue ou en alternance, ce sera l’un des plus importants campus de France. L’Ecole Emile Cohl s’apprête à migrer en 2015 sur 7 500 m2, au sein de l’ancien site RVI où elle prévoit de passer en quelques années de 450 étudiants actuellement à 900, aux côté de la SEPR et d’une école d’infirmières. Un ancien mur d’usine de 80 mètres de long sera notamment utilisé pour développer une formation de muralistes en collaboration avec CitéCréation.

 « Tante Hilda ! », le dessin d’animation des studios Folimage de Valence dans la Drôme qui vient de sortir sur les écrans, a pour co-réalisateur Benoît Chieux, un ancien éléve de l’Ecole lyonnaise Emile Cohl, tout comme Matthier Gospiron qui fut directeur technique pour « Stars Wars » ou « Schrek »… On ne compte pas les anciens élèves de cette même école qui ont participé au jeu « Dishonored » au succès planétaire des studios lyonnais Arkane ou ceux qui ont collaboré avec Ubisoft à un autre jeu vidéo au succès de masse, « Assassin’s Creed »…

 On pourrait allonger longtemps cette liste. Lorsqu’il a quitté les Beaux Arts de Lyon pour créer en 1984, l’Ecole Emile Cohl, le professeur de dessin Philippe Rivière ne s’attendait sans doute pas à réaliser trente ans plus tard un tel parcours.

 450 étudiants

 Installée actuellement rue Paul Bert dans le 3ème arrondissement de Lyon, avec ses 450 étudiants l’Ecole Emile Cohl est l’un des trois ou quatre établissements de ce type qui comptent en France. Pour preuve : reconnue par l’Etat depuis 1989, l’Ecole délivre depuis 2012 un diplôme de « dessinateur-concepteur » visé par l’Etat.

Cet établissement quelque peu atypique qui compte près de soixante-dix enseignants doit sa notoriété à deux choix effectués dès l’origine.

 En phase avec l’évolution des professions issues du dessin, elle forme des étudiants qui trouvent sans trop de difficultés du travail à leur sortie de l’Ecole : dans le jeu vidéo, l’édition, le dessin de presse, la BD, le cinéma d’animation et de manière plus large, dans les métiers touchant aux loisirs numériques.

 Deuxième choix assumé : une sélection rigoureuse des étudiants. A la fois dès l’entrée de l’Ecole par une sélection sur dossier et un tri sévère qui s’opére entre le 1ère et la 2ème année : l’Ecole propose cinq années d’études. « Il ne faut pas leurrer les étudiants : ils savent que l’Ecole est exigeante et difficile », reconnaît Emmanuel Perrier, directeur délégué de l’Ecole.

 Une demande se fait jour avec insistance : l’Ecole lyonnaise va lancer à la rentrée une formation au dessin 3D, « pour répondre aux attentes des professionnels du jeu vidéo et du cinéma qui ressentent un vrai manque de formation dans ce type de dessin à la fin de leur cursus. La 3 D a tendance à se confiner dans les stéréotypes issus des célèbres Studios Pixar. Nous avons l’ambition d’y insuffler la « french touch », explique le directeur délégué.

 L’Ecole Emile Cohl en Chine

 Ce n’est pas le seul projet de cette Ecole qui se sent actuellement pousser des ailes… à l’international. Suite à plusieurs visites et à des rencontres avec des Universités chinoises, l’Ecole prévoit de s’implanter en Chine, en collaboration avec un établissement pékinois.

 Une délégation menée par le créateur de l’Ecole, Phlippe Rivière, est actuellement en Chine pour poser les fondations de ce futur établissement asiatique. Il pourrait voir le jour dès 2016.

 « La Chine forme des étudiants qui ont beaucoup de talent, mais leur formation n’ouvre pas vers les filières des jeux vidéo ou du cinéma d’animation par exemple. Ils sont demandeurs de notre savoir-faire », assure Emmanuel Rivière.

 Un triplement de la superficie

 Le plus gros projet reste néanmoins le déménagement de cette Ecole qui a racheté au Grand Lyon pour 1,5 million d’euros, un terrain de m 7 500 m 2 pour déménager intégralement ses locaux d’ici un an et demi, au sein de l’ancienne friche RVI, destinée à devenir « l’Université des Savoirs ».

 Elle va s’installer aux côté de la SEPR, premier centre de formation professionnelle initiale de Rhône-Alpes qui vient d’inaugurer, à l’occasion de ses 150 ans, de nouveaux bâtiments dédiés à l’apprentissage notamment des métiers de la coiffure, de l’esthétique, de la prothèse dentaire, de la pharmacie et de la mode (900 apprentis). On y trouvera également l’école d’infirmières de la Croix Rouge.

 L’Ecole Emile Cohl va s’installer sur ces 7 500 m2 au sein de locaux très lumineux car l’architecture des anciennes usines RVI pour partie classées et marquées par de grandes verrières (les sheds, orientés au nord) sera conservée. Une superficie à comparer avec les 2 400 m2 qu’occupe actuellement l’Ecole : un lourd investissement de 14 millions d’euros, totalement autofinancé.

 A quoi va servir ce triplement de la superficie de l’Ecole ? « D’abord pour nous permettre d’augmenter au fil des années nos effectifs qui vu les besoins du marché de l’emploi pourraient pratiquement doubler à terme », précise le directeur délégué.

 Cet accroissement de la superficie a aussi pour but de mettre en œuvre une collaboration pédagogique avec la célèbre Coopérative CitéCréation de Gilbert Coudène ; et ce, afin de former chaque année des promotions de trente peintres muralistes qui iront pratiquer leur art dans le monde entier. Une collaboration logique sous la forme de l’Ecole CohlCité, puisque CitéCréation n’embauche chaque année que des élèves d’Emile Cohl qui se spécialisent ainsi à l’issue de leur cursus.

 Question murs, ils auront de quoi s’entraîner. La future école conservera le mur de l’ancienne usine de…quatre-vingt mètres de long dont un tiers sera utilisé comme mur-école.

 Du jardin public contigü sur lequel l’Ecole sera ouverte, les passants et les touristes pourront observer à loisir le travail des élèves.

 Les responsables de l’Ecole se sont donnés un calendrier tendu pour construire le nouvel établissement sur ce terrain obtenu à prix doux-à condition d’assurer la dépollution des sols gorgés de résidus chlorés- :il va falloir que le nouveau bâtiment soit terminé et équipé pour la rentrée de septembre 2015 !