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Neuf PME, 53 millions d’euros de chiffres d’affaires : les deux patrons lyonnais de Solexia rajoutent « Albert de Thiers » à leur petit empire

La PME de coutellerie auvergnate « Albert de Thiers » est la dernière acquisition en date d’Hervé Kratiroff et Eric Versini. Des investisseurs pas tout-à-fait comme les autres car ils gèrent eux-mêmes les PME au profil très précis qu’ils rachètent, à travers Solexia, leur société d’investissement.

Une petite PME, souvent perdue au fin fond de la campagne ou dans une ville moyenne, le plus souvent très rentable, sur un créneau plutôt commun, mais dotée d’un vrai potentiel, souvent inexploité  : tel est le profil des entreprises que rachètent une à une, depuis 2005, deux investisseurs lyonnais, Hervé Kratiroff et Eric Versini.

 Des investisseurs atypiques, car non seulement, ils font acquisition de ces petites PME, année après année, mais aussi ils s’occupent eux-même en direct de leur gestion, laissant, dans le cadre de développement fixé, la plus grande liberté aux équipes qui retrouvent une liberté qu’elles ne connaissaient plus. Et assurent-ils, non pas pour les revendre une fois celles-ci la croissance retrouvée, mais dans un but patrimonial à long terme.

 Souvent les sociétés rachetées étaient dirigées par un chef d’entreprise qui finissait par être dépassé car s’occupant de tout, comme dans beaucoup de PME et perdant souvent de ce fait au fil des années, la créativité et la « niaque » nécessaire.

 C’est sur ce schéma que Hervé Kratiroff et Eric Versini ont tracé leur chemin d’investisseurs, à travers leur société, Solexia.

 53 millions d’euros de chiffre d’affaires

 Cette société d’investissement dont le siège est basée dans le 6ème arrondissement de Lyon pèse désormais 53 millions d’euros et 243 salariés.

 Le petit empire de PME d’Hervé Kratiroff et André Versini est constitué d’un pôle agro qui compte déjà quatre entreprises : Salaisons du Val d’Allier, Maison Chillet, toutes deux spécialisées dans les salaisons, ainsi que les Volailles Vey et Max Poulet, en Suisse.

 Le pôle gastronomique est, lui, composé du Burgundy Lounge à Lyon, un bar à vins/restaurant plutôt haut-de-gamme dédié uniquement aux vins de Bourgogne. On trouve aussi au sein de Solexia, le groupe Valorel, spécialisé dans l’achat et la revente de biens immobiliers et « RMP Caraïbes », la plus atypique des PME du groupe lyonnais, car spécialisée dans le fret maritime entre… Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

 Rachat d’« Albert de Thiers » : 14 salariés, 2 millions d’euros de chiffre d’affaires

 Le dernier pôle vient de s’étoffer : il s’agit de celui consacré aux arts de la table. Il était jusqu’alors composé de « Jodas-Pradel Excellence » basé à Thiers, racheté en 2010. Depuis quelques semaines s’ajoute « Albert de Thiers », basé aussi dans la capitale de la coutellerie et qui vient d’être acquis.

 Cette PME de quatorze salariés et de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires correspond tout-à-fait aux profils cibles de Solexia. « Albert de Thiers », marque à forte notoriété est riche d’un savoir-faire de plus de trois générations : elle conçoit, conditionne et vend ses produits, plutôt haut-de-gemme et très design.

 Pour Eric Versini, directeur général de Solexia, « ce rachat va nous permettre d’explorer de nouveaux segments de clientèle et de mettre un pied dans les grandes surfaces alimentaires avec pour cœur de vente les couverts de table ».

 En outre ce rachat va permettre la mise en œuvre de synergies avec l’autre société de coutellerie détenue à Thiers, « Jodas-Pradel Excellence »

 Aujourd’hui, le pôle arts de la table représente près de 20 % du chiffre d’affaires du chiffre d’affaires de Solexia.

 Ce rachat rapproche le groupe lyonnais d’un changement possible de son mode de fonctionnement. « Nous sommes encore capables de gérer deux ou trois entreprises de plus en direct, mais pas plus », reconnaissent d’une même voix les deux dirigeants.

 En tout cas leur modèle, plutôt atypique fonctionne bien, même si cela fut compliqué pour certaines acquisitions.

 « Ni notre métier, ni notre culture »

Ils ont été confrontés à moins de réussite en rachetant une société spécialisée dans les fleurs- « on a vite compris que ce n’était ni notre métier, ni notre culture, on a revendu à un prix attractif », explique Hervé Kratiroff

 Dernière (petite) déception en date : le rachat en Suisse de « Max Poulet », une société de distribution de poulets rôtis sur le mode food-trucks, rachetée en 2013 qu’ils entendent tout de même toujours développer : un réseau de 26 véhicules, 26 salariés et un chiffre d’affaires de 4,2 millions d’euros et 300 000 poulets vendus chaque année.

 En général, les deux investisseurs/entrepreneurs lyonnais savent s’y prendre pour dynamiser les équipes des entreprises rachetées sachant, en leur laissant, sous leur férule souple, la plus grande liberté. Là, le chiffre d’affaires reste désespérément stable, alors que la moyenne de croissance du groupe en 2015 à été de 5,3 %.

 Pas cette fois, explique Eric Versini : « Nous avons là, avec Max Poulet, beaucoup de difficultés à galvaniser les équipes, nous avons l’impression de nous heurter à un mur culturel ». Mais peut-être à force de persuasion, celui-ci va-t-il s’effriter peu à peu.. ?