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Les acteurs de l’export rhônalpin signent une charte commune, mais le plus dur reste à faire…

L’événement était d’importance puisque Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur avait fait le déplacement : les principaux acteurs rhônalpins de l’export ont signé une charte (*) pour les amener à travailler enfin ensemble. Cela faisait plusieurs années qu’un tel texte était attendu, l’absence de véritables synergies entre les trois principaux acteurs à l’international (CCI, ERAI et UbiFrance) étant synonyme de fortes déperditions d’énergie. Alors même que tous les indicateurs à l’export sont mauvais, il était temps qu’une telle initiative soit prise. Reste que le plus dur reste à faire : traduire dans les faits cette volonté. En commençant par se fixer des objectifs précis et concrets.

Déficit record de la France le mois dernier (7 milliards d’euros), recul de 5,5 milliards d’euros avant la crise à 1,84 milliard de l’excédent de la région Rhône-Alpes, 9 000 entreprises régionales exportatrices seulement contre plus de 10 000, il y a quelques années : tous les indicateurs de l’export virent au rouge. Alors que l’Allemagne affichait l’année dernière un excédent de 140 milliards d’euros de son commerce extérieur, la France, avec 51 milliards d’euros, faisait grise mine. Pire : la situation devrait empirer cette année.

« J’en ai assez d’être le ministre des déficits !», s’est exclamé Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au commerce extérieur, mardi 14 juin à la Chambre de Commerce et d’Industrie Régionale (CCIR) à Lyon, devant l’ensemble des acteurs de l’export de la Région, avant de mettre en évidence les dangers d’une telle situation pour notre pays.

La raison de ce fiasco est simple pour le ministre : « Seules 81 700 entreprises françaises sont tournées vers l’export, contre 450 000 en Allemagne et 200 000 en Italie. »

Pourtant, ce ne sont pas les dispositifs d’accompagnement des entreprises exportatrices qui manquent en Rhône-Alpes, mais il faut bien reconnaître que les principaux acteurs(ERAI, le bras armé de la Région à l’international, CCI-International issu des onze chambres de commerce de la région et UbiFrance, dépendant du ministère de l’économie) ont bien du mal à travailler ensemble. Résultat : une énorme déperdition d’énergie. Pour les mêmes propositions d’accompagnement, une même PME est souvent sollicitée successivement par ces trois organismes. De même, chacun organise dans son coin ses missions à l’international, sans se préoccuper du voisin.

Il s’agissait de mettre de l’ordre pour que ces dispositifs affichent une véritable efficacité. On l’évoquait depuis plusieurs années : une charte a enfin été signée par les principaux organismes œuvrant à l’export. D’où la venue à Lyon de Pierre Lellouche, trop content de voir enfin une initiative tenter de débloquer cette peu enviable situation régionale.

Signée par l’Etat, le Conseil régional et la Chambre régionale de commerce et d’industrie, cette charte stipule ainsi que « le point d’entrée naturel dans la relation avec les entreprises sont les CCI ». Elle met en place « une coordination dans la programmation et la mise en œuvre des missions à l’international ». En clair : pas trois missions régionales au Canada par trois organismes différents, mais une seule avec un seul organisme. Bref, un meilleur partage des rôles.

Elle précise également que « les implantation ERAI à l’international constituent le support privilégié par l’ensemble des partenaires pour l’accueil physique des entreprises rhônalpines. » Or, ERAI a développé près de quinze bureaux sur la planète, de Shanghai à Atlanta, en passant par Francfort.

Cette charte se donne enfin pour objectif de développer la procédure du Volontariat International en Entreprise (VIE) qui permet aux PME pour un coût modéré de s’offrir un jeune cadre pour s’ouvrir des marchés à l’international. En retard à cet égard, Rhône-Alpes n’en a que 450 (6 500 au plan national). L’objectif est de porter leur nombre à 15 000. Pierre Lellouche stipula qu’il a dans son ministère 60 000 candidatures de jeunes en attente !

Reste qu’il s’agit désormais de traduire dans le faits ces bonnes intentions après des années de gué-guerres picrocholines. Ce ne sera pas le plus facile.

Pour valider l’efficacité de cette charte, les acteurs ont décidé de se fixer des indicateurs, sous forme d’objectifs à atteindre (nombre d’entreprises sensibilisées et accompagnées à l’export, nouveaux VIE, etc.). Or, le choix commun de ces indicateurs n’était pas encore opéré à la signature de la charte. Son élaboration devrait même demander plusieurs mois !

On peut donc douter de l’exécution prochaine du souhait exprimé par le secrétaire d’Etat au commerce extérieur : voir la création à Lyon, comme à Lille, d’une « Maison de l’Export », au sein de laquelle tous les acteurs seraient rassemblés. Un rêve pour l’instant. Mais sous la dure contrainte de la réalité, nécessité fera-t-elle peut-être loi…

(*) L’intitulé précis de cette charte : « Partenariat stratégique en Rhône-Alpes pour l’accompagnement à l’export des entreprises. »

Photo (Gilles Roman) : Lors de la signature de la charte par Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Jean-Jack Queyranne, le président de la région Rhône-Alpes et Jean-Paul Mauduy, président de la CCIR, ainsi que par les responsables d’ERAI et d’UbiFrance.