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Liaison Starshipper Lyon-Turin  : le petit Poucet qui n’a pas peur des grands

Yves Plessis,  le jeune patron des Courriers Rhodaniens, une PME familiale de 300 personnes basée à Saint-Peray dans la vallée du Rhöne, n’a pas froid aux yeux. Il a été le premier patron d’une société de transport privée en Rhône-Alpes à ouvrir une ligne internationale au départ de Lyon dès que la loi, très restrictive en la matière l’a autorisé, en juillet 2012. Désireux de se développer sur ce créneau, il vient de demander le feu vert pour un Paris-Turin et un Lyon-Barcelone.

 Primauté au rail oblige, notre pays est extrêmement corseté en matière de transport de voyageurs par autobus. Une entreprise privée de transport par bus ne peut, par exemple, toujours pas proposer un Lyon-Dijon, voire même un Lyon-Valence. Les liaisons de région à région sont interdites au privé.

On comprend dès lors, mieux pourquoi Yves Plessis dont les 250 bus ne sont utilisés via des appels d’offres pour assurer des liaisons pour le compte de collectivités locales de Rhône-Alpes, a tout de suite vu une possibilité de diversification, en lançant une liaison par bus de tourisme, Lyon-Turin, dès que la possibilité a été ouverte par la loi, en juillet 2012..

 Un investissement d’un million d’euros

Il connaissait déjà bien déjà cette ligne pour l’avoir assurée pendant six ans, en ayant remporté l’appel d’offres, lorsque dans le cadre de l’ancienne organisation, elle était financée comme liaison publique, respectivement  par les  régions  Rhône-Alpes et Piémont.

Pour ce faire, la patron des Courriers Rhodaniens a engagé un investissement d’un million d’euros pour pouvoir utiliser trois bus de tourisme de quarante-huit places, de marque Iveco et Mercedes et donc confortables avec wi fi à bord (*) et toilettes.

 Et a mis derrière le volant, l’équivalent temps plein de onze chauffeurs.

 Il a lancé cette liaison le 6 juillet 2012 sous la marque « Starshipper », créée par une réseau de PME indépendante de transport de voyageurs en France, « Réunir » dont il fait partie et qui regroupe une centaine de chefs d’entreprise dans soixante départements.
Enfin, il a mis en place, au départ de la gare de Lyon Part-Dieu,vingt-quatre aller-et-retour par semaine Lyon-Turin, via Chambéry.

Vingt-neuf euros le trajet et dix-neuf mille passagers en un an

Pour mettre toutes les chances de son côté, il a opté pour une politique tarifaire low-cost : 29 euros le trajet aller simple, dans le but d’attirer, à côté des voyageurs affaires et des italo-français nombreux des deux côtés des Alpes, une population étudiante et familiale.

Quel est le résultat de cette ligne Starshipper Lyon-Turin-Lyon, un peu plus d’un an après son lancement ? « Nous tenons nos objectifs. Lancer une nouvelle ligne prend toujours du temps. Nous avons transporté l’année dernière 19 000 passagers, ce qui nous a assuré un taux de remplissage de 40 % », se félicite Yves Plessis.

 Il poursuit : « C’est insuffisant bien sûr pour rentabiliser immédiatement la ligne, mais le côté positif est que, mois après mois, le trafic ne cesse de progresser comme nous avons pu le constater une nouvelle fois en janvier 2014. Nous sommes sur la bonne tendance ».

Il est vrai que l’équation s’est compliquée, six mois après le lancement, avec l’arrivée d’un concurrent de poids qui n’est autre qu’iDBus, une filiale de la SNCF qui au départ de la gare de Perrache à Lyon, a lancé sa propre ligne Lyon-Turin-Milan à des tarifs encore plus low-cost au départ, mais depuis, la filiale de la SNCF s’est alignée sur les tarifs des Courriers Rhodaniens.

Pour autant, Yves Plessis ne se décourage pas. Il escompte arriver à un taux de remplissage de 50 % cette année et de 75 % en 2015 : ce serait alors l’année de l’équilibre financier de la ligne.

 Elle serait donc rentable, au regard, du moins des taux de marge habituels des entreprises de transport de voyageurs par autobus qui en moyenne se situent autour de 1 %.

L’initiative d’Yves Plessis est en tout cas observée de près par tous ses confrères : le marché international ouvert en 2012, suscite bien évidemment des appétits. Et l’on sait bien qu’en la matière, les premiers sur les rangs seront ceux qui pourraient bien emporter la mise.

 Un Paris-Turin et un Lyon-Barcelone dans les tuyaux

Le jeune patron des « Courriers Rhodaniens » ne veut pas en rester là. Il a déjà déposé au ministère des transports une demande d’autorisation pour ouvrir un Paris-Turin, ainsi qu’une ligne d’autobus Lyon-Barcelone. Un autre challenge pour cette dernière liaison car là, la  concurrence est rude en matière de transport aérien (deux lignes), mais aussi de bus, avec deux liaisons également (Eurolines et iDBus).

Mais Yves Plessis en est persuadé : le transport de voyageurs en autobus pour des durées de trajets de quatre à six heures va inéluctablement se développer en Europe. Pour lui, cela va dans le sens de l’histoire.

Il entend faire partie de ceux qui auront été visionnaires et auront su sauter à temps dans le train ; pardon, dans le bus…

(*) Uniquement dans la partie française du trajet.