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Messier-Bugatti  à Villeurbanne : un investissement de 5 millions d’euros qui réinjecte « une part de futur » sur le site

Sa pérennité est désormais assurée. Le site Messier-Bugatti (Groupe Safran) de Villeurbanne vient de bénéficier d’un investissement de 5 millions d’euros qui permet d’installer deux bancs d’essais qui permettent enfin de mettre en place le chaînon manquant entre la production et la Recherche. La Métropole de Lyon et la Région ont mis au pot, ce qui a aidé à la décision d’investissement.

Il n’est pas très courant de voir des collectivités financer des investissements industriels, de ce type, du moins. C’est pourtant ce qu’ont respectivement effectué récemment la Métropole lyonnaise et la région Rhône-Alpes.

 Ces deux collectivités ont chacune participé à hauteur de 100 000 euros (une délibération votée par ailleurs à l’unanimité au conseil métropolitain) pour faire basculer vers Lyon, ou plus précisément Villeurbanne un investissement de 5 millions d’euros réalisé par le groupe Messier-Bugatti.

 En concurrence avec Vélizy et le Kentucky

 Un investissement qu’au sein de cette filiale du groupe français Safran (69 000 personnes, 15,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires), on mettait en concurrence entre le centre de Recherche de Vélizy en région parisienne et celui basé dans le Kentucky, aux Etats-Unis.

 C’est finalement l’unité de Villeurbanne qui vient de fêter ses trente ans d’existence qui a emporté le morceau. Une décision logique quelque part, comme le signale Vincent Mascré, le président de Messier-Bugatti : « Il existait un chaînon manquant entre la Recherche que nous effectuons sur place à Villeurbanne et la production de freins en carbone pour l’aéronautique : cet investissement permet de réinjecter une part de futur sur le site.. »

 Sans cet investissement, l’usine villeurbannaise de Messier-Bugatti risquait d’être marginalisée, reconnaît le patron de la filiale de Safran.

 51 % du marché des jets commerciaux

 Messier-Bugatti fournit notamment toute la flotte d’Airbus : Messier-Bugatti détient 51 % du marché des jets commerciaux équipés de freins carbone, mais aussi bon nombre de voitures de Formule 1 dont celles des écuries McLaren et Williams

 Sans rentrer dans les détails techniques, le nouvel atelier d’essais de Villeurbanne inauguré par les responsables de Messier-Bugatti, David Kimelfeld, 1er président de la Métropole de Lyon et Farida Boudaoud pour la Région Rhône-Alpes, comprend deux « dynamomètres axiaux », en l’occurrence des bancs d’essais qui permettent de tester les freins en reconstituant les conditions de roulage, parfois extrêmes.

 Des installations qui permettent de mesurer l’efficacité et la fiabilité des freins d’Airbus, mais aussi de tous les types d’avions commerciaux (500 compagnies aériennes clientes), d’affaires, voire militaires.

 Ces deux dynamomètres du banc d’essais permettent de couvrir toutes les conditions d’utilisation. Y compris celles dite du RTO (rejected takeoff) qui consiste à interrompre d’urgence un décollage, alors que l’avion est déjà au roulage. Une procédure de freinage d’urgence qui met les freins en conditions extrêmes.

 Jusqu’à présent, Messier-Bugatti ne disposait que d’un seul banc d’essai de ce type à Vélizy.

 Cette nouvelle installation permet à l’entreprise de doubler sa capacité d’essais. Le site villeurbannais renforce de ce fait sa position en tant que pôle d’expertise carbone.

 Cela signifie aussi l’apport de nouvelles compétences et de nouveaux métiers et de facto la création d’emplois : une dizaine d’emplois nouveaux, ce qui porte désormais les effectifs du site à 220 personnes.

 « Nous souhaitons ancrer de l’industrie au cœur de la Métropole »

 A noter que cette usine fonctionne 24 h sur 24 et sept jours sur sept. « Ce qui a aussi été un argument dans le choix d’investissement sur le site car cette amplitude permet de surcroît, de mieux rentabiliser cet investissement », ajoute le président de Messier-Bugatti.

 Pour David Kimelfeld, il s’agissait en apportant 100 000 euros, de lancer un message : « C’est aussi un signe que nous lançons aux responsables de l’entreprise, mais aussi aux chefs d’entreprise de l’agglomération : nous souhaitons ancrer de l’industrie au cœur de la Métropole ».

Avec cet espoir : sachant que ces bancs d’essai seront aussi utilisés par des entreprises extérieures autres que Messier-Bugatti : peut-être celles-ci sauteront-elles un jour le pas et décideront-elles, grâce à la présence de ce nouvel outil, de s’installer sur le territoire métropolitain.

 Pour David Kimelfeld, aucun doute : « Il y a consensus au conseil métropolitain pour se mobiliser pour les entreprises ! »