Toute l’actualité Lyon Entreprises

Les professionnels de la Nuit veulent développer la vie nocturne à Lyon

Il y a trois ans, les professionnels de la nuit lançaient un cri d’alarme : « la nuit lyonnaise est en danger… » On n’en est plus là. Rassurés et regroupés en association, « Umih-Nuit », présidée par Pierre Chambon, ces professionnels travaillent désormais au développement d’une vie nocturne de qualité à Lyon en synergie avec la Sûreté de Police et la municipalité. Leur objectif désormais : intégrer la vie nocturne dans la politique de développement touristique de Lyon, mais pour cela, ils veulent paradoxalement que soit mise en place une polititique plus répressive…

« Lorsqu’on parle de Barcelone, on a tendance à évoquer immédiatement la richesse de sa vie nocturne. Pourquoi n’en serait-il pas de même à Lyon ? » s’interroge Thierry Lahon, un professionnel de la nuit, secrétaire général de l’Umih Nuit, le syndicat qui fédére les métiers de la vie nocturne qui représenterait, selon ces patrons d’établissements nocturnes près de 500 entreprises et 5 000 emplois.

Mais que de chemin parcouru depuis trois ans ! La nuit lyonnaise était alors en danger. A telle enseigne que ces professionnels, allergiques jusqu’alors à toute action collective se regroupaient et lançaient, avec l’appui du Medef et de la CCI de Lyon, un cri d’alarme : «  sauvez la nuit ! » On n’en est plus là du tout. Trois ans plus tard, le mot d’ordre est plutôt : comment développer la nuit lyonnaise pour en faire un produit touristique, un élément d’attraction, valorisé par l’Office du Tourisme ?

« Sortir nos entreprises de la pécarité »

« La situation était alors dramatique, compliquée. Il s’agissait alors de sortir nos entreprises de la précarité et du statut de canard boiteux », se souvient Pierre Chambon, président de l’Umih-Nuit.

Entre-temps, ces professionnels ont rejoint la principale association d’hôteliers et de restarauteurs, l’Umih (*) et ont surtout commencé à travailler en bonne intelligence avec la Police, en l’occurrence, la Sûreté Urbaine, mais aussi la Préfecture et la Ville de Lyon, tous partenaires avec lesquels, jusqu’alors les relations étaient inexistantes.

Trois ans après, le paysage de la nuit lyonnaise a radicalement changé. « Une charte pour la qualité de la nuit nocturne » de trente-cinq pages a été élaboré avec la municipalité, tandis qu’un comité de suivi était mis en place pour s’assurer que les préconisations instituées par cette charte se traduisaient réellement dans la réalité.

Parallèlement, deux dispositifs de concertation étaient instaurés. Une « cellule de suivi de la vie nocturne » voyait le jour en collaboration avec la Sûreté urbaine de Lyon dans le but d’assurer un suivi des problèmes rencontrés : réglant les demandes de fermetures tardives, portant un regard sur la gestion de certains établissements, sur la lutte contre la drogue, l’alcoolisme des jeunes, les problèmes éventuels de racket, ceux des relations des établissements avec le voisinage, etc.

Un deuxième dispositif voyait également le jour : « Un Comité de pilotage partenarial de la vie nocturne. » Rassemblant là encore la Sûreté urbaine de Lyon et les élus, ce comité s’est donné, lui, pour but de réfléchir à une stratégie de développement de la vie nocturne à Lyon.

« Dans le cadre de cette dynamisation de la vie nocturne, au sein de ce comité, notre rôle est d’être une force de propositions », assure Pierre Chambon, le président de l’Umih-Nuit.

Des propositions pour plus de… répression

On peut constater que ces propositions ne manquent pas. Elles se situent d’ailleurs paradoxalement sur un mode répressif.

« Nous demandons que l’arrêté d’interdiction des ventes d’alcool après 22 heures soit renforcé », admet Thierry Lahon, secrétaire génral d’Umih-Nuit.

Ce dernier voudrait également que l’on aille plus loin et que, « comme à Strasbourg, soit institué un arrêté municipal contre l’ivresse sur la voie publique avec une amende à la clef : elle est de 67 euros dans la capitale alsacienne : il faut développer la responsabilité individuelle des gens, la nuit !»

Les professionnels lyonnais des discothèques, boîtes de nuit et autres bars musicaux aimeraient aussi, comme c’est le cas dans de nombreuses grandes villes européennes, que les transports publics fonctionnent toute la nuit le week-end. « En compagnie de représentants de la municipalité, nous allons rencontrer les responsables du Sytral, l’organisme des transports à Lyon, pour réfléchir avec eux sur une telle possibilité. ».

« Jouer un rôle dans le cadre de l’attraction touristique »

Les professionnels de la nuit qui s’estiment désormais reconnu, veulent enfin aller plus loin et travailler avec l’Office du tourisme. « Nous souhaitons que se mette en place une vraie communication sur la nuit lyonnaise, en faisant valoir qu’elle ne pose pas seulement de problèmes de nuisances, mais surtout qu’elle recèle des aspects positifs et qu’elle peut jouer un rôle dans le cadre de l’attraction touristique de la ville ! »

Certes, mais il reste tout de même pas mal de chemin à parcourir pour que la nuit lyonnaise rivalise avec celle de Barcelone dont la réputation n’est pas usurpée…

(*) Umih (Union Métiers Industries Hôtellerie) est un syndical patronal qui représente le secteur de l’hôtellerie, de la restauration, des cafés et des discothèques en France.

Photo (DL)-Les responsables de l’Umih-Nuit autour de leur président, Pierre Chambon.