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Les artisans du Bâtiment veulent accentuer la lutte contre le travail détaché illégal

Une première action des services de l’Etat au sein du chantier d’un grand hôtel lyonnais de la Presqu’île en travaux, a marqué les esprits en juillet dernier. Les responsables de la Capeb souhaitent que l’Etat se donne les moyens pour intensifier la lutte et multiplier ce type de contrôles. Pour la Capeb, cette année 10 000 travailleurs détachés sont encore attendus dans le département du Rhône, alors que 1 200 emplois locaux ont été perdus…

Un détective privé qui fait le pied de grue devant les chantiers, des gardes à vue… : on a là tous les ingrédients d’un beau polar. Sauf que là, on est dans la vraie vie de l’artisanat du Bâtiment du Rhône…

 La Capeb du Rhône qui regroupe 1 450 adhérents a mis les grands moyens pour lutter l’année dernière contre le travail détaché illégal, sa bête noire. S’appuyant sur des signalements-une centaine au total- émanant de ses membres qui estimaient tel ou tel chantier suspect, elle a fait appel à un détective privé ou plus précisément à une agence de sécurité économique chargée d’instruire avec précision le dossier.

 Onze dossiers transmis aux services de l’Etat

Après tri des éléments recueillis, onze dossiers ont été effectivement transmis aux services de l’Etat.

 L’action la plus spectaculaire a concerné le chantier de l’hôtel Boscolo, dans la Presqu’île lyonnaise, le 24 juillet dernier. Elle a amené une vaste opération de contrôle menée par la police et l’inspection du travail sur le chantier de rénovation de cet hôtel de prestige fermé et (toujours) en travaux, situé rue Grolée dans le 2e arrondissement de Lyon.

 Sur le chantier, vingt-huit ouvriers de nationalité tunisienne, italienne ou encore roumaine étaient présents, employés par une entreprise roumaine et italienne pour une société niçoise.

 Conduits à l’hôtel de police

Les travailleurs ont été conduits à l’hôtel de police et entendus par les enquêteurs du G2I (groupe Initiative et Investigation)…

 Une opération qui se voulait démonstratrice. A-t-elle mis un coup d’arrêt au travail détaché illégal ? Pour Antoine Leempoels, secrétaire général de la Capeb, elle a en tout cas amené une prise de conscience et montré qu’avec des moyens, on pouvait agir.

 Mais pour la Capeb, ce n’est pas encore suffisant, il faut que les pouvoirs publics mettent plus de moyens : « Il faut que l’Etat consacre un réel budget pour intensifier les contrôles. »

 Pour la Capeb, dans ce type de dossier, la sévérité doit être de mise : « Il faut que soit prononcée la suspension immédiate et sans limite de temps, de tout chantier, dès que l’infraction est prouvée. »

 Et de demander également « la limitation de la durée de détachement à la réalisation d’un seul chantier d’une durée maximale de trois mois… »

 En tout cas, les artisans rhodaniens du Bâtiments sont bien décidés à continuer dans cette direction : « Nous poursuivrons notre action et notamment les week-ends et jours fériés.. ! »

 On comprend l’ire des artisans du Bâtiment : alors que les chiffres d’affaires ont encore reculé l’année dernière de l’ordre de – 2%, la profession a perdu l’année dernière 1 200 salariés dans le Rhône, « alors que dans le même temps on attend encore en 2016 dans le département près de dix mille travailleurs détachés. »

 Petit espoir cependant. « On commence à ressentir un petit frémissement », reconnaît le secrétaire général de la Capeb du Rhône. Les investissements des collectivités sont en train de reprendre : mille chantiers (écoles, collèges, routes, etc.) sont ainsi programmés dans la Métropole Lyonnaise pendant la mandature de Gérard Collomb.

 Lancement du label « Made à côté de chez moi »

 Pour pallier cette influence grandissante de salariés extérieurs, la Capeb veut jouer sur la confiance avec ses clients, notamment particuliers et les amener à jouer la carte de la proximité.

 Elle lance cette année le label « Made à côté de chez moi », déposé à l’INPI. « Il s’agit pour nous artisans de faire valoir notre proximité et notre savoir-faire. Nous nous engageons à ce que ce soient des salariés locaux avec des entreprises locales s’approvisionnant sur place qui interviennent chez les clients. »

 Le 100 % local pour faire face à la crise ? Pourquoi ne pas effectivement essayer ?