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OL : la question du stade des Lumières réglée, la polémique se déplace vers la Bourse

 On aurait pu penser que le financement du stade des Lumières, enfin signé dans les tout derniers jours de juillet aménerait le cours de Bourse de l’Olympique Lyonnais à enfin repartir à la hausse. Loin s’en faut ! Il faut sans doute y voir la conséquence de la nouvelle polémique née de l’émission de millions d’obligations. Elles feraient perdre à terme la direction du club à Jean-Michel Aulas au profit de Jerôme Seydoux, le patron de Pathé, mais de surcroît elle se fera à terme au détriment des petits porteurs.

On n’imaginait pas que le cours de Bourse de l’Olympique Lyonnais qui a connu un grand plongeon puisse descendre plus bas. Et pourtant la chute s’est poursuivie. Cet été, le titre OL Groupe, société cotée, a cédé près de 8 % en trois mois se rapprochant de la barre des 2 euros (2,03 euros, très précisément le 28 août, soit – 30 % depuis le début de l’année).

 Une vraie surprise puisqu’à entendre Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, en lui fournissant des revenus importants et récurrents à terme, le stade des Lumières devrait améliorer de manière importante les finances du club de foot lyonnais.

 Or, justement, la signature, le 27 juillet du protocole d’accord avec les banques pour le financement du stade de Décines, a permis de régler favorablement le sort de l’enceinte sportive qui normalement pourra être prête pour l’Euro 2016. Une bonne dizaine de grues devrait donc envahir dès octobre la future enceinte pour que les travaux puissent réellement commencer, les terrassements étant déjà réalisés.

 Rappelons les modalités de ce financement qui s’est fait attendre. Le stade des lumières coûtera un total de 405 millions d’euros, une somme composée d’un financement en fonds propres de l’ordre de 135 millions d’euros, d’un financement obligataire de 112 millions d’euros, d’un total de dettes bancaires et location financière de 144,5 millions d’euros, ainsi que de revenus garantis pendant la phase de construction d’environ 13,5 millions d’euros.

 Onze établissements bancaires à la manœuvre

 Pas moins de onze établissements bancaires ont été à la manœuvre pour pouvoir boucler l’ensemble et ce à hauteur de 136,5 millions d’euros.

 Dans le même temps, la société Foncière du Montout a signé un contrat de location financière pour un montant de 8 millions d’euros avec France Telecom Lease (Orange Business Services), portant principalement sur les systèmes d’information du Grand Stade confiés à Orange en collaboration avec Cisco ; et ce, afin d’en faire un stade connecté « permettant une interactivité de communication et d’optimisation commerciale des plus modernes », précise le club.

 Les dirigeants de l’OL devaient aussi mettre au pot : ils l’ont fait au travers d’ « OSRANE» de 80 millions d’euros. Derrière ce nom barbare se cachent des obligations convertibles en actions

 Ayant perdu la bataille du stade, l’élu écologiste et juriste Etienne Tête porte désormais son attaque sur les conséquences de cette dernière opération. Selon ce dernier, Jérôme Seydoux, le Pdg de Pathé, deuxième actionnaire du club lyonnais, est, depuis le 23 août, l’actionnaire majoritaire virtuel d’OL Groupe.

 Cette date correspond à la clôture de cette émission d’OSRANE, ces obligations convertibles en actions. Celles-ci visaient à apporter des fonds propres pour réaliser le Grand Stade, redistribuant aussi les cartes entre les actionnaires. 

 Avant le 30 juillet, Jean-Michel Aulas, via sa holding ICMI, possédait 34,17 % du capital d’OL Groupe, tandis que Jérôme Seydoux, le Pdg du Groupe Pathé, en détenait, lui, 29,87 %.

 Une hiérarchie qui sur le papier paraît chamboulée. Sur les 802 502 obligations mises sur le marché, la très grande majorité, soit 749 835 a été acquise par les deux actionnaires historiques du club.

 C’est le numéro deux qui a le plus mis au pot avec  421 782 OSRANE, contre 328 053 pour Jean-Michel Aulas. A ce jour, la répartition du capital reste inchangée. Mais si Jerôme Seydoux vendait à terme, c’est-à-dire en 2023, le Pdg de Pathé récupèrerait 27,4 millions d’actions (1 obligation valant 45 actions + une rémunération de 2 actions par an), tandis que Jean-Michel Aulas en toucherait 21,3 millions.

 Jerôme Seydoux actionnaire majoritaire de l’OL en cas d’exercice des obligations

 Au final, l’équilibre des forces serait donc changé avec 47,96 % du capital pour Jérôme Seydoux contre 39,5 % pour Jean-Michel Aulas. 

 Comment expliquer ce bouleversement potentiel à la tête du club de foot lyonnais ? Une manière pour Jean-Michel Aulas de se retirer petit à petit du club qu’il a mené au sommet ? Ou tout simplement un manque d’argent, face à l’importance des sommes en jeu ?

Peut-être. Mais on peut sans doute plus probablement y voir une condition posée par Jérôme Seydoux pour garantir la moitié du prêt obligataire consenti par Vinci (40 millions, l’autre moitié l’étant par le Département) ?

Une certitude néanmoins et immédiate : cette opération va diluer encore un peu plus les petits actionnaires.

Lesdits petits actionnaires détiennent aujourd’hui 26,6 % du capital. Lorsque ces OSRANE seront transformées en actions, ils ne détiendront plus que 5,4 % !

Pas de Ligue des champions : une perte estimée entre 15 et 25 millions d’euros

Ce qui diminuerait d’autant leurs dividendes perçus, remarque Etienne Tête, qui accuse Jean-Michel Aulas de « spoliation« . Le club récuse ce procès. Pour lui, ces propos sont « mensongers » : »tout le monde pouvait souscrire à ces obligations« , assure un communiqué de la direction de l’OL.

C’est vrai, mais vu la glissade du titre OL Groupe depuis son introduction en Bourse et son maintien à un cours plancher, on ne voit pas très bien ce qui aurait pu les motiver ! Et ce n’est pas le double échec face à Real Sociedad en Ligue des champions avec pour conséquence financière un manque à gagner de 15 à 25 millions dans les caisses du club lyonnais qui va arranger les choses…