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Les unités de méthanisation se multiplient en Rhône-Alpes : le boom annoncé du biogaz

Il existait seulement trois unités de méthanisation chez des agriculteurs en Rhône-Alpes. Une quinzaine de nouveaux sites devraient voir le jour d’ici à un an et sans doute une bonne cinquantaine d’ici six à sept ans, avec quelques gros projets en perspective. Une nouvelle filière biogaz est en train de se développer dans la région, attirée par les 60 millions d’euros d’investissement annoncés dans cette nouvelle production d’énergie verte.

Deux chiffres illustrent le retard de la France en matière d’unités de méthanisation. L’Allemagne en compte 6 000 et la France…83 !

 En France, on parle beaucoup d’éolien ou de panneaux photovoltaïque, mais la méthanisation était jusqu’à présent passée sous silence. Comme oubliée. Dans la crise que traverse l’agriculture, elle peut pourtant constituer une nouvelle source de revenu pour les exploitants. Et ce, en utilisant les sous-produits de l’agriculture que sont le fumier et le lisier pour produire du biogaz et à partir de ce gaz, de la chaleur et de l’électricité, ce que les spécialistes appellent la cogénération.

 Chaque unité construite représente des investissements souvent lourds, supérieurs au million d’euros, mais il permettent, depuis peu, un retour financier rapide : en moins de six ans !

 Bien après l’Allemagne, le gouvernement français a fini par se réveiller et a développé depuis 2011 des mesures particulièrement incitatives : augmentation de 20 % du prix de l’électricité réinjecté dans le réseau d’ERDF, mais aussi le rachat à un bon prix du gaz produit s’il est réinjecté directement dans le réseau.

 Le Conseil régional Rhône-Alpes a, dans le même temps, accentué le mouvement en octroyant des aides financières à la construction d’unités de méthanisation

Un investissement de 9,2 millions d’euros à Bourg-de-Péage

 Résultat : la filière qui affichait un encéphalogramme plat (trois unités seulement en Rhône-Alpes !) s’est ébrouée et les projets se multiplient, à l’instar de Citer, programmé près de Bourg-de-Péage dans la Drôme : un investissement de 9,2 millions d’euros pour financer la production de 2 Mégawatts d’électricité, associés à un réseau de chaleur irriguant des immeubles.

« Une quinzaine de nouveaux sites, d’ores et déjà programmés et financés, verront le jour d’ici six mois à un an dans la région », constate Lionel Tricot, chargé de mission méthanisation à Rhônalpénergie. Des projets pour certains déjà sortis de terre qui permettent de lever les inquiétudes des élus ou des riverains.

 « Il faut reconnaître qu’un autre frein existait, ralentissant la filière : la crainte vis-à-vis du gaz, considéré comme dangereux et susceptible de propager de mauvaises odeurs : le fait de montrer des unités qui fonctionnent bien, permet de lever rapidement ces craintes. Nous bénéficions désormais de vitrines que l’on peut montrer et c’est une bonne chose », se félicite le « Monsieur méthanisation » de Rhônalpénergie.

 Il précise : « La méthanisation fonctionne le mieux lorsqu’elle permet des synergies entre éleveurs et céréaliers. Elle suscite en effet un sous-produit, le digestat qui est désodorisé et qui est utilisé pour amender les champs, permettant un recyclage complet. »

 Une dynamique est donc en train de s’enclencher. A telle enseigne que l’on comptabilise à ce jour plus de cinquante projets toutes phases de préparation confondues dans la région (le processus est long). Tous ne verront peut-être pas le jour, mais ce rythme qui s’accélère devrait permettre d’atteindre rapidement les objectif fixés par le gouvernement : un millier d’unités dans toute la France, soit une cinquantaine pour Rhône-Alpes.

300 000 tonnes de matière traitée

 « Cela représentera dans la Région près de 300 000 tonnes de matière traitée et un investissement global que l’on peut estimer entre 50 et 60 millions d’euros au cours des six prochaines années », pronostique Lionel Tricot.

 Cette filière qui se met en place intéresse en outre diablement les constructeurs qui lorgnent ce marché.

 De nouveaux arrivants se positionnent, à l’image de la société italienne Faresin Industrie qui vient de s’implanter à Saint-Priest près de Lyon où elle prévoit de créer douze emplois.

 Cette entreprise spécialisée dans les mélangeurs agricoles est en train de se diversifier dans le biogaz : elle observe avec grand intérêt ce développement qui devrait lui assurer un nouveau moteur de croissance.

 Illustration (source : Rhônalpénergie) : La carte des projets d’unités de méthanisation destinés à se concrétiser en Rhône-Alpes d’ici la fin 2013.