Toute l’actualité Lyon Entreprises

La start-up grenobloise HydroQuest vise le juteux marché des hydroliennes fluviales ou d’estuaires

Grâce à une technologie originale défendue par neuf brevets, la start-up grenobloise HydroQuest entend bien se tailler une place dans le marché encore peu encombré des hydroliennes fluviales ou d’estuaires. Il est estimé à 12 milliards d’euros d’ici 2020. HydroQuest qui assemble ses hydroliennes chez un sous-traitant rhônalpin table sur 300 à 500 machines par an, mais essentiellement à l’international car le corset réglementaire est en France, très difficile à desserrer.

Les grands groupes se sont emparés du marché très prometteur des hydroliennes marines qui peuvent peser de 150 tonnes à 350 tonnes, voire plus.

Mais à côté de ces mastodontes qu’on ne verra pas, car posés au fond des mers et des océans, il existe un marché de niche : celui des hydroliennens fluviales ou d’estuaires de quelques tonnes. Comme leurs consœurs marines, elles recèlent un grand intérêt, car contrairement à l’éolien ou au solaire, elles produisent de l’électricité de façon prédictive et régulière 24 h sur 24.

Ceci explique que dans ce marché de niche, ce soit une start-up de dix salariés, dirigée par Jean-François Simon, HydroQuest qui fait, en France, la course en tête. Basée à Grenoble, cette entreprise qui a testé son premier prototype dans un canal appartenant, près de la capitale iséroise, à EDF, va prochainement commencer à tirer profit des efforts consentis par ses dix salariés depuis sa création en 2010.

Un prototype immergé dans la Loire à Orléans

Au printemps 2014, cette start-up immergera dans la Loire à Orléans, ce nouveau prototype d’hydrolienne. Bénéficiant d’un budget de 2,5 millions euros, émanant notamment des collectivités locales et de l’Etat, elle compte bien valider ce concept inédit de machine fluviale exploitant l’énergie cinétique de l’eau, en partenariat avec EDF, qui détient la moitié des neuf brevets qui protègent le concept.

 L’originalité de la technologie qu’utilise HydroQuest est que l’hydrolienne se différencie par un double axe vertical et non horizontal autour duquel gravitent jusqu’à trois couples de turbines. « Imaginez une éolienne. Vous la mettez dans l’eau en l’adaptant : vous avez les hydroliennes à axe horizontal telles qu’elles existent actuellement. Notre concept est très différent : il est constitué d’un axe vertical, ce qui permet de repousser à l’extérieur la conversion de l’énergie mécanique en électricité, accroissant le rendement, grâce à un accélérateur de vitesse », décrit Jean-François Simon.

Une grande souplesse d’utilisation

Autre avantage, ces hydroliennes peuvent non seulement être fixées au fond des fleuves ou des estuaires, à l’aide de pieux, comme leurs consœurs marines, mais elles peuvent aussi être amarrées à de grandes barges métalliques, comme ce sera le cas à Orléans, ou, dans le cas d’un canal, par exemple, simplement amarrées à la rive. Une grande souplesse d’installation, donc, mais aussi d’entretien.

Conçue à partir des travaux menés depuis 2000 par le Laboratoire des écoulements géophysiques et industriels (LEGI) de l’université de Grenoble, en collaboration avec l’Insa de Lyon, cette hydrolienne offre l’avantage d’un impact quasi nul sur l’environnement : le nouveau prototype grandeur nature devrait en apporter la preuve.

Soutenu par le Fonds unique interministériel, le projet est porté par un consortium qui réunit au côté d’HydroQuest, EDF, Artelia (l’ex-Sogreah grenobloise), le LEGI, évoqué ci-dessus, mais aussi trois PME dont la PME industrielle de Vienne (Isère), FOC Transmissions.

 C’est un sous-traitant rhônalpin dont Jean-François Simon, le Pdg d’HydroQuest, tait le nom pour des raisons de confidentialité qui assure le montage de ces hydroliennes, pour une bonne part, donc, made in Rhône-Alpes.

Rien d’étonnant donc, si HydroQuest est également membre du pôle de compétitivité rhônalpin dédié aux énergies renouvelables : Tenerrdis.

Les premières machines mises sur le marché en 2014

Jean-François Simon, Pdg d’HydroQuest compte vendre ses première machines dès 2014. «  Le marché mondial est évalué d’ici 2020, à 12 milliards d’euros. Nous tablons sur la construction de 300 à 500 machines par an d’ici à cinq ans, surtout pour l’exportation. Nous devrions commencer à gagner de l’argent d’ici 2015 », assure cet ingénieur centralien passé par l’UCLA californienne où il a obtenu son MBA.

A vrai dire, ce dernier lorgne aussi deux autres marchés : celui de l’hydrolienne d’estuaires d’une dizaine de tonnes qui a la particularité d’être réversible du fait de la marée : un prototype sera prochainement immergé dans l’estuaire de la Gironde.

Le Pdg d’HydroQuest cherche également un grand partenaire pour développer, cette fois, de grosses hydroliennes à axe vertical qui, elles, seront destinées au fond des mers.

Reste que l »entreprise a beaucoup de mal à obtenir des autorisations pour installer ses hydroliennes dans les fleuves de France.

« Comme d’autres industriels spécialisés dans les énergies renouvelables, nous sommes enserrés par un carcan réglementaire absolument étouffant qui nous bloque dans notre pays. C’est pourquoi nous visons surtout l’international », regrette-t-il.

Ses clients : des producteurs d’électricité de toutes tailles et de tous continents qui pourraient développer des fermes fluviales ou d’estuaires dotées de trente à cinquante hydroliennes afin de bénéficier d’économies d’échelle. Un rêve qui n’a rien d’utopique, mais qui se concrétisera sans doute en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine, bien avant la France.

Illustration (HydroQuest)Comme on le voit sur ce dessin, l’axe des pales est vertical et non horizontal, ce qui fait l’originalité de la technologie développée par la start-up grenobloise. En médaillon, son Pdg, Jean-François Simon.