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Lyon constitue une de ses trois bases opérationnelles : la réplique massive de la SNCF au boom annoncé de l’autocar

Le transport par autocar a longtemps été restreint en France pour protéger les intérêts de la SNCF. Maintenant que les transports par bus de ville à ville sont désormais autorisés par la loi Macron, la Dame du fer est, face à la déferlante étrangère, bien obligée de se lancer dans le grand bain du transport par car : elle crée 130 lignes vers 46 destinations !

Parmi les nombreux acteurs qui n’ont pas attendu pour répondre à l’ouverture du marché du transport par autocar permis par la loi Macron, figure deux mastodontes : l’Allemand Flixbus et l’Irlandais Megabus, sans oublier l’ancêtre, Eurolines qui opère à cette occasion une cure de rajeunissement.

 On attendait la réplique de la SNCF à ce bouillonnement qui pourrait lui causer un grand tort. C’est sûr, la grande folie du transport par autocar qui cet été s’est emparé de l’Hexagone va lui faire perdre des parts de marché dans le domaine du transport par rail.

 La SNCF prévoit de perdre entre 100 et 120 millions d’euros

 La Dame du fer allait-elle se laisser piquer ses parts de marché sans rien dire ? Elle prévoit de perdre entre 100 et 200 millions d’euros sur ses TGV et Intercités du fait de la concurrence des autocars. Comment allait-elle réagir ?

 Sa réaction est, comme on s’y attendait, vigoureuse. La SNCF a lancé vendredi 4 septembre une offensive d’envergure : 130 lignes vers 46 destinations.

 Et ce, via un dispositif s’appuyant sur trois « bases » dans l’Hexagone : Vitry-sur-Seine, Lille et logiquement Lyon qui se situe à un important carrefour.

 Pour mener à bien cette offensive autocariste, la SNCF s’appuie sur sa filiale IDBus rebaptisée Ouibus. Il ne faut pas oublier que la SNCF est déjà un important autocariste.

 La taille de Ouibus est appelée à doubler avec un réseau de cent-trente liaisons (dont sept de nuit) vers quarante-six destinations, dont trente-cinq en France. Le tout avec des fréquences importantes. «Ouibus veut faire de la densité sa vraie marque de fabrique. On va aller chercher ce marché ! », scande Rachel Picard, directrice générale de SNCF Voyages.

 Quatorze allers-et-retours par jour entre Paris et Lyon !

 Les fréquences seront en effet importantes sur « les axes favoris du covoiturage » comme Paris-Lyon, via quatorze allers-et-retours par jour. Mais aussi, Paris-Nantes (neuf aller-retours par jour), Paris-Lille (seize AR par jour), Paris-Rennes (sept AR par jour).

 Pour mettre toutes les chances de son côté, la SNCF entend également entrer dans la guerre des prix : les prix d’appel sont fixés à… 5 euros l’aller simple.

 Et l’ambition est forte : « Notre objectif est de monter jusqu’à huit millions de voyages proposés en 2018 », explique Rachel Picard.

Emmanuel Macron avait assuré que la libéralisation du transport par car allait créer des milliers d’emplois. La SNCF y apporte sa part : trois cents emplois directs (dont deux cents emplois de conducteurs) seront créés pour assurer ce développement.

 Les IDBus étaient plutôt orientés low cost. Changement de stratégie : les OuiBus grimpent en gamme : ils seront notamment équipés de wifi et de prises électriques.

 La SNCF achète quatre-vingts bus

 Pour exploiter un tel réseau, la SNCF utilisera quatre-vingts bus qu’elle vient d’acheter. Elle fera aussi appel à ceux d’autocaristes partenaires.

 Il s’agit de mettre rapidement les moyens pour capter la clientèle.

 Les opérateurs les plus rapides, à condition qu’ils en aient les moyens financiers-car il ne faut pas se leurrer les premiers tours de roues se feront à perte- pourraient bien emporter la mise. La SNCF entend bien en faire partie, même si cela peut entamer son bénéfice net.