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Le pôle de compétitivité Tenerrdis à la pointe de la défense de la filière photovoltaïque

A la suite du moratoire décrété par le gouvernement français, la filière photovoltaïque est en danger, assurent les acteurs du secteur. Dans ce moment de doute, qui pourrait casser une recherche qui en cinq années seulement est devenue la deuxième d’Europe et une filière qui a déjà créé 6 500 emplois industriels et 25 000 indirects, le pôle de compétitivité grenoblois Tennerdis préconise des solutions. Elles passent par la mise en place de règles pérennes, une accentuation des efforts de R&D, des incitations à une production 100 % nationale et des objectifs de production ambitieux. On saura en mars, s’il a été entendu.

Avec le Pôle de compétitivité Tenerrdis à Grenoble (*) et l’INES (Institut national de l’énergie solaire) en Savoie, Rhône-Alpes, est on le sait en pointe en matière de filière photovoltaïque, rassemblant sur son territoire la plupart des grands acteurs.

Or cette filière qui a déjà développé en quelques années 6 500 emplois industriels, directs (25 000 indirects : des chiffres qui pourraient être multipliés par quatre en dix ans), commence à connaître de sérieux soubresauts. Comme en témoigne la récente annonce par Photowatt de la suppression de 95 emplois sur son site de Bourgoin-jallieu.

Parmi les raisons du malaise, figure le récent moratoire décidé par le gouvernement. Tout a démarré avec un rapport signé de l’inspecteur général des finances Michel Charpin qui dénonçait l’emballement d’une filière qui profitait, estimait-il, surtout aux entreprises étrangères et très marginalement aux emplois industriels français. Et d’assurer que le développement fulgurant du photovoltaïque risquait de provoquer un risque financier « majeur » sans bénéfice pour la collectivité nationale. Bref, les caisses de l’Etat allaient être durement mises à contribution.

D’où la décision du gouvernement de décréter un moratoire qui a pris effet le 10 décembre dernier. Il suspend pour une période de trois mois la possibilité de conclure un contrat d’achat de l’électricité produite à partir des centrales photovoltaïques dépassant la puissance de 3 kW en crête. On imagine la stupéfaction des acteurs de la filière à cette annonce !

Gouvernement et acteurs ont donc pris langue pour tenter de remettre à plat l’économie du secteur, afin de permettre le développement de la filière, sans que les caisses de l’Etat soient excessivement sollicitées. Dans ce concert général, le pôle de compétitivité rhônalpin Tenerrdis vient de faire entendre sa petite musique : assurément pertinente.

Pour le Pôle, « la France a toutes les cartes en mains pour être un des acteurs majeurs de la filière photovoltaïque. » Mais pour lui, le changement incessant de règles est en train de tuer le secteur. Selon le Pôle, « il faudrait instaurer, sur le modèle de l’Allemagne, un système de « corridor» conduisant à une baisse du tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque, à chaque fois qu’un volume annuel d’installation est atteint (1 000 MW par exemple). »

Pour les représentants de Tenerrdis, la grande erreur serait de diminuer les efforts de recherche. Au contraire. Le rapport Charpin constate d’ailleurs que « les moyens de la R&D, aujourd’hui inférieurs à ceux des pays leaders dans le secteur, devraient être renforcés dans le cadre des Investissements d’avenir et des programmes Oséo ».

Ensuite, pour faire face à la concurrence, le pôle estime qu’il «  est indispensable d’identifier des critères qui permettent d’afficher et donc de défendre le « label France » : en imposant un pourcentage minimum de valeur ajoutée locale à l’instar de ce qui a déjà été fait en Ontario » Autre suggestion allant dans le même sens : «  il serait bon aussi de rendre obligatoire la fourniture d’informations plus précises au consommateur sur les performances énergétiques et environnementales : origine des composants et des matières, contenu CO2 par exemple. »

Pour les responsables de Tenerrdis, freiner le rythme d’installation serait une mauvaise idée : « Il ne faut pas tirer le frein à main comme le préconise le rapport Charpin en limitant la capacité annuelle à 300 ou 500 MW. » Et d’avancer deux raisons : « Un pays qui n’affiche pas d’ambition plus grande ne sera pas à même d’attirer des projets industriels significatifs ; et seul un marché national fort et dynamique peut garantir le développement pérenne de la filière amont (cellules, wafers, silicium). Un autre enjeu, et non des moindres, est de pouvoir garantir au consommateur pour les 20 ou 30 prochaines années une électricité qui est d’origine renouvelable et dont le prix est totalement maîtrisé. »

Il enfonce le clou : « Rappelons qu’avec 5 400 MWc en 2020, notre ambition demeure modeste en comparaison avec l’Allemagne qui vise l’installation de 50 000 MWc à la même échéance ! »

Et d’asséner en final un argument susceptible de porter : « Il a fallu moins de cinq ans pour permettre à la recherche française de combler son retard et devenir n°2 en Europe. » Avec le type de mesures préconisées, l’industrie du photovoltaïque pourrait vraiment décoller. D’autant quà la rapidité avec laquelle se développe la recherche, l’électricité photovoltaïque pourrait avant dix ans, se rapprocher du prix moyen du Kwh issu du nucléaire ou du gaz. Et alors là…

Reste au gouvernement à prendre les bonnes décisions !

(*) Tenerrdis : Pôle de compétitivité technologies énergies nouvelles renouvelables, Rhône-Alpes Drôme Isère Savoie : basé à Grenoble, il rassemble cent acteurs dans la région, dont soixante PME.