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« Les entreprises artisanales restent d’une grande fragilité »

Recul des chiffres d’affaires, Bâtiment en mauvaise posture, baisse annoncée à le rentrée du nombre d’apprentis : selon Alain Berlioz-Curlet, président de la Chambre de Métiers Rhône-Alpes, la situation des artisans reste extrêmement fragile. L’augmentation du nombre de TPE constitue un trompe-l’œil.

Une statistique en apparence positive peut en cacher une mauvaise. En témoigne l’artisanat en Rhône-Alpes.

On pourrait se féliciter de l’augmentation du nombre d’artisans dans la région en 2013, soit + 3,6 %, portant le nombre de TPE artisanales à 123 800. Un signe de bonne santé ?

« Pas du tout-corrige aussitôt Alain Berlioz-Curlet, président de la Chambre régionale de Métiers-car ces créations de nouvelles entreprises en un an se sont réalisées à chiffre d’affaires global constant… Cette hausse s’explique par une réalité : beaucoup de chômeurs sont obligés de créer leur entreprise s’ils veulent avoir un emploi, d’où cet important chiffre de créations. C’est un trompe-l’œil.»

44 % des entreprises artisanales ont subi une baisse de leur chiffre d’affaires

Et d’ajouter : « Cela se traduit par 44 % d’entreprises artisanales ayant connu au 1er trimestre 2014 une baisse de leur chiffre d’affaires, contre 12 % seulement en hausse… »

Pour le responsable rhônalpins des artisans, seul le décolletage a connu une stabilité de son activité, pour le reste, la tendance est plutôt à la baisse.

Une situation accentuée encore pour le secteur du Bâtiment, « le Bâtiment est durement touché, de même que les services. Même l’agro-alimentaire souffre alors que l’on cesse de parler en la matière d’écosystème de proximité. »

Une autre statistique illustre cette fragilité , la situation financière des TPE. « Au cours du 1er trimestre 2014, 45 % des entreprises ont vu leur trésorerie se dégrader, ce qui a eu pour conséquence une limitation des investissements pour 72 % des entreprises artisanales », constate Alain Berlioz-Curlet.

Un autre fait illustre aussi cette situation : l’apprentissage est en baisse. « Dans ce cadre, les entreprises artisanales embauchent moins, ce qui se répercute sur l’apprentissage : le nombre d’apprentis devrait baisser de 4 % lors de la rentrée 2013/2014 en Rhône-Alpes : cela nous inquiète : il en va de l’avenir de nos entreprises et de nos savoir-faire », regrette Alain Berlioz-Curlet.

La situation ainsi brossée n’incline guère à l’optimisme. « C’est bien la raison pour laquelle avec huit organisations patronales, nous avons signé un texte exprimant l’extrême urgence d’appliquer les réformes annoncées et de revoir le pacte de responsabilité sur deux volets : le compte pénibilité et la question du seuil pour les contrats de travail », explique le président de la Chambre régionale des Métiers.

Pas de fusion avec les CCI

La Chambre régionale de Métiers observe évidemment de près la réforme territoriale et le regroupement des régions. « Nous allons bien sûr travailler avec la région Auvergne, une région d’ailleurs qui a su mieux que Rhône-Alpes capter des fonds européens », commente Alain Berlioz-Curlet.

En revanche, pour lui « Pas question de fusionner avec les CCI comme le souhaitaient beaucoup de rapports gouvernementaux. Ce n’est plus à l’ordre du jour : nous voulons conserver notre maillage et notre indépendance. Nous voulons aussi conserver notre visibilité. »

En revanche, Alain Berlioz-Curlet « croit beaucoup aux structures intra-consulaires. »

« De même-ajoute-t-il-il y a une loi, nous nous devons de l’appliquer : on va plafonner nos ressources et perdre notre fonds de roulement, même si je trouve cela plutôt cavalier de la part de l’Etat ! »

Il précise  en guise de conclusion: «  Nous allons donc poursuivre la mutualisation de nos moyens : j’espère que ce sera le moins douloureux possible pour notre réseau… »