Toute l’actualité Lyon Entreprises

Loyers à Lyon et en Rhône-Alpes : net retournement de tendance

Les fortes hausses des loyers du marché locatif privé enregistrées entre 2008 et 2011 (+ 3,3 en moyenne en Rhône-Alpes) ont stoppé net. Les cinq premiers mois de l’année 2011 marquent un recul sensible à l’occasion de la signature de nouveaux baux : – 1,2 % dans la région et – 4,2 % dans le Rhône avec un record de – 4,6 % à Lyon. La reprise rapide de 2010 après la crise a fait faux bond : c’est le premier recul enregistré à Lyon depuis 2007. Hésitant et incertain, le marché pourrait bien mettre un certain temps à repartir. Avec pour conséquence une dégradation des conditions de mise en location, les propriétaires rechignant pour des raisons économiques à réaliser les travaux nécessaires.

Alors que la reprise s’est enclenchée dans la plupart des secteurs de l’économie, et que le chômage tend à lentement régresser, il reste un secteur toujours fragile : l’immobilier. Dans un récent article nous avions mis le doigt sur la forte chute des ventes de logements neufs dans l’agglomération lyonnaise au cours du premier trimestre 2011: – 47 %.

Un autre domaine donne des signes de faiblesses : les loyers. Il s’agit certes d’une bonne nouvelle pour les locataires qui, parallèlement à la flambée des prix de l’immobilier, ont eu à connaître une hausse supérieure à l’inflation au cours des cinq dernières années (+ 3,5 % à Lyon et + 3,3 % en Rhône-Alpes, contre + 2,9 % dans la France entière), mais elle est évidemment moins bonne pour les propriétaires.

Elle pourrait même avoir des conséquences économiques pour Michel Mouillart, professeur d’économie spécialisé dans l’immobilier, qui présentait à Lyon les dernières statistiques de l’Observatoire des loyers de l’UNIS (*). Selon lui, « la hausse des loyers n’est pas suffisante pour permettre d’assurer financièrement les travaux de remise aux normes nécessaires dans 27 % des relocations. » Ce qui peut signifier à terme une dégradation de la qualité des logements à l’heure où les propriétaires sont conviés à se mettre aux normes du Grenelle de l’Environnement (la Réglementation Thermique 2012). Certes, celle-ci n’est pas obligatoire pour les logements anciens, mais les bilans thermiques qui le sont, sont, eux, incitatifs.

Les statistiques concernant les cinq premiers mois de 2011 marquent un infléchissement très net des loyers du marché locatif privé enregistrés lors de la signature de nouveaux baux. Le recul s’établit à – 0,2 % pour la France entière, à – 1,2 % en Rhône-Alpes, mais à – 4,2 % dans le Rhône, avec un record de – 4,6 à Lyon ! Contrecoup des fortes hausses de loyers enregistrées ces cinq dernières années : sans doute en partie.

Corollaire de cette situation, les professionnels constatent une augmentation de la durée durant laquelle les logements sont vacants : en cinq ans, la durée de vacance s’est accrue de 10 % en Rhône-Alpes, mais de 26 % dans le département du Rhône. Celle-ci représente désormais une moyenne de 1,5 semaine supplémentaire de recettes perdues (soit 9 semaines au total) pour les propriétaires.

Le prix moyen des loyers du marché locatif privé qui s’établissait de 12,1 euros du m2 à Lyon, à 12,9 euros/m2 à Annecy pour les plus chers, à 8,3 euros/m2 à Valence ou 7,1 euros/m2 à Saint-Etienne pour les moins chers, va donc connaître un sérieux coup d’arrêt.

Celui-ci va-t-il perdurer ? Michel Mouillart ne l’exclut pas. Pour lui, « Le marché devrait rester hésitant et incertain et avoir beaucoup de mal à se relever : le recul des loyers devrait se confirmer tout au long de l’année. » Et de conclure :  « Nous sommes sur un marché qui a incontestablement du mal à sortir de la crise. » On avait cru oublier ce dernier terme, mais il resurgit là où on ne l’attendait pas.

(*) L’Observatoire de la formation des loyers de l’Unis a établi ses statistiques sur une base de 105 340 baux signés dans le Rhône et de 223 210 en Rhône-Alpes du marché locatif privé (il n’existe pas de statistiques similaires pour le secteur public).