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La montée en gamme des vins des côtes-du-rhône ne nuit pas à ses ventes, au contraire

Et si les vins des côtes-du-rhône constituaient l’illustration réussie de ce qu’essaie de faire non sans difficulté l’industrie française : assurer son développement par une montée en gamme afin de desserrer l’étau des pays émergents ? En tout cas, pour le vin, ça marche : les ventes ont augmenté de 2,6 % en volume, en 2013, mais surtout de 8,9 % en valeur. Une tendance dans laquelle le bio joue un rôle important. Et pour ma première fois, malgré la Chine en forte baisse, les exportations ont dépassé le million d’hectolitre.

 Christian Paly, le président d’Inter-Rhône qui regroupe les professionnels des vins des Côtes-du-Rhône est aux anges. Malgré une petite récolte, malgré la crise, malgré la baisse du marché chinois, les vins des côtes-du-rhône ont réalisé une excellente année 2013.

 Et ce, explique-t-il, grâce « à la forte présence des vins des producteurs, coopératives et négociants sur le milieu et le haut de gamme » qui chaque année est de plus en plus effective, et semble bien être la bonne stratégie.

 Il suffit de se pencher sur le bilan de l’interprofession, l’année dernière : les 2,6 % de la production supplémentaires sortis des chais l’année dernière, soit 3 millions d’hectolitres qui se sont métamorphosés en une hausse des ventes dans la GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) en une hausse en valeur de 8,9 %. Or, il faut savoir que la grande distribution est le vecteur majeur de la vente du vin en France, assurant près des trois quarts du chiffre d’affaires des producteurs de nectars divers et variés.

 Prix moyen à la hausse

 Cette situation se situe dans le cadre d’une valorisation continue des prix. Pour la première fois, le prix moyen des marques de Côtes du Rhône rouge en bouteille (40 % des ventes) a ainsi passé la barre des 3 euros par bouteille, en moyenne.

 Les marques propres de l’appellation, véritables gages de qualité et de valeur ajoutée, s’installent ainsi dans la tranche des 3 à 4 euros par bouteille, ce qui était l’un des objectifs des professionnels et de l’interprofession.

 Pour arriver à cet objectif, la diversification des vins proposés a aussi joué, car ce sont les vins blancs qui ne sont pourtant pas le point fort de l’appellation qui ont tiré les ventes, avec une hausse de 10,5 %, en compagnie des rosés, toujours fringants (+ 11,6 %), les rouges s’octroyant, eux, une petite croissance de 2,4 %.

 Toutes les appellations des côtes-du-rhône n’ont pas bénéficié avec la même ampleur de ce regain d’appétence des Français pour les vins de la vallée du Rhône.

 Célèbre pour ses vins rouges liquoreux, l’appellation Rasteau a bondi de 15,4 % devant le Lirac (+ 14,3 %). En matière de rosés, la tendance a favorisé ceux du Lubéron dont les ventes bondissent de près de 20 %, suivies des Costières de Nîmes (+ 16 %) .

 Un million d’hectolitres à l’export

 A condition que la qualité soit là et soit reconnue, l’augmentation des prix ne constitue pas, semble-t-il un frein à l’export. En témoignent les performances à l’international, l’année dernière : pour la première fois la barre du million d’hectolitre de vins vendus hors de nos frontières a été franchie : une hausse de 5 % en volume, mais de 8,1 % en valeur, ce qui a permis de générer un chiffre d’affaires de 459 millions d’euros.

 Malgré une chute des ventes de 33 % en Chine, suite au conflit autour du vin entre l’Union Européenne et l’Empire du Milieu, de nombreux pays ont augmenté leurs achats de côtes-du-rhône.

Les ventes ont ainsi bondi de 10 % en volume en direction des Etats-Unis où les ventes ont progressé de 55 % en cinq ans ; idem pour Belgique (+ 12 %, à 203 000 hectolitres).

Les volumes sont moins importants, mais la hausse des ventes vers les pays scandinaves est encore plus impressionnante : + 41 % !

De surcroît cette croissance se fait dans le cadre du choix d’un viticulture durable, ce qui prouve que c’est possible.

Le bio s’octroie une forte part de marché en grande surface

Le choix grandissant du bio de la part de nombreux viticulteurs, coopératives ou négociants-il représente désormais 12 % de la production-constitue un facteur favorable, ledit bio tirant actuellement le marché.

En conséquence : les côtes-du-rhône bio s’octroient plus que leur part naturelle de marché dans les Grandes et Moyennes Surfaces : 22,3 %.

Près de trois cents viticulteurs des côtes-du-rhône sont actuellement en bio ou en conversion bio, tandis que près de la moitié des négociants propose a minima une offre bio.

Les producteurs de vins des côtes-du-rhône montrent qu’une voie vertueuse peut être aussi bonne sur le plan économique. Encourageant.