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Le promoteur lyonnais Capelli, 1er à tester en Rhône-Alpes un nouveau dispositif de financement des PME proposé par Euronext

Comment répondre au resserrement du crédit bancaire ? Nyse Euronext propose depuis peu une solution dont s’est saisie le promoteur lyonnais Capelli, via un emprunt obligataire à 15 millions d’euros qu’il vient de lancer. Cette nouvelle offre financière sera ouverte à toutes les PME, cotées ou non cotées en Bourse.

De plus en plus de PME, petites ou grandes sont ou seront confrontées au resserrement du crédit bancaire. Comment desserrer l’étau ?

Il existe un certain nombre de propositions de contournement, dont la future Banque Publique d’Investissement qui devrait être portée dès le 1er janvier prochain sur les fonts baptismaux.

L’ex-Bourse de Paris, Nyse Euronext n’est pas restée les bras ballants face à cette problématique.

Elle vient de lancer une offre baptisée « IBO » (Initial Bond Offering) qui ressemble au dispositif très rodé des introductions en Bourse, mais avec plus de souplesse et au coût moindre, le tout avec l’objectif d’ouvrir l’accès au marché de la dette aux petites entreprises qu’elles soient cotées ou non.

Deux sociétés pour tester ce nouveau dispositif

Le premier à se saisir de cette opportunité en Rhône-Alpes et le second en France, derrière AgroGeneration (société créée par Charles Beigbeder), est le promoteur immobilier lyonnais Capelli qui a lancé la semaine dernière un emprunt obligataire de 15 millions d’euros à cinq ans.

Ainsi pour ce promoteur dont les actions sont déjà cotées sur le compartiment Alternext des valeurs de croissance de la Bourse, la souscription est ouverte depuis lundi 12 novembre et sera close le 28 novembre.

Les obligations offrent un intérêt brut annuel de 7 % pendant cinq ans. « Je reconnais que 7 % est un taux relativement élevé. Mais c’est le prix à payer pour une PME comme la nôtre. Si nous nous appelions Michelin, nous paierions guère plus de 3 % », constate Christophe Capelli, Pdg de la société éponyme.

Le coût n’est en outre pas négligeable pour le promoteur immobilier lyonnais : « Une introduction en Bourse coûte environ 5 % des sommes levées. Là, il s’établit à 2,5 %, soit 370 000 euros pour cette opération », poursuit le Pdg de la société familiale.

A la différence des grandes émissions obligataires syndiquées classiques et des introductions en Bourse, le prix est fixé d’avance à 100 euros par titre et cela vaut pour toute opération réalisée par IBO sur Nyse Euronext.

Le produit est ainsi standardisé, coté sur un marché réglementé avec une chambre de compensation : il s’agit en l’occurrence d’Euroclear.

« Il s’agit d’aider les petites entreprises à trouver des financements, à favoriser le retour des investisseurs particuliers sur les marchés, éventuellement de les intéresser à nouveau aux actions qu’ils ont délaissées. Et ainsi de faire en sorte que l’épargne retrouve le chemin du financement de l’économie », décrit Marc Lefèvre, directeur du développement commercial d’Euronext (*).

Dans un premier temps, cette nouvelle opportunité offerte est ouverte aux entreprises cotées sur le compartiment Alternext ou NYSE Euronext. Elle sera ensuite ouverte à toutes les PME.

Il faut savoir aussi que, réglementation oblige, tout émetteur doit être noté par une agence accréditée auprès de l’autorité européenne de régulation. Or, les grandes agences de notation bien connues depuis le début de la crise financière (Fitch, Moody’s et S&P) ne sont pas adaptées à la notation des PME ou des ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire). Il a donc fallu que Nyse Euronext sélectionne plusieurs agences spécialisées : il s’agit de Creditform Rating AG, Compania Portuguesa de Rating, Euler Hermes Rating, GBB rating et de Scope Credit Rating.

La note BBB à Capelli par l’agence de notation Scope

Cette dernière, Scope, une société allemande, a donné la note « BBB » à Capelli, ce qui, pour une PME, constitue plutôt une bonne note.

« Cet emprunt obligataire va nous permettre d’accélérer notre développement et notamment notre produit phare, les villas duplex », assure le promoteur immobilier.

Il s’agit de villas collectives destinées aux primo accédants qui ne trouvent actuellement pas ou très peu de produits immobiliers adaptés à leur finances. « Nous arrivons à sortir des villas à un peu moins de 200 000 euros : le marché est très demandeur », assure Christophe Capelli qui n’exclut pas de demander au marché une sur-allocation de son emprunt obligataire qui pourrait alors s’élever à 17 millions d’euros.

Si la souscription qui semble bien partie, s’avère effectivement une réussite, d’autres chefs d’entreprises pourraient emboîter le pas à Christophe Capelli. Une vingtaine de sociétés ont fait savoir à Nyse Euronext qu’elles étaient susceptibles d’être intéressées par ce type d’emprunt obligataire…

(*) Déclaration faite à l’agence Reuters.

Photo (DR)Christophe Capelli, Pdg de la société éponyme cotée en Bourse.