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Le groupe allemand Bosch développe à Vénissieux la plus importante usine de panneaux photovoltaïques de France

La seconde ligne de fabrication a été inaugurée le mardi 25 septembre. Avec 200 personnes désormais « Bosch Solar Energie » produit chaque jour deux mille panneaux solaires, soit un volume annuel représentant l’équivalent des besoins énergétiques de 51 000 foyers français. Mais pourquoi ce qui marche chez Bosch a bien failli provoquer la perte de Photowatt à Bourgoin ?

L’avenir de l’industrie photovoltaïque en France suscite des interrogations. Le moratoire institué par le précédent gouvernement, puis la baisse du prix de rachat de l’électricité, ajoutés aux massives importations de panneaux chinois à bas coût, ont bien failli faire couler la filière. Pour preuve, les difficultés rencontrée par Photowatt (Bourgoin-Jallieu), racheté à la barre du Tribunal de Commerce par EDF sous la pression de l’Elysée.

 Pourtant, dans ce climat difficile, marqué par une nouvelle baisse du prix des panneaux cette année (- 20 %, après – 40 % sur les modules l’année dernière !), l’Allemand Bosch vient d’inaugurer sans sourciller sur son site de Vénissieux, sa deuxième ligne d’assemblage de panneaux solaires.

 Elle est capable de débiter près de deux mille panneaux par jour, soit 600 000 par an, correspondant à cinq types différents de modules, cristallins ou ou polycristallins.

 La première ligne avait été mise en service en mars 2012, après huit mois de travaux. Sur ce site multi-productions, Bosch avait décidé avec l’appui des syndicats, d’assurer la reconversion d’une unité de production d’injection diesel common rail, en raison d’une chute de la demande. Ce qui a permis de préserver deux cents emplois à Vénissieux, en l’occurrence, les salariés qui travaillent désormais sur les deux lignes de fabrication.

 Avec cette deuxième ligne, Bosch peut se targuer de posséder l’usine de fabrication à la fois la plus moderne et la plus importante de France. Il est vrai que chez ses concurrents, ce fut l’hécatombe.

Une vision à long terme

 Bosch gagne-il de l’argent avec cette usine de panneaux dont la production est destinée à la France et à l’Europe du Sud. « Tout dépend de ce que l’on appelle gagner de l’argent », reconnaît Guy Maugis, président de Bosch France. Mais d’ajouter : « Je n’irai pas jusqu’à dire que nous remboursons nos investissements, certainement pas, mais nous ne mangeons pas de cash : il s’agit pour nous d’un investissement de long terme »..

 L’analyse du groupe Bosch qui a investi dans ce créneau 3 milliards d’euros, est qu’une importante restructuration du secteur va intervenir à plus ou moins long terme. Disparaîtront alors les plus fragiles, qu’ils soient chinois ou occidentaux. Inéluctable : la planète produit deux fois plus de panneaux que ne peut absorber le marché ! Les plus costauds-dont Bosch- survivront.

 Autre certitude du groupe allemand : « Nous serons de moins en moins dépendants des prix de rachat de l’électricité par EDF. La déconnection est en cours parce que l’électricité des panneaux est et sera de plus en plus utilisée de façon autonome sans être basculée dans le réseau. »

 Enfin, la direction de Bosch France espère recevoir quelques dividendes de la récente Conférence environnementale qui a décidé d’octroyer un bonus aux panneaux photovoltaïques fabriqués sur le sol français. « Nous espérons bien remplir les critères », lance Guy Maugis.

 Il faut enfin signaler que ce Groupe germanique peut viser le long terme du fait de sa gouvernance atypique. Il n’a pas d’actionnaires qui lui réclament 15 % de retour sur investissement chaque année.

Une multinationale détenue par une Fondation 

 Ce mastodonte de 51 milliards d’euros de chiffre d’affaires (9 % de croissance l’année dernière) et de 300 000 salariés dans le monde est détenu à 92 % par…une Fondation d’utilité publique (*). Un cas unique, ce qui lui permet également de réinvestir intégralement ses bénéfices dans l’entreprise et notamment dans la Recherche&Développement.

 L’innovation est un en effet des principaux moteurs du groupe qui, avec son mode de gouvernance original, a su instaurer un cercle vertueux : il a investi l’année dernière 4,2 milliards d’euros dans la R&D et compte 40 000 chercheurs qui déposent près de 4 000 brevets chaque année.

 L’explication de la bonne santé de l’économie allemande se situe sans doute essentiellement là !

 (*) Les parts de capital de Bosch GmbH sont détenus à 92% par la fondation d’utilité publique Robert Bosch Stiftung GmbH. Les droits de vote liés à ce capital social sont confiés majoritairement à la société en commandite Robert Bosch Industrietreuhand KG qui exerce la fonction d’associé actif. Les autres parts sont détenues par la famille Bosch et par la société Robert Bosch GmbH.

 Photo (DL)-L’usine de panneaux photovoltaïque Bosch de Vénissieux, près de Lyon.