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Le fabricant de skis lance une seconde phase : Rossignol, cas d’école de la relocalisation

Et si un processus commençait à s’enclencher ? Arnaud Montebourg annonce le lancement d’un programme de relocalisation en France d’activités industrielles, visant 300 entreprises. Il leur propose un outil leur permettant de calculer les avantages financiers d’une telle démarche. Il peut s’appuyer pour ce faire sur l’exemple de Rossignol qui a constaté qu’il était plus rentable pour lui de fabriquer ses skis à Sallanches en Haute-Savoie qu’à Taïwan. Pour preuve, la société vient d’engager une seconde phase de relocalisation, rapatriant, cette fois, la fabrication de 20 000 paires supplémentaires de skis.

« Nous créons un programme semblable de relocalisation que nous allons confier à une Agence. L’Agence française des investissements internationaux (l’Afii) va offrir gratuitement aux entreprises qui le souhaitent un nouveau service en leur permettant de calculer les avantages de tous ordres à relocaliser des activités », a annoncé chez notre confrère Les Echos, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.

« Aujourd’hui, l’Afii a identifié une cible de trois cents entreprises que nous souhaitons convaincre de relocaliser », précise le ministre à la marinière.

Il constate que « le financement d’une relocalisation est beaucoup plus envisageable dans les filières françaises qui sont fortes et performantes comme l’aéronautique, la pharmacie ou le numérique. Ce sera plus difficile dans les secteurs en difficulté ».

Une stratégie très différente de celle de l’Américain Quiksilver

C’est le cas pour l’industrie du ski, ou à tout le moins, un de ses acteurs les plus connus : Rossignol qui a quitté le giron du groupe américain Quiksilver pour intégrer en novembre 2008 la société « Chartreuse et Mont-Blanc » dirigée par Bruno Cercley.

Le fabricant de ski a renoué avec le profit après avoir rapatrié de Taïwan vers la France, une partie de sa production en l’occurrence, dans un premier temps, 75 000 paires de skis juniors.

 Avec ce résultat : Rossignol est désormais plus flexible et plus réactif. Tel est le constat effectué par l’entreprise.

L’équipementier, qui avait subi de lourdes pertes en 2005 est à nouveau dans le vert. Rossignol a dégagé un bénéfice net de 3 millions d’euros lors de son exercice 2010-2011, contre une perte de…94 millions d’euros deux ans plus tôt. Au cours de l’exercice clos au 31 mars 2012, Rossignol a réalisé un chiffre d’affaires de 207 millions d’euros pour un résultat de 5 millions d’euros.

Ce retour au profit a permis au fabricant de ski de créer vingt nouveaux emplois dans son usine de Sallanches en Haute-Savoie qui compte 198 salariés qui devraient être rejoints cette année par cinq à dix nouvelles embauches.

La conséquence, selon Mimmo Salerno, le directeur de l’usine ? « Economiquement, nous tenons nos objectifs de coûts de production et nous livrons nos clients mieux que l’an dernier ». En rapprochant la production des clients, au pied du Mont-Blanc et au cœur des Alpes, la réactivité de l’entreprise à la demande des skieurs a été fortement augmentée.

La matière première représente de 70 à 80 % du prix de revient

Il faut comprendre que dans un ski, ce n’est pas le travail qui y est incorporé qui coûte le plus cher, mais le coût de la matière première en provenance d’Europe (résine, plastique, polyuréthane, notamment) qui représente de 70 à 80 % du prix de revient.

Auparavant cette matière première partait d’Europe vers les sous-traitants asiatiques pour revenir en France, mais aussi en Espagne où en Italie ou le groupe possède des usines. On reconnaît chez Rossignol que « le gain réalisé en évitant ces transports et le stockage, est significatif ».

La suppression des voyages des cadres du groupe en Asie, longs et de plus en plus chers, ont également compté lorsqu’il a fallu calculer les avantages de la relocalisation.

 Face à ce qu’il convient d’appeler un succès, Rossignol prévoit d’investir 3,3 millions d’euros pour rénover les machines de finition des skis du site haut-savoyard. « Nos outils de production, en particulier en France, seront parmi les plus performants au monde et notre capacité de production instantanée décuplée », s’était félicité, en mai dernier, Bruno Cercley, président du groupe Rossignol dans un entretien accordé à l’hebdomadaire La Tribune.

Vingt-mille paires supplémentaires

Le groupe est donc bien décidé à poursuivre dans cette direction. La seconde phase de la relocalisation est lancée : le groupe a à nouveau transféré de Taïwan à Sallanches, 20 000 paires supplémentaires de skis, ce qui a permis de tripler la production en trois ans.

Le changement de paradigme en matière de fabrication tricolore a aussi joué. Ce que confirme Mathieu Collet, le porte-parole de Rossignol : «L’image made in France a compté dans ce choix, car le consommateur attache de plus en plus d’importance à la traçabilité du produit»…

La part du « made in France » dans la production globale de Rossignol représente 44 %, celle d’Europe, désormais, 99 %…

Photo (Reuters)L’usine Rossignol de Sallanches en Haute-Savoie.