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L’avenir en vert du Japonais Toray

Installée dans l’Ain à une encâblure de Lyon, l’usine de la société japonaise Toray s’apprête à bénéficier d’un nouveau plan d’investissement de 9,1 millions d’euros et d’une nouvelle ligne de fabrication. La demande de films plastiques est forte, d’autant que l’entreprise qui travaille déjà pour le photovoltaïque, s’apprête à produire des films ébio-sourcés pour l’emballage alimentaire.


« Fukushima a provoqué chez les Japonais un véritable électrochoc, développant une fibre écologique très forte…», explique Marc Cogny, directeur général depuis quatre ans, de l’usine Toray de Saint-Maurice-de-Beynost, commune située à la lisère du Rhône et de l’Ain.

 Est-ce pour cela que lorsque l’on entend Satoru Hagiwara, le président de Toray Films Europe (TFE) ou ses cadres, les mots environnement ou développement durable reviennent souvent ou est-ce parce que le marché souhaite ce genre de produits ? Sans doute les deux !

 Toray qui a racheté en 1986 cette usine à Rhône-Poulenc a su la reconvertir, après un épisode difficile et raté vers la fabrication de films magnétiques destinés au marché de l’audio et de la vidéo. L’avènement du DVD a anéanti la stratégie de développement du groupe nippon qui a su se réorienter, en 2008, moyennant 70 millions d’euros d’investissements, vers la fabrication de films souples destinés à la fois vers les films alimentaires, mais aussi vers les demandes des industriels.

 Dotée actuellement de cinq lignes de fabrication et employant près de sept-cents personnes avec ses sous-traitants et la maintenance installés à demeure (mais 470 salariés de Toray, pur jus), l’unité de fabrication de l’Ain a su se hisser aux standards de ce groupe japonais de 38 000 salariés et dotés de sept unités de fabrication pour la seule Europe.

 L’unité de l’Ain est devenue, selon ses dirigeants, un pion incontournable dans sa conquête de nouveaux marchés, ce qui devrait, à l’heure où l’on s’interroge sur la réindustrialisation, constituer un gage d’avenir pour la pérennité de ce site en Rhône-Alpes.

 D’autant que la société dont une bonne part de la production de films plastiques est consacrée à l’industrie agro-alimentaire, est en train de prendre la roue de la chimie verte.

 Ces plastiques (polymères) qui enrobent aussi bien les bag-in-box (vins) que la charcuterie, ou encore servent d’opercules aux yaourts, etc., sont pour l’instant issus du pétrole.

 « Nous nous apprêtons à développer des films biosourcés : le bioPET fait partie de nos propositions commerciales », explique le directeur de l’usine. Ce type de produit est d’ores et déjà parfaitement au point dans les laboratoires de Toray. Il lui reste, avant de lancer la fabrication, à s’assurer de l’approvisionnement de la matière premiére issue de la bagasse de la canne à sucre.

 Il s’agirait dans un premier temps de produire à Saint-Maurice de-Beynost, des films comprenant 20 % de matière première végétale, mais aussi de fabriquer à terme des films biosourcés à 100 %. « Ce qui répond aux attentes de nos clients », précise Marc Cogny.

 Un processus qui devra compter avec la durée. Ces nouveaux produits coûteront dans un premier temps de 30 à 40 % plus cher que des films issus intégralement du pétrole.

 Mais à terme, le directeur de l’unité de fabrication de Toray en est persuadé, les prix des polymères bio-sourcés s’aligneront. D’autant que l’on peut avoir une certitude : même s’ils sont actuellement en repli sous les cent dollars le baril, les prix du pétrole ne pourront qu’augmenter à l’avenir.

 S’assurer une autre matière première de base que le pétrole est devenu primordial pour une société comme Toray.

 Le fabricant nippon, qui fournit également l’industrie traditionnelle en films permettant de constituer les écrans de téléphones mobiles, ou utilisés pour les batteries lithium/ion, par exemple, développe également un marché qui prend de l’ampleur, malgré la crise rencontrée actuellement par ce secteur : le photovoltaïque. Il a mis au point des films protecteurs 100 % recyclables qui se substituent aux films à base de composés fluorés.

 Ces choix stratégiques portent leurs fruits : la division TFE qui a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 172 millions d’euros, devrait voir ce dernier progresser cette année de manière sensible à 181 millions d’euros.

 Son résultat net est cependant en repli : 1,4 million d’euros en 2011, contre 6,6 millions en 2010.

 L’explication de ce recul ? Il est dû à l’augmentation des matières premières (essentiellement le pétrole) et à celle du coût de l’énergie. Raison de plus pour cette entreprise nippone d’accentuer son virage vers la chimie verte.

Photo (Nicolas Rodet)-Sur  une des ignes de l’usine Toray de Saint-Maurice-de-Beynost.