Toute l’actualité Lyon Entreprises

La filière bois pourrait doubler sa production : l’or vert de Rhône-Alpes sous-exploité

Deuxième plus grande surface forestière de France, la région pourrait faire beaucoup mieux. La production et les emplois pourraient doubler si l’on mettait en place les outils nécessaires. Au bilan, le papier et le carton issus des fibres du bois ont reculé, la construction et la menuiserie en bois stagnent. Seule l’exploitation de la biomasse pour produire de l’énergie progresse fortement. Au bilan, la filière forêt bois ne représente que 40 000 emplois : 2 % de l’emploi total…

Deuxième région française en surface forestière, Rhône-Alpes devance en nombre d’emplois salariés, l’Aquitaine et ses centaines de km2 de pins, ainsi que les Pays de la Loire.

 Cocorico régional, alors ? Pas du tout. Car on pourrait faire beaucoup mieux. C’est ce que montre une étude très intéressante de l’Insee Rhône-Alpes (*), consacrée à la filière bois, de la matière brute au produit fini.

 Chaque année la région Rhône-Alpes extrait 5 millions de mètres cubes de bois. Cela paraît énorme, mais ce chiffre ne représente que le tiers des 15 millions de m3 constitués par son accroissement naturel.

 Cela signifie que si les conditions étaient optimums, l’on pourrait a minima, en respectant les conditions d’une exploitation durable de la forêt, doubler les volumes produits.

 Un total de 40 000 emplois

 Et augmenter au passage le nombre d’emplois qui stagne autour de 40 000 dont 32 000 emplois salariés, soit 14 % de l’emploi salarié de la filière en France. Des emplois à 70 % peu qualifiés, or on manque de tels emplois

 C’est bien simple d’ailleurs des trois principaux secteurs formant la filière, seul un connaît une belle croissance. Il s’agit du bois/énergie, celui qui issu de la biomasse permet de faire fonctionner des chaudières à bois pour le chauffage ou la production d’électricité ; voire la production de bio-méthane.

 Depuis 2005, la récolte a plus que doublé. Le bois/énergie est l’activité la plus dynamique de la filière. Il représente 743 000 m3 sur les 5 millions récoltés dans la région. Un rythme qui s’accélère même.

 Heureusement pour la filière, car deux principales composantes que sont le sciage et le travail du bois ( (1 614 établissements et 8 400 emplois) et surtout l’industrie du papier carton issue de fibres de bois (389 établissements et 8 300 emplois) voient leurs chiffres d’affaires et leurs emplois régresser sous les coups de boutoir des importations de bois étrangers (notamment du Canada) et de la concurrence des pays émergents.

 Trois autres secteurs de la filière se révèlent simplement stagnants : la sylviculture et l’exploitation forestière (3 865 établissement et 4 900 emplois), le sciage et le travail du bois (1 614 établissement et 8 400 emplois) et enfin la construction et la menuiserie en bois, le secteur qui concentre le plus grand nombre de salariés : 15 000 au sein de 4 662 micro-entreprises.

 Pourquoi la forêt rhônalpine est-elle sous-exploitée ?

 Pourquoi cette sous-exploitation de la forêt rhônalpine ? Le mal est connu : l’incroyable dispersion des propriétés : 80 % de la superficie des forêt appartient à des particuliers extrêmement nombreux. On y trouve un très grand nombre de propriétaires (600 000 !) disposant de toutes petites superficies, difficilement exploitables.

 Au résultat, seules certaines grandes forêts communales et surtout les forêts de l’ONF (Office Nationale des Forêts) sont exploitées au mieux dans le cadre de plans de gestion durables.

 Des emplois pour la plupart non délocalisables

 Pour sortir de ce blocage, l’inter-profession vient de lancer une campagne en direction des propriétaires privés pour qu’ils mettent en place collectivement des plans de gestion, à travers des groupements d’exploitation.

 Les communes forestières s’associent par ailleurs à cette démarche qui pourrait dans une certaine mesure porter ses fruit. On pourrait ainsi aller vers l’exploitation commune de forêts communales et privées.

 Le tout se déroule dans le cadre d’un « Plan National Forêt-Bois » : on s’est enfin rendu compte dans les hautes sphères de l’Etat que nous avons de l’or (vert) sous les pieds et que nous avions tous les atouts pour développer des emplois, à 70 % ouvriers et de surcroît pour la plupart, non délocalisables…

(*) Insee Analyse Auvergne-Rhône-Alpes n°8