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La très belle société lyonnaise Arkoon entre dans le giron de la division cyber-sécurité du groupe EADS

Son cours de Bourse a crû de 55 % depuis le début de l’année, son chiffre d’affaires de 19 % en 2012, elle venait de signer un gros contrat avec le ministère de la Défense canadien : la très belle société lyonnaise Arkoon ne pouvait que susciter l’intérêt. L’un des fleurons français de la sécurité intormatique dirigé par Thierry Rouquet est en passe d’être racheté par Cassidian CyberSecurity, une filiale du groupe EADS, le propriétaire d’Airbus. L’opération qui devrait être finalisée dans les jours à venir a pour but de créer un leader européen dans le domaine de la cyber-sécurité.

Face aux dangers multiples qui guettent les systèmes d’information et pas seulement ceux de la Défense, le marché de la cyber sécurité est en pleine expansion dans le monde. Une fois n’est pas coutume, la France est plutôt bien placée dans ce secteur où elle compte plusieurs pépites. Qui allait constituer le pivot d’une réorganisation du secteur à l’échelon hexagonal ?

La réponse vient de tomber : le groupe EADS, le propriétaire-entre autres-d’Airbus. Cassidian CyberSécurity, sa division spécialisée dans la sécurité informatique vient successivement de racheter une société nordiste basée à Villeneuve d’Ascq, Netasq ; puis, on vient de l’apprendre, une société lyonnaise, elle aussi spécialisée dans ce secteur, Arkoon.

Cotée au compartiment Alternext de la Bourse, cette belle société de 85 salariés dont le siège est basé à Lyon-Vaise, vient de voir son cours suspendu, le 26 avril très précisément.

Une belle plus-value pour les actionnaires

La division d’EADS va prendre 83,9 % du capital de cette société dirigée par Thierry Rouquet, au prix maximal de 3,25 euros par action. Une belle plus-value pour les détenteurs d’actions Arkoon, le cours de Bourse de la société lyonnaise s’établissant avant suspension, à 2,4 euros, après une hausse de 55 % depuis le début de l’année (+ 128 % sur un an).

La transaction porte sur la totalité des titres détenus par les principaux actionnaires financiers d’Arkoon, les fondateurs et le management. Les instances représentatives du personnel ont d’ores et déjà été informées.

A l’issue de ce rachat, Arkoon devrait quitter la Bourse. Le projet d’offre publique d’achat simplifiée (OPAS) devrait être suivi d’une procédure de retrait obligatoire en cas de détention par Cassidian CyberSecurity de plus de 95 % du capital et des droits de vote.

Pour Thierry Rouquet, président du directoire d’Arkoon qui restera aux manettes de sa société qui, comme filiale, ne sera pas intégrée,  « La signature de cet accord va permettre à Arkoon de bénéficier de nouvelles opportunités en matière d’accès aux marchés internationaux. C’est une excellente nouvelle pour nos clients, partenaires et collaborateurs. »

Selon Jean-Michel Orozco, Pdg de Cassidian CyberSecurity, l’objectif est clair : « Nous voulons atteindre par cette acquisition une taille critique dans la R&D pour devenir un des leaders européens de la cyber sécurité ; et ce, pour apporter des solutions européennes à nos clients européens. »

Née pour assurer la sécurité des systèmes de Défense, la division d’EADS Cassidian CyberSecurity, détenue à 100 % par sa divison mère, Cassidian, est entièrement dédiée au marché de la cyber sécurité en Europe et au Moyen-Orient. Elle opére depuis la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Son expertise repose sur trois piliers : «Cyber Defence & Professionnal Services», axé sur les services professionnels de haut niveau ; «Trusted Infrastructure», incluant la cryptographie, la gestion d’identité numérique et les solutions nationales de haute sécurité ; et «Secure Mobility», centré sur les services de sécurisation des équipements mobiles. Il lui manquait donc l’expertise détenue par Arkoon.

Cassidian : 500 salariés pour 80 millions d’euros de chiffre d’affaires

Cassidian CyberSecurity qui emploie 500 personnes a réalisé un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros en 2012. Elle prévoit de doubler ses effectifs d’ici 2017.

A comparer avec Arkoon qui, emploie 85 salariés et a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros, en croissance de 19 %.

L’attention avait été attirée sur Arkoon lorsque Thierry Rouquet, président du directoire avait signé en fin d’année dernière un gros contrat avec l’administration canadienne ; et ce, afin de sécuriser son informatique contre les cyber-attaques et tous les risques liés au numérique.

Arkoon en train de toucher 3,6 millions d’euros du Grand Emprunt

La société lyonnaise est d’autre part dotée d’une pépite : elle est en train de toucher 3,6 millions d’euros du Grand Emprunt pour développer la nouvelle génération de logiciels permettant d’accroître la sécurité numérique des postes de travail. Et de se donner par la même occasion de nouveaux relais de croissance.

Installée dans un des « immeubles-bateaux » du quartier de Lyon-Vaise laissés vacants par le départ de l’ex-Infogrames devenue Atari, Arkoon est à la fois spécialisée dans la sécurité des réseaux informatiques, mais aussi dans celle des données et plus récemment, pour répondre à la mobilité généralisée, à celle des postes de travail, de l’ordinateur de bureau, au PC portable à la tablette, en passant par les smartphones.

Un marché grandissant, beaucoup d’entreprises ou de responsables d’administrations sensibles, prenant en compte le développement rapide de la cybercriminalité.

 Investissant 30 % de son chiffre d’affaires en Recherche&Développement (45 personnes sur 85), Arkoon connaissait déjà bien EADS qui est un de ses clients, aux côtés, notamment, du Ministère de la Défense, de Cegid, de Soitec ou du PMU.

Photo (DR)Thierry Rouquet, président du directoire d’Arkoon interviewé sur l’avenir des filières françaises dans le domaine de la cyberdéfense, les 28 et 29 janvier derniers à Lille lors du Forum International de la CyberSécurité (FIC).