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L’Economie Sociale et Solidaire en mal de reconnaissance

Le site Internet Rue 89 qui vient de se créer à Lyon a choisi la forme coopérative, tout comme le journal Mag2Lyon ou SeaFrance, société de transport maritime qui vient d’être mise en liquidation et que le statut de coopérative pourrait sauver. L’économie sociale et solidaire qui représente 10 % des emplois en Rhône-Alpes soit 230 000 personnes veut sortir de l’ombre dans laquelle elle est cantonnée depuis de nombreuses années. La présidente de la Chambre régionale de l’ESS veut ainsi rencontrer le Medef et la CGPME. Elle organise en outre un grand Forum à Lyon, le vendredi 25 novembre. Désormais dotée d’outils pour son développement dont une société de capital-risque, l’Economie Sociale et Solidaire veut être reconnue comme un secteur économique à part entière. Et là, il y a beaucoup à faire…

Appuyée politiquement par trois collectivités rhônalpines ancrées à gauche, la Région, le Grand Lyon et la Ville de Lyon, structurée en Chambre régionale, dotée d’instruments financiers d’investissements dont un fonds de capital-risque, l’Economie Sociale et Solidaire aurait tout pour sortir de l’ombre. Et pourtant, son image n’a guère bougé auprès du grand public : selon un récent sondage, seuls 6 % des Français savent ce que recouvre cet acronyme et ce vocable il est vrai un peu compliqué : ESS, soit Economie Sociale et Solidaire.

Il n’est donc pas inutile, pour les… 94 % restants de rappeler que sous cette dénomination, on regroupe à la fois l’ensemble du tissu associatif, le plus gros des troupes (85 %), mais aussi les entreprises à statut coopératif, mais encore toutes les mutuelles dont celles d’assurances, telles que la Maif ou la Macif.

Elus et pouvoirs publics ont peu à peu pris conscience de son importance. Car ce secteur pèse lourd : en Rhône-Alpes le secteur de l’Economie Sociale et Solidaire représente plus de 23 000 établissements, soit 230 000 salariés, soit encore 10 % des emplois de la région (*). A comparer avec les 17 % de l’artisanat.

Cette prise de conscience est récente. Portant sur la période 2008/2011, le premier contrat économique sectoriel date de 2008. Le second vient d’être paraphé par l’Etat et la région Rhône-Alpes. Unique en France, il met en jeu 33,8 millions d’euros.

Il vise à développer des projets « au plus près des territoires ». Il se donne aussi pour objectif de favoriser l’innovation sociale, la formation et la qualification des salariés. Et enfin, leitmotiv actuel, il « veut assurer la promotion et la reconnaissance du secteur ».

L’ESS qui a, mieux que l’économie classique, passé le cap de la crise, bénéficie de plus en plus de soutien financier.

Parmi ceux-ci figure « Transméa », une société de capital-risque créée en 2007 et dédiée aux coopératives. Elle est dotée de 5,5 millions d’euros. En quatre ans, Tansméa a réalisé vingt-cinq montages financiers et préservé près de 350 emplois, dont 60 pour le seul premier trimestre 2011. Cependant cet outil, pour Cyril Kretzschmar conseiller régional délégué à l’ESS pour la région Rhône-Alpes, cet outil pourrait encore être mieux utilisé : «Nous n’avons pas totalement utilisé son potentiel », regrette-t-il.

Ce manque de reconnaissance du secteur pose problème. « Un certain nombre d’entreprises qui à l’instar récemment de Seafrance, se retrouvent à la barre des tribunaux de commerce pourraient éventuellement devenir des coopératives, si avocats, notaires, juges des tribunaux de commerce nous connaissaient mieux, mais cette voie n’est que trop rarement explorée », assure l’élu régional.

Pour Laure Chareyre, présidente de la Chambre de l’Economique Sociale et Solidaire (CRESS) qui regroupe l’ensemble des acteurs du secteur, « il ne s’agit pas d’opposer une économie à une autre, mais de comprendre et de faire comprendre que l’économie traditionnelle et l’ESS sont faits pour se développer en bonne intelligence. » C’est la raison pour laquelle, elle entend rencontrer prochainement les dirigeants de la CGPME et du Medef pour tisser des liens.

On l’aura compris, il y a fort à faire pour développer l’image de l’Economie Sociale et Solidaire. C’est aussi l’un des buts du 4ème Forum de l’emploi et des métiers dans l’Economie Sociale et Solidaire qui se déroule le vendredi 25 novembre à l’Espace Tête d’or à Lyon-Villeurbanne. Un Forum régional que le secteur entend bien utiliser comme caisse de résonance.

(*) Source : Panorama de l’Economie Sociale et Solidaire, 2010.

Photo (DL) : Laure Chareyre, présidente de la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS) entend rencontrer prochainement le Medef et la CGPME.