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La liaison Lyon-Turin financée par des « project bonds » ?

Telle est la suggestion faite par la Transalpine présidée par le Pdg de Danone, Franck Riboud. A Lyon, ce dernier se dit optimiste sur une décision qui serait prise concernant le projet lors de la rencontre franco-italienne qui se déroulera à Lyon en décembre prochain avec François Hollande et Mario Monti, le président du conseil italien. Une certitude : le projet est sur les rails et ne fait pas partie des lignes TGV que le nouveau pouvoir entend annuler.

« Nous appelons les chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Lyon en décembre, à procéder dès que possible à la ratification de l’accord et à utiliser pleinement le financement européen…à soutenir le budget de « Mecanisme pour l’Interconnexion en Europe » et la mise en œuvre de « project bonds ».

 Telle est la déclaration commune publiée le 13 septembre dernier à l’occasion de la dernière réunion à Lyon de la structure de lobbying défendant la liaison ferroviaire sous les Alpes, « la Transalpine » que préside désormais Franck Riboud, le Pdg de Danone. Une réunion à laquelle participait également Jean-Jack Queyranne, le président de la région Rhône-Alpes, ainsi qu’un représentant de l’équivalent italien de la Transalpine, « le Comitato Transpadana ».

 En cette rentrée, le projet Lyon-Turin resurgit brutalement, alors que d’aucuns craignaient avant les vacances qu’il ne soit définitivement mort et enterré. Le gouvernement avait décidé, face aux finances exsangues de l’Etat, d’annuler purement et simplement un certain nombre d’investissements d’infrastructures, dont certaines lignes de TGV, ainsi que le projet fluvial Seine-Nord.

 François Hollande a eu depuis l’occasion de le réaffirmer : le Lyon Turin dans lequel l’Etat et l’Europe ont déjà injecté 800 millions d’euros reste maintenu sur les rails, sauvé par volonté de respecter les accords internationaux. La France s’est engagée vis à vis de l’Italie. Elle respectera sa parole.

 Cette nouvelle effervescence autour de la liaison Lyon-Turin tient aussi à l’annonce récente d’un sommet bilatéral entre la France et l’Italie qui doit se tenir à Lyon au cours du mois de décembre prochain.

 Pour Franck Riboud, il n’y a pas de doute : «  Si ce sommet se passe à Lyon, il est impossible que ne soit pas évoquée la liaison Lyon-Turin. Il est impossible aussi que des gestes significatifs ne soient pas effectués pour faire avancer le projet ». D’où l’appel solennellement lancé.

 Une autre bouée discrète figure aussi dans ce même texte : la proposition de faire appel pour le financement de cette infrastructure à 8,5 milliards d’euros, à des « project bonds ». A ne pas confondre avec les « euro bonds » dont les Allemands ne veulent pas.

 Les project bonds qui n’existent pas encore seraient des emprunts lancés en commun par plusieurs pays européens. Leur but est de financer des grands projets d’infrastructure continentaux. Face à l’emprunt et donc à cette nouvelle dette, il y aurait un actif, en l’occurrence l’investissement réalisé.

 Leur naissance se précise : un accord, encore à confirmer par les Vingt-Sept, vient d’être trouvé avec le Parlement européen pour lancer une phase pilote : grâce à une enveloppe de départ de 230 millions d’euros du budget européen, l’Union européenne lèverait, en s’appuyant sur la Banque européenne d’investissement et des capitaux privés, jusqu’à 4,5 milliards d’euros pour financer cinq ou six chantiers dans les transports, l’énergie ou l’économie numérique. La liaison Lyon-Turin pourrait bien figurer dans ce paquet ou sinon dans le suivant.

 Ce qui permettrait de favoriser le financement d’un projet qui doit être réglé à 40 % par l’Union Européenne.

 Jean-Jack Queyranne raconte que lors de la rencontre des présidents de Conseils régionaux le 11 septembre à l’Elysée, il a interrogé en signe de clin d’œil, François Hollande, reprenant son slogan de campagne, « Le Lyon-Turin, c’est maintenant ? »

 Des actes concrets constitueraient aussi une façon de donner de la consistance au pacte de croissance obtenu par François Hollande, face à Angela Merkel, sitôt après son élection et dont on n’entend plus guère parler.

 La création de la liaison ferroviaire Lyon-Turin serait susceptible, selon la Transalpine, de créer près de dix mille emplois en Rhône-Alpes. Un chantier qui dans l’atonie économique actuelle serait particulièrement bienvenu.