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Laurent Fiard, président du Medef-Lyon-Rhône : « La croissance viendra par les territoires et la Métropole »

En cette rentrée, le nouveau président du Medef, élu en juin dernier, Pdg d’une entreprise du numérique, Visiativ, tient un discours volontariste. Pour lui, plus que jamais, il faut jouer collectif au niveau de la Métropole et de Rhône-Alpes pour que la confiance et la croissance reviennent.

Vous étiez présent à l’Université d’été du Medef à Jouy-en-Josas au cours de laquelle Manuel Valls a lancé son fameux « J’aime l’entreprise ». Quelle a été votre réaction ?

 D’abord son discours a été brillant et courageux, compte tenu des réactions négatives dont il pouvait s’attendre à la Gauche du PS.

 C’est très bien. On a gagné au moins cela, mais il ne suffit pas de le dire. Il faut désormais que ce discours se transforme en actions cohérentes. C’est ce que nous attendons au Medef.

 Ce discours est-il susceptible de changer la donne : dans quel état d’esprit les chefs d’entreprise adhérents au Medef abordent-ils cette rentrée  ?

 Nous sommes dans une conjoncture très compliquée. Les dernières courbes du chômage ne vont pas dans le bon sens. Cela n’a rien d’étonnant puisqu’au 2ème trimestre la croissance était à zéro et l’on sait qu’il faut 1,5 % d’augmentation du PIB pour créer des emplois.

 L’état de l’économie est critique au niveau de la France. L’objectif principal doit être de redonner de la confiance, là encore, avec cohérence.

 N’avez-vous pourtant pas le sentiment que Lyon en particulier et Rhône-Alpes dans son ensemble se portent mieux que le reste de l’Hexagone ?

 Nous avons réuni récemment la commission sociale du Medef pour faire le point sur l’économie. Il apparaît bien que l’existence de grandes métropoles constitue un facteur favorable pour la croissance.

 On constate ainsi une grosse attractivité de Lyon et de la région Rhône-Alpes qui draine de nombreux salariés. Le seul problème est que ces salariés qui viennent de toute la France prennent une part des postes en création au détriment des habitants déjà installés, ce qui ne fait pas baisser le chômage.

 Vous avez été élu président du Medef Lyon Rhône en juin. Pour quelle feuille de route ?

 Mon objectif est d’appliquer la vision stratégique du Medef que l’on trouve dans le projet « France 20/20 ».

 L’objectif est de dynamiser la croissance des entreprises et tout ce qui va avec en termes de compétitivité.

 Si l’on veut que nos entreprises plongent leur racines profond dans le sol et soient irriguées de sève, il faut jouer collectif.

 Il faut qu’elles soient bien ancrées dans les territoires et s’inscrivent dans le terreau de la compétitivité. Nous avons beaucoup de défis à relever, mais aussi beaucoup d’atouts dans cette région pour ce faire, grâce à des filières puissantes ou en développement, à l’instar des sciences du vivant, du numérique ou de la robotique, par exemple.

 On y ressent une vraie dynamique : la croissance viendra par les territoires et les métropoles et à cet égard, les Medef territoriaux ont un vrai rôle à jouer pour développer toutes ces opportunités dans une vision stratégique.

 Le printemps des Entrepreneurs qui se déroulera cette année le 2 avril à Lyon est un événement central qui nous permettra à la fois de développer cette vision et de donner de la visibilité au Medef.

 Comment le Medef s’adapte-t-il à la future Métropole lyonnaise qui verra le jour le 1er janvier 2015 ?

 Cette Métropole, nous l’avions clairement anticipée au Medef. Nous avons rédigé un livre blanc sur les opportunités du territoire. Les Métropoles étaient au centre de nos réflexions. Elles possèdent les infrastructures et la taille critique pour être irriguées par la mondialisation. Le Medef est bien décidé à s’inscrire dans cette dynamique.

 Nous entendons ainsi renforcer nos relations avec la Métropole pour inscrire plus que jamais notre action dans des dynamiques de projets.

 Gérard Collomb était d’ailleurs présent à l’Université d’été du Medef à Jouy-en-Josas où il a développé sa vision : il a été très applaudi.

 Vous êtes le patron d’une entreprise du monde numérique-Visiativ-quelle importance l’innovation a-t-elle pour vous ?

 Nous travaillons beaucoup sur l’innovation. Nous avons la chance d’être sur un terreau favorable : Lyon est la première ville innovante de France.

 A cet égard, le numérique est un moyen indispensable pour innover, mais pas le seul, la dynamique doit aussi passer par les clusters.

 Le Grand Lyon a demandé à être éligible au label French Tech. Où en est-on ?

 Le dossier est en cours. Je n’ose même pas imaginer que Lyon ne reçoive pas ce label !

 Mais il faut savoir que la seule candidature de Lyon à ce label a déjà boosté beaucoup de choses : sans cette candidature, il est probable que la Halle Girard à la Confluence n’aurait pas été choisie comme futur lieu totem du numérique Lyonnais. Et il le restera que l’on ait ou pas ce label.

 D’autre part, le monde du numérique lyonnais avait besoin de se retrouver sur le territoire et de fédérer les énergies : là aussi, l’objectif a été atteint.

 Je le ressens même au niveau de ma société qui a développé une pépinière privée, Axeleo : depuis plusieurs mois, nous constatons un afflux de candidatures avec l’inscription de quinze start-up. Une vrai dynamique est enclenchée !