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La CCI métropolitaine a du plomb dans l’aile

Initié par Emmanuel Imberton, le président de la CCI de Lyon, avec l’appui de Jean-François Carenco, préfet de région, le concept de CCI métropolitaine est l’objet de fortes oppositions et d’arrières pensées. On se demande bien encore sur quoi déboucheront, à la fin de l’année, les discussions en cours. Un point d’étape est prévu à l’automne.

Adepte d’un rapprochement, face à la future Métropole lyonnaise qui verra le jour le 1er janvier prochain, le préfet de région, Jean-François Carenco avait jeté un pavé dans la mare en juin en proposant « de fédérer très rapidement les CCI de Lyon, Vienne, Saint-Étienne, Villefranche-sur-Saône et Roanne. »

Derrière, à la manœuvre, mais plus discrètement, on trouve Emmanuel Imberton, le président de la CCI de Lyon, patron d’une entreprise de Vaulx-en-Velin.

De quoi s’agissait-il alors ? De constituer le pendant du pôle métropolitain en matière économique, autour des CCI de Lyon, Saint-Etienne et de celle de Vienne/Nord-Isère. Un pôle élargi à la CCI de Roanne qui historiquement, bien que située dans la Loire a toujours eu Lyon pour centre de gravité ; et enfin, celle de Villefranche pour faire bonne figure.

Des débats sur fond d’importantes restrictions budgétaires

L’idée était que, sur fond d’importantes restrictions budgétaires, les CCI anticipent le mouvement, avant que l’Etat ne l’impose.

Les organismes consulaires, déjà à la diète depuis deux ans, vont l’être encore plus à l’avenir : leurs ressources fiscales pourraient diminuer de 30 % en trois ans, tandis que le gouvernement qui lorgne sur leur trésor de guerre, n’exclut pas un prélèvement massif de leur fonds de réserve…

Il faut savoir en outre que, s’il y a en Rhône-Alpes, huit départements, on y trouve pas moins de douze CCI, auxquelles il faut rajouter la CCI régionale à qui la récente réforme a attribué un grand pouvoir : c’est elle désormais, sous la présidence de Jean-Paul Mauduy, qui détient les cordons de la bourse pour l’ensemble des CCI territoriales.

Joli sur le papier, le bel édifice construit en haut lieu a rapidement volé en éclat.

Deux présidents de petites CCI territoriales, celles de Vienne/Nord-Isère et de Villefranche/Beaujolais ont fait connaître leur vivre opposition.

Le premier estime que le risque pour sa CCI était, en ne devenant qu’une simple antenne d’une Méga-CCI lyonnaise de se couper de ses entreprises et de ses commerçants. Daniel Paraire, le président de cette CCI de Vienne/Nord-Isère a ainsi immédiatement fermé la porte à un éventuel rapprochement, assurant qu’il allait au contraire se rapprocher de la CCI de Grenoble pour engager de meilleures synergies.

« Villefranche s’auto-suffit à elle-même »

Le second, Noël Comte, président, lui, de la CCI de Villefranche/Beaujolais estimant de son côté, que sa CCI « s’auto-suffit à elle-même » est prêt à réduire la voilure face à la baisse des financements. Pour lui, la solution consisterait à mutualiser les fonctions supports de toutes ces CCI pour réaliser des économies. Mais c’est tout. Fermez le ban !

Plus diplomate car chargé de mener et d’être au centre les débats, Jean-Paul Mauduy, le président de la CCI régionale de son côté, ne fait pas non plus preuve d’un enthousiasme à tout crin. Dans une interview au « Tout Lyon », il explique : « On parle beaucoup de réduction du nombre de CCI par la fusion d’établissements. Sincérement, je crois que c’est une mauvaise réponse à une problématique réelle… »

Motus et bouche cousue. Hormis les deux présidents des petites CCI vent debout contre ce projet, tous les présidents concernés se refusent pour l’instant à communiquer.

Un communiqué très langue de bois

Pas de conférence de presse, donc à l’issue d’un séminaire « stratégique » sur le sujet, qui s’est déroulé le jeudi 10 juillet à la CCI régionale à Lyon, mais un communiqué très langue de bois.

Titré « Les CCI de Rhône-Alpes décident d’intensifier leurs réflexions », ledit communiqué envoyé aux rédactions à l’issue de cette réunion, explique ainsi que « plusieurs modèles d’organisation du réseau régional des CCI existent et peuvent cohabiter »… « pouvant se traduire par la création d’une CCI métropolitaine reprenant les circonscriptions des CCI de Lyon, de Saint-Etienne et de Roanne. »

Il évoque « un travail complet d’investigation sur l’intérêt, la faisabilité et les modalités d’un rapprochement éventuel ». Difficile de faire moins enthousiaste ! Le résultat de ces « investigations » et toute décision est reportée à la fin de l’année, avec un point d’étape à l’automne.

De même, est-il précisé, les CCI de l’Ain, de la Savoie et de la Haute-Savoie, de même que de leur côté, celles de Drôme et d’Ardèche « pourront travailler de manière plus étroite en cumulant leurs atouts. »

Un rapprochement « opérationnel » avec Grenoble pour la CCI de Vienne/Nord-Isère

Quand à la CCI de Vienne/Nord-Isère, elle ferait l’objet « d’un rapprochement opérationnel… respectueux des différences et des complémentarités. »

Celle de Villefranche/Beaujolais, restant en dehors de ce grand jeu, n’est même pas évoquée.

Derrière les mots, on sent l’embarras évident face aux intérêts divergents et aux arrières-pensées pas toujours exprimées de ces douze présidents de CCI et du président de la CCI de Région.

Un point d’étape est donc prévu à la mi-octobre. L’été sera-t-il mis à profit ? Peut-être. Pas sûr.

Pour l’instant la seule gagnante est la CCI de Région confortée dans « son rôle faîtier » et qui plus que jamais joue les arbitres entre des présidents de CCI dont certains tirent à tout va !