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L’ex-Infogrames, ancienne gloire déchue des jeux vidéo, devenue Atari va-t-elle enfin jouer gagnant ?

Atari, l’ex-Infogrames reprise par l’ancien directeur financier de Bruno Bonnell, Frédéric Chesnay semble bien partie pour une nouvelle aventure. Non seulement elle vient d’annoncer des bénéfices pour la deuxième année consécutive, mais elle va aussi rembourser à bon compte, une très lourde dette similaire à son chiffre d’affaires de cette année qui pesait sur son avenir. Son horizon se dégage.

Repris par son ex-directeur financier, Frédéric Chesnay, l’ex-Infogrames devenue Atari serait-elle en train de sortir enfin la tête hors de l’eau après avoir failli disparaître ?

 Bien possible, si l’on en croit les chiffres de son dernier exercice, dans le vert pour la deuxième année consécutive. La société affiche ainsi sur l’exercice 2015/2016, clos fin mars un chiffre d’affaires de 12,6 millions d’euros, en hausse de 66 % pour un bénéfice net de 300 000 euros.

 Le résultat opérationnel courant a, lui, été multiplié par neuf à 1,8 million.

 Mais surtout, après de douloureuses négociations et un passage par la case justice, son Pdg, Frédéric Chesnay, a fini par négocier la très importante dette du groupe, avec son détenteur, le fonds Alden. Ce qui lève enfin la lourde épée de Damoclès qui pesait sur le société.

 Le remboursement s’avère complexe, comme souvent avec Frédéric Chesnay qui n’est pas ex-directeur financier pour rien, mais il devrait finalement être moins douloureux que prévu.

 Ainsi, sur les 12,5 millions d’euros de valeur faciale du prêt Alden, Atari ne remboursera finalement que 5,3 millions d’euros à ce fonds.

Augmentation de capital et prêt

 Cette somme sera d’abord financée par une augmentation de capital de 2,8 millions d’euros. Un effet dilutif à la clef pour cette « penny stock » comme disent les anglo-saxons dont le cours se situe en dessous de de 0,20 centimes d’euros.

 Le nombre d’actions va mécaniquement augmenter, donc, mais assure-t-on du côté d’Atari, cette dilution ne devrait pas dépasser 9 % et ne pas entraîner de chute du titre, Atari étant coté en Bourse. D’ailleurs à l’annonce de cette augmentation de capital, l’action Atari est restée stable.

 S’y ajoute pour financer ce remboursement de dette, un prêt d’actionnaires pour les 2,5 millions restants opéré par Ker Venture (la holding personnelle de Frédéric Chesnay) et Alexandre Zynguier.

 Cet accord signé in extremis met donc fin à toutes les actions en justice et permet de dégager enfin l’horizon de la société.

 « Ce prêt, conclu il y a dix ans, posait d’énormes contraintes au Groupe Atari, créant à chaque échéance de six mois, des éléments d’incertitude extrême, empêchant la mise en place d’une stratégie à long terme », rappelle Frédéric Chesnay.

 Qui ajoute : « L’accord que nous avons négocié met de plus un terme définitif à toutes les actions en justice. Le tout pour une dilution qui nous semble minime au regard des liens financiers et stratégiques très importants que nous avons obtenus. »

 Une dizaine de salariés seulement

 Certes, celui-ci n’a plus grand chose à voir avec l’ex-Infogrames qui avait culminé jusqu’à 2 000 salariés. Atari dont le siège social est désormais basé à Paris et non plus à Lyon, ne compte plus qu’une dizaine de salariés, mais sa richesse se trouve dans son catalogue dont elle a la propriété…

 Frédéric Chesnay le martèle à chaque interview : Atari, une marque qui a été mythique, a en elle un énorme potentiel qu’il convient de bien exploiter.

 Il a déjà commencé à relancer des jeux mythiques comme « Alone in the Dark » et « RollerCoaster Tycoon », avec plus ou moins de réussite cependant, faute de moyens importants mis en œuvre

 Mais surtout, en s’appuyant sur la marque, il a engagé une diversification tous azimuts.

 D’abord vers…les casinos en ligne, une activité lancée l’an dernier qui rapporte déjà 10 % des 12,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Mais aussi comme pour un club de foot, sur la vente de tee-shirt et d’accessoires siglés (1 million d’euros), ou encore les droits de production de la mythique console Atari 2600 (500 000 euros).

 Une exploitation de la marque qu’il compte encore élargir.

 Un partenariat dans les objets connectés avec Sigfox

 Autre domaine dans lequel Frédéric Chesnay s’est engagé : les objets connectés. Il vient de signer un partenariat avec le n° 1 français du secteur, Sigfox, pour lancer une gamme d’objets connectés grand public siglés Atari.

 Même stratégie dans le cinéma : le Pdg d’Atari entend vendre des licences pour apparaître dans les films. Atari était déjà présent dans le film « Pixels ». Il sera dans le prochain Steven Spielberg, « Ready Player ».

 Il regarde également vers la télévision.

 Bref, l’ancienne gloire des jeux vidéo veut pouvoir jouer sur tous les tableaux en exploitant son sigle et son catalogue dans tous les secteurs possibles.

 Mais si Atari veut retrouver son lustre d’antan pour conforter ses royalties, il lui faudra aussi passer par la case jeux vidéo et relancer avec réussite un des nombreux titres mythiques qu’elle a dans ses cartons. Or, cela nécessite de gros budgets. La prochaine étape pour Atari qui pourrait alors, peu à peu, retrouver son rang ? Mais le chemin sera encore long.

 Seule certitude : la trajectoire prise semble être désormais la bonne et l’horizon se dégage.