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Le n°1 mondial des grues Manitowoc choisit de regrouper son siège et ses filiales à Lyon

Lyon avait été mis en concurrence avec Munich, Francfort et Genève. In fine, c’est la capitale des Gaules qui non seulement conserve, mais étoffe le siège EMEA (Europe Middle-East Afrique) du n°1 mondial des grues Manitowoc, acquéreur en 2001 du fabricant français Potain qu’il a su avec succès internationaliser. Basé en Saône-et-Loire, le centre de formation va lui aussi rapatrier l’agglomération lyonnaise.

Souvent, on a pu s’en rendre compte dans le passé, l’achat d’une société française par un groupe américain est de mauvais augure. Cette perte du centre de décision hors de l’Hexagone signifie souvent une déperdition de la société, voire même le départ non seulement du siège, mais aussi des usines.

 Est-ce parce qu’il est dirigé par un Français, Philippe Cohet ? Toujours est-il que c’est heureusement une toute autre histoire qui a eu pour cadre le siège EMEA (Europe-Middle East Afrique) du leader mondial des grues fixes et mobiles, Manitowoc qui emploie 13 000 collaborateurs dans le monde pour 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Un groupe qui tire son nom d’une ville du Wiconsin où est installé son siège.

 Rachat de Potain en 2001

 L’histoire commence en 2001, lorsque Manitowoc rachète un fleuron de l’industrie française : les grues Potain. Son objectif : mondialiser cette entreprise tricolore au beau potentiel pour en faire un géant mondial en ouvrant des usines en Chine, en Inde, notamment : quatorze à ce jour dans le monde. Opération réussie. En cours de route, Manitowoc qui possède également une importante division d’équipements de restauration professionnelle, conforte son leadership dans la grue, en rachetant en 2002 une autre société, bien implantée dans les systèmes de levage mobiles : Grove.

 Installés à Ecully les locaux étaient devenus obsolètes avec le temps. Il ya quelques années, la direction américaine de Manitowoc décide de s’offrir un nouveau siège flambant neuf pour couvrir non seulement l’Europe, mais aussi le Moyen-Orient et l’Afrique.

 Plusieurs scénarios sont échafaudés. Une implantation à Genève, mais aussi à Munich, Francfort, voire même la région parisienne sont étudiés. La décision tombe in fine : Manitowoc restera dans l’agglomération lyonnaise.

 Philippe Cohet, un Français, président EMEA de Manitowoc explique pourquoi : « Nous avons réalisé une étude comparative avec toutes ces villes. A l’issue de celle-ci, nous avons considéré que dans la balance, la perte de compétences, primordiales dans notre métier, nous coûterait trop cher car un certain nombre de salariés ne nous auraient pas suivi. La présence de grandes écoles et de nombreux centres de recherche dans l’agglomération lyonnaise et en Rhône-Alpes a aussi joué dans cette décision. »

 Entre-temps, un promoteur lyonnais bien connu, Jean-Christophe Larose, créateur du groupe Cardinal est passé par là. Il déniche un terrain à Dardilly, proche donc de l’ancien siège d’Ecully et fait une proposition architecturale qui séduit les dirigeants de Manitowoc.

 Un investissement de 27 millions d’euros

Manitowoc préférait ne pas être propriétaire ni des locaux, ni du terrain. Jean-Christophe Larose ajoute un volet financier à sa proposition à travers sa filiale, Foncière Cardinal qui devient propriétaire du siège qu’il loue au groupe US, sur la base d’un loyer fixé et ferme. Au total, ce nouveau siège représente un investissement global de 27 millions d’euros.

 C’est ainsi que le 3 octobre, après dix-huit mois de travaux, est inauguré ce nouveau siège de 7 200 m2 et où travaillent trois cents salariés, à l’architecture plutôt audacieuse signée de l’agence lyonnaise « Z architectes ».

Ce nouveau siège se présente sous la forme de deux corps de bâtiment implantés de part et d’autre d’un terrain en forme de trapèze. Ils sont reliés par une galerie centrale largement vitrée qui permet la vue sur les Monts du Lyonnais. Deux bâtiments qui sortent des canons classiques des sièges sociaux grâce à la présence de loggias colorées « offrant des espaces de convivialités abrités », explique l’architecte. En sus : 340 places de parking.

 Le centre de formation mondial déménagera aussi à Lyon

 Ce nouveau siège regroupe non seulement sous un même toit, la direction générale et les différents fonctions supports, mais encore les achats et la plate-forme d’assistance technique et le service après-vente.

 Le site abrite également le centre de conception et de développement mondial des grues à tour qui sont toujours commercialisées sous la marque Potain. Ainsi, près d’une centaine d’ingénieurs et techniciens dessinent et conçoivent les grues, les prototypes étant ensuite montés dans les usines de Saint-Nizier-sous-Charlieu, près de Roanne dans la Loire ou de Moulins dans l’Allier.

La plate-forme logistique de pièces de rechange reste, elle, à Décines où travaillent une centaine de salariés.

Cette volonté de regrouper les services pour créer le maximum de synergies va même assez loin : d’ici quelques mois, le centre de formation mondial des conducteurs, monteurs et dépanneurs de grues de Manitowoc, historiquement installé à La Clayette en Saône-et-Loire (quatorze salariés) va aussi se poser dans l’agglomération lyonnaise. Probablement dans la banlieue est de Lyon, explique Philippe Cohet. Chaque année, ce centre propose près de deux mille journées de formation à des grutiers venant, notamment, de toute l’Europe. Une aubaine pour les hôtels qui seront situés à proximité…

 Photo (DL)Le nouveau siège de Dardilly et Philippe Cohet, président EMEA de Manitowoc.