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Les hôteliers lyonnais partent en guerre contre un risque de surcapacité et une concurrence « déloyale »

  Douze mille cinq-cents chambres actuellement, des milliers de nouvelles en prévision : les hôteliers lyonnais appartenant à l’Umih voient leur avenir avec inquiétude. D’autant qu’aucune régulation n’est plus possible. Pour atténuer le choc, ils entendent lutter contre un second front : la concurrence déloyale des résidences de tourisme, des chambres d’hôtes et des appartements meublés en location de courte durée.

 « Le schéma hôtelier prévoyait la création de trois mille chambres supplémentaires. Nous en sommes à deux mille-cinq-cents. Et tout laisse à penser que ce chiffre sera largement dépassé !», s’enflamme Laurent Duc, un hôtelier, président de l’Umih 69 qui revendique 85 % d’établissements syndiqués dans le Grand Lyon.

188 hôtels dans l’agglomération lyonnaise

Au fil des ouvertures de nouveaux établissements, on sentait monter la grogne chez les professionnels. Elle éclate désormais au grand jour. Lesdits professionnels sont d’autant plus inquiets pour l’avenir que plus aucune régulation n’empêche désormais quiconque d’ouvrir un hôtel.

Le Grand Lyon compte désormais 188 hôtels, ce qui représente une capacité de 12 500 chambres : il s’agit du quatrième parc hôtelier de France.

Cette progression a accompagné le développement du tourisme urbain suite au classement au Patrimoine mondial de l’Unesco, il y a quinze ans, mais aussi celui du tourisme d’affaires.

Mais pour les professionnels lyonnais, le rythme de nouvelles constructions est devenu infernal. Cinq mille nouvelles chambres pourraient voir le jour au cours des prochaines années. Et pas seulement des établissements comme l’Intercontinental 5 étoiles de l’Hôtel-Dieu, un segment de marché où la concurrence est faible, mais surtout dans l’hôtellerie économique et milieu de gamme.

Le taux d’occupation moyen tend à diminuer

« Résultat-poursuit Laurent Duc-le prix moyen d’une chambre stagne depuis plusieurs années, tandis que le taux d’occupation moyen des hôtels tend à diminuer, hors, bien sûr les périodes de grandes manifestations dans le Grand Lyon, Fête des Lumière ou grands salons qui ne représentent que quelques jours par an. »

Et de donner pour preuve les chiffres du mois d’avril dernier dans l’agglomération lyonnaise : « 61,5 % de taux d’occupation pour l’hôtellerie haut de gamme avec un revenu moyen par chambre (RMC) louée en baisse de 1,7 % ; 60 % pour l’hôtellerie milieu de gamme avec un RMC en baisse de 1,1 % ; et 66 % pour l’hôtellerie économique avec un RMC en recul de 3,2 %. »

Les hôteliers se sentent impuissants face à cette vague de nouvelles ouvertures. Ils veulent donc agir là où ils le peuvent. Et donc lutter contre ce qu’ils estiment être « de la concurrence déloyale ».

Ils ciblent d’abord les résidences dites de tourisme dont la croissance est encore plus rapide que celle des chambres d’hôtel. On compte ainsi à Lyon 3 125 appartements ainsi classifiés, soit une augmentation de…16,75 % l’année dernière ! Ce parc devrait encore augmenter de 382 appartements cette année.

Là encore, il est difficile pour les hôteliers de lutter contre ce développement, s’appuyant de surcroît sur des possibilités de défiscalisation. Ils veulent au moins s’opposer à la confusion volontairement entretenue, certaines résidences de tourisme s’autoproclamant « résidences hôtelières, » ou d’autres, s’intitulant « suites, un terme utilisé dans le monde de l’hôtellerie ».

Des recours auprès de la DGCRF

Même concurrence déloyale, estiment-ils de la part de chambres d’hôte ou d’appartements meublés « dont 80 % ne seraient pas déclarés », selon le responsable de l’Umih. Dans ces cas précis, les hôteliers comptent bien multiplier les recours auprès de la DGCRF, l’autorité de la concurrence.

Les hôteliers de l’agglomération lyonnaise estiment ce nouvel environnement d’autant plus difficile qu’ils doivent eux, selon la loi, dans le même temps, mettre aux normes handicapés leurs hôtels d’ici le 1er janvier 2015, ce qui pour certains établissements représente un investissement très lourd.

Ainsi à Lyon, toujours selon l’Umih, « 85 % de l’hôtellerie indépendante n’est pas encore aux normes. » Leurs dirigeants espèrent que la loi sera assouplie. « Sinon, il existe un vrai risque que des établissements, ne pouvant faire face, mettent la clé sous la porte », assure Alix Reverchon, responsable de cette petite hôtellerie à l’Umih Rhône.

Il faut ajouter que cette ire des hôteliers est d’autant plus vive que la crise économique n’arrange rien. Il est probable qu’en période de croissance économique plus soutenue, les difficultés seraient moins vives. La crise les met en évidence.

IllustrationParmi les projets hôteliers à venir, celui du « Two Lyon » qui, intégré à la gare de Lyon Part-Dieu, est constitué par un ensemble immobilier IGH (Immeuble de Grande Hauteur). Il regroupera deux enseignes hôtelières 4 étoiles, soit 460 chambres au total. Sa construction effectuée par le Groupe Vinci est prévue pour 2018, en lieu et place de l’actuel hôtel Athéna.