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Le dépôt de bilan de la société iséroise Mermet SAS pourrait déboucher sur 75 suppressions d’emplois

En état de cessation de paiement, la direction de la société Mermet spécialisée dans les textiles techniques et basée dans le Nord-Isère a dû déposer son bilan auprès du tribunal de commerce de Vienne. La société a été mise en redressement judiciaire et poursuit son activité avec une période d’observation de six mois. Le temps de mettre en œuvre un plan de restructuration qui pourrait se traduire par 75 suppressions d’emplois.

Sept ans après l’avoir rachetée, la société néerlandaise Hunter Douglas, a dû se résoudre à ce que Mermet SAS, sa filiale française, dépose le bilan auprès du tribunal de commerce de Vienne, en Isère. La société poursuit son activité. « Elle tiendra, dans le cadre du redressement judiciaire tous les engagements qu’elle souscrira », explique son directeur général, François Lacquemanne.

 Dotée de 215 collaborateurs Mermet SAS est un fabricant de textiles techniques pour la protection solaire intérieure et extérieure des bâtiments à partir de fibres de verre.

 Pour Alain Ribeyre, l’avocat de la société, il n’était plus possible pour l’actionnaire, installé sur le même créneau que sa filiale française et doté d’usines en Belgique et en Corée, (2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2011), de continuer à soutenir financièrement l’entreprise, sans se le voir reprocher un jour (*).

 Hunter Douglas ne compte cependant pas mettre la clef sous la porte de Mermet. La société batave a pour objectif de pérenniser l’entreprise, mais cela passera par un plan de restructuration. Selon certaines sources, il pourrait se traduire par 75 licenciements, ce qui serait extrêmement lourd pour une société qui emploie en France 215 salariés dans trois unités iséroises : aux Avenières, à Dolomieu et à Veyrins-Thuellin où se situe le siège social.

 Le tribunal a assorti la mise en redressement judiciaire d’une période d’observation de six mois, le terme étant fixé au 12 décembre : c’est à cette date que devrait être annoncé le contenu précis du plan de restructuration, après consultation, bien sûr, des représentants du personnel et de l’actionnaire.

 Le tribunal de commerce de Vienne a également désigné l’administrateur judiciaire lyonnais, Bruno Sapin qui devra travailler à ce plan de restructuration avec François Lacquemanne : un premier rendez-vous est programmé le 17 juillet prochain avec les juges consulaires viennois.

 Pourquoi donc cette entreprise installée sur le secteur des textiles dits techniques qui semble plutôt porteur et exporte près de 80 % de sa production, en est-elle arrivée là ? 

 Mermet qui a réalisé 28 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011, perd de l’argent depuis plusieurs années. « Nous travaillons essentiellement avec le secteur tertiaire-les bureaux, l’hôtellerie et la restauration. Or, ce sont des secteurs qui ont pâti de la crise de 2008, provoquant une baisse de volumes de nos ventes qui pèse toujours sur notre chiffre d’affaires », reconnaît François Lacquemanne, le directeur général de Mermet.

 Ce dernier table beaucoup pour repartir de l’avant sur les réglementations thermiques (notamment la RT 2012) qui pourraient ouvrir de bonnes perspectives à son principal débouché, celui des immeubles de bureaux. Le Grenelle de l’Environnement a imposé un minimum de 15 % de la surface vitrée des immeubles (contre 15 % maximum auparavant), ce qui est important et nécessite de facto l’été un acrroissement de la protection solaire pour maintenir une température stable. « Ce qui est vrai pour la France devrait le devenir aussi pour toute l’Europe », pronostique le responsable de Mermet.

 Malgré ses difficultés, Mermet continue d’engranger des commandes : la société iséroise a remporté l’important marché de la protection solaire du siège du leader européen du transport express de colis et de documents TNT aux Pays-Bas en fin d’année dernière. Plus récemment, c’est la Communauté urbaine de Bordeaux qui lui a passé commande de son tissu phare, « Screen Nature », répondant à l’exigence HQE (Haute Qualité Environnementale), pour s’équiper en protections solaires.

 La société ne cesse par ailleurs d’innover grâce à une importante équipe de R&D. Elle a présenté une innovation d’importance, lors du récent salon R+T qui se déroule tous les trois ans à Stuttgart, en l’occurrence, un tissu créé à 80 % à partir de matériaux polyester recyclés : il s’agit du premier tissu sans PVC, 100 % recyclé et 100 % recyclable. Il a selon François Lacquemanne rencontré un accueil prometteur, donnant lieu à de premières commandes.

 Pas suffisant cependant pour éviter un plan de restructuration qui apparaît malheureusement inéluctable.

 (*) Cité par Les Echos sous la signature de Marie-Annick Depagneux.

 Photo (Mermet)

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