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La biotech lyonnaise Adocia s’effondre en Bourse après le désengagement d’Eli Lilly

Décrochage du cours de Bourse de 30 %, vendredi 27 janvier, – 55 % depuis un an : la société dirigée par Gérard Soula est dans la tourmente après l’annonce par le géant pharmaceutique américain de son désengagement dans la dernière phase de développement de son produit phare anti-diabétique, une insuline ultra-rapide. Une augmentation de capital ? Un nouveau partenaire pour se sortir de cette mauvaise passe ?

Un recul en Bourse de plus de 30 % après la diffusion d’un communiqué officialisant le divorce : le vendredi 27 janvier a été une journée noire pour la biotech lyonnaise Adocia.

Basée avenue Lacassagne dans le 3ème arrondissement de Lyon, la société que dirige Gérard Soula, avec ses deux fils, Olivier et Rémi avait pourtant réalisé un très beau parcours boursier ces dernières années.

Depuis quelques mois des craquements dans le cours se faisaient entendre, jusqu’à la chute libre de vendredi. Le titre a perdu plus de 55 % de sa valeur depuis un an, en passant d’un cours maximum de près de 60 euros, à…25 euros.

Que s’est-il donc passé ? La société lyonnaise vient d’officialiser ce que redoutaient les investisseurs : le géant pharmaceutique américain Eli Lilly, se désengage du BC Lispro, le produit phare d’Adocia.

 Les atermoiements d’Eli Lilly

BC Lispro ? Il s’agit d’une insuline ultra-rapide destinée aux malades du diabète que le groupe US avait pris sous licence.

Ce dernier, qui devait lancer la phase III fin 2016, c’est-à-dire l’expérimentation sur les humains à une large échelle, via des études cliniques, semblait de moins en moins sûr de son engagement, ces derniers temps, n’évoquant plus qu’un démarrage des essais «possible en 2017».

L’insuline ultra-rapide d’Adocia n’était-elle pas à la hauteur des espoirs mise en elle ?

 Les Américains ont choisi : America first !

Il semble bien que non. En réalité, le géant américain avait en portefeuille une autre insuline ultra-rapide qui manifestement a été mise en concurrence avec celle d’Adocia.

Dans un communiqué la direction d’Adocia a dû se résoudre à annoncer que le laboratoire américain mettait fin à sa collaboration et lui rétrocédait les droits sur le BC (BioChaperone) Lispro.

« Nous sommes très déçus et surpris de la décision de Lilly de ne pas poursuivre le développement clinique de notre produit qui a démontré une amélioration significative en terme de performance, par rapport à Humalog (ndlr : l’insuline ultra-rapide d’Eli Lilly), dans six études cliniques », explique, fort dépité, Gérard Soula, Pdg d’Adocia.

 Un nouveau partenaire ?

Et d’ajouter : « A ce stade de développement, nous sommes convaincus que BC Lispro peut améliorer la vie des personnes souffrant de diabète et Adocia va continuer à préparer l’entrée en études cliniques de Phase III, tout en cherchant un nouveau partenaire. »

Il faut savoir que cette phase III coûte très cher : au bas mot, plusieurs centaines de millions de dollars qu’économise la société pharmaceutique américaine, et en parallèle, autant de manque à gagner pour la biotech lyonnaise. D’où la recherche d’un partenaire.

Où sinon, cela risque d’amener Adocia pour procéder à l’ultime phase de développement de son produit phare, de passer par une augmentation de capital, obligatoirement dilutive : le genre d’opération que n’apprécie pas du tout le marché. D’où la chute libre du cours.

Bref, Adocia dont les effectifs dépassent désormais la centaine de salariés se retrouve au pied du mur. Et Gérard Soula, pourtant près du but, va devoir réagir rapidement pour se sortir de cette mauvaise passe. Il est vrai que ce vieux routier du monde pharmaceutique, dans sa carrière, en a vu d’autres…