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L’un est industriel, l’autre financier : les deux derniers candidats s’associent pour reprendre Kem One

Même si devant le Tribunal de Commerce de Lyon, il était le seul à la barre, le chimiste français Alain de Krassny, ancien de Rhône-Poulenc s’associe au fonds américain OpenGate Capital pour reprendre le chimiste Kem One, ses 1 300 salariés français et sauver au passage la filière vinylique française. Mais ce happy end ne paraît-il pas trop beau ? On en sait encore peu sur les modalités de cet accord de dernière minute…

 L’un est un industriel maîtrisant la technique, l’autre un fonds d’investissement maîtrisant, lui, l’ingénierie financière..

 Il était logique in fine que les deux candidats en lice pour la reprise de Kem One regroupent leurs propositions. Ce à quoi, selon Arnaud Montebourg, ministre du Redressement Productif qui avait rencontré les salariés de la société la veille à Balan dans l’Ain, ils y avaient été fortement invités par le gouvernement.

 Associés…hors Tribunal de Commerce

 Ainsi, la poursuite de l’activité de Kem One sera assurée par Alain de Krassny et OpenGate Capital, qui se sont associés pour ce projet… hors Tribunal de Commerce de Lyon.

 Alain de Krassny était en effet seul à la barre. Seule son offre était sur la table vendredi 20 décembre au matin, à l’ouverture de l’ultime audience du tribunal.

 L’autre candidat, le fonds d’investissement américain OpenGate, s’était retiré jeudi. Mais un retrait de pure forme toutefois car OpenGate sera associé à Alain de Krassny au capital et dans la gestion du groupe chimique.

Tout le monde se félicite de ce résultats : au niveau de l’Etat comme de l’actuelle équipe dirigeante de Kem One qui ne sera plus esseulée.

 Ainsi, bien évidemment que les deux nouveaux partenaires. « Je suis très heureux de m’associer avec OpenGate Capital pour la reprise de cette société qui a de réels atouts, et dont je connais bien l’activité », déclare ainsi Alain de Krassny.

 « Par cette alliance, nous avons voulu capitaliser sur nos atouts respectifs, pour optimiser à la fois la vision stratégique et la vision industrielle de cette activité vinylique », se félicite de son côté Julien Lagrèze, directeur général Europe d’OpenGate Capital.

 Happy end, mais…

 Ce feuilleton à rebondissements semble se terminer par un happy end.

 La filière vinylique française semble être sauvée, d’autant que l’avenir semble assuré, les trois principaux fournisseurs de Kem One, Total, Arkema et EDF, ayant non seulement accepté-condition sine qua non- d’effacer leurs dettes, mais également de fournir qui son gaz, qui sa matière première, qui son électricité à des tarifs permettant à la société de dégager des marges suffisantes pour se développer.

 Reste que derrière le tableau idyllique ainsi présenté, se posent un certain nombre de questions. Pourquoi OpenGate Capital et Alain de Krassny ne s’étaient-ils pas entendus auparavant, mais seulement à la dernière minute ? Y avait-il entre les deux, en coulisse, un bras de fer, bien compréhensible, au demeurant ?

 Quelle sera la part d’OpenGate dans le capital de Kem One. A quel niveau, sera-t-il présent dans le futur conseil d’administration de Kem One. Sur le papier, Alain de Krassny est le seul repreneur officiel, mais OpenGate a pour lui l’atout de sa surface financière.

 Ce mariage un peu forcé, semble-t-il, tiendra-t-il longtemps ? Il est vrai que les compétences des deux nouveaux partenaires sont complémentaires. Alain de Krassny propriétaire de la société autrichienne Donau Chemie, maîtrise le monde de la chimie, mais n’avait pas suffisamment de fonds à lui seul pour relancer Kem One.

 En revanche, OpenGate Capital avait annoncé qu’il mettait 70 millions d’euros sur la table.

 Le plus dur entre les deux nouveaux partenaires reste donc à faire.

 A suivre, une fois que le rideau de fumée se sera quelque peu évaporé et que l’on y verra plus clair dans cet ultime rebondissement qui amène les 1 300 salariés du groupe Kem One à pousser un vrai ouf de soulagement, et pour l’heure, c’est l’essentiel.