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Lyon Ville de l’Entrepreneuriat a dix ans : une réussite qui pose questions

Au lieu de tirer à hue et à dia, dans une même volonté politique et consulaire, naissait en 2002 « Lyon Ville de l’Entrepreneuriat », dans le but de faire travailler ensemble pour la première fois toutes les structures œuvrant autour de la création d’entreprise. La réussite se lit dans les chiffres : 14 600 entreprises créées en 2011 dans le Grand Lyon : une multiplication par trois en dix ans, mais…

Lorsque Gérard Collomb, président du Grand Lyon, avec l’appui de la CCI de Lyon lance en 2002 le concept « Ville de l’Entrepreneuriat », le scepticisme était général. Son idée de créer une organisation sous la forme d’un partenariat fédérant la vingtaine de professionnels et d’organismes de l’entrepreneuriat plutôt habitués à se concurrencer qu’à travailler ensemble, ne pouvait que capoter, assuraient les Cassandre. Ils avaient tout faux.

 Dix années après « Lyon Ville de l’Entrepreneuriat » est une incontestable réussite. Sous cette appellation se regroupent désormais pas moins de quarante-huiT structures dont vingt-six « portes d’entrée » destinées à orienter les créateurs d’entreprises.

 Plus de deux cents experts accueillent les porteurs de projet tout au long de leur parcours d’obstacle : de l’idée, à la création, jusq’au financement, voire à la reprise ou à la transmission d’entreprise. Chaque année de dix à douze mille porteurs de projets sont accompagnés.

 « Tout créateur d’entreprise se trouve désormais dans la Grand Lyon à un quart d’heure d’une structure capable de prendre en compte son problème : c’est un label, gage de professionnalisme, permettant de dire que cette structure de proximité sera à même de l’informer et de l’orienter », se félicite Ronald Sannino de la CCI de Lyon. Et d’ajouter : « Comme Göteborg en Suède actuellement, certaines villes veulent même désormais copier notre réseau, ce qui illustre son efficacité, non pas fondée sur l’incantation, mais sur une vraie volonté de travailler en commun ».

 Cette réussite se lit dans les stastistiques. En dix ans, le nombre de créations d’entreprises est passé dans le Grand Lyon de 4 919 en 2002, à 14 600 l’année dernière, soit une multiplication par près de trois. Et ce, alors qu’au début des années 2000, les créations d’entreprises stagnaient autour de 5 000, avant de repartir de l’avant au fil des années.

 Il faut bien reconnaître cependant que ces statistiques ont été dopées par la création du statut d’auto-entrepreneur qui, de 2008 à 2009 a fait bondir les créations d’entreprises de 8 057… à 14 326. Mais, en décélération désormais, les entreprises sous ce récent statut n’étaient plus que 6 500 en 2011. Si on les supprimait des statistiques, la hausse des créations d’entreprise en dix ans resterait en 2011, conséquente : + 65 %.

 Autre preuve de sa réussite, le concept de Lyon Ville de l’Entrepreneuriat s’est étendu à la Région, comme le souligne Jean-Louis Gagnaire, vice-président chargé de l’Economie : « Nous avons repris le concept pour créer le dispositif Creafil : tout Rhône-Alpes est déjà couvert : le dispositf continue même de se développer : nous n’arrêtons pas d’ajouter des strates !»

 Au-delà de l’autosatisfaction généralisée, cette réussite n’est pas exempte d’interrogations. Elese sont mises en avant par Alain Fayolle, professeur à EM Lyon. S’il note « que la proportion de créations d’entreprises est plus élevé à Lyon qu’au plan national, une majorité d’entreprises est créée sans salarié : il faudrait réfléchir sur un enrichissement de ces créations. »

 La pérennité de ces créations l’interroge également : « Quantativement, il s’agit d’une réussite, mais qualitativement ? Il est maintenant facile à Lyon de créer son entreprise, mais pour les pérenniser, c’est beaucoup plus compliqué… » Certes, le taux de survie des entreprises passant par le dispositif s’est élevé à près de 70 %, ce qui est nettement plus élevé que pour une start-up livrée à elle-seule. Mais selon lui, ce taux peut être encore amélioré.

 Enfin, pour Alain Fayolle, le statut d’auto-entrepreneur, certes décrié ici ou là, a néanmoins constitué un vrai facteur déclenchant : « Il a permis à des créateurs par ailleurs salariés de concrétiser leur idée et de la tester : il a rendu les choses plus faciles. Ils peuvent ensuite passer à une autre structure juridique »

 Une autre certitude, « Lyon Ville de l’Entrepreneuriat » a aussi bénéficié ces dernières années d’une image de plus en plus positive de la création d’entreprise. Le cercle vertueux est bien parti pour se poursuivre, mais il ne faudrait pas pour autant que Lyon Ville de l’Entrepreneuriat s’endorme sur ses lauriers…

Photo-Deux parmi les plus célèbres entrepreneurs lyonnais la semaine dermière au Salon des Entrepreneurs, à la cité internationale à Lyon : Bruno Rousset (April) et Bruno Bonnell (Robopolis).