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On n’a jamais été aussi près de son lancement : l’A 45, l’autoroute de la discorde

Tandis que sous la houlette de la CCI Lyon Métropole, les chefs d’entreprise mettent la pression pour que soit lancée la construction de l’Autoroute A 45 Lyon-Saint-Etienne, des élus de gauche et de droite, de la Loire et du Rhône, s’élèvent contre ce projet, par ailleurs soutenu par Laurent Wauquiez.

Bientôt le lancement de l’A 45 ? Tel est l’ardent souhait des chefs d’entreprise qui se battent pour ce projet à 1,2 milliard d’euros.

 Pour eux, « l’A 45 est une priorité économique pour le bassin métropolitain ». « Il a besoin d’une autoroute digne de ce nom territoire économique à enjeux pour pallier les carences de l’actuelle A 47 », dixit Philippe Valentin, vice-président de la CCI de Lyon-Métropole.

 Il s’agit de mettre fin aux bouchons et aux accidents à répétition (vingt-deux en moyenne par mois) dont l’actuelle A 47 est sujette : elle a dépassé son niveau de saturation avec 110 000 véhicules/jour pour une capacité de 55 000.

 Coût de la non-construction : 500 millions d’euros

 Pour André Mounier, président de la CCI de St-Etienne, les problèmes sont désormais tels que des entreprises sont obligées de quitter le bassin stéphanois du fait de ces difficultés de circulation : « L’Etat estime les pertes dues à l’A 45 à 500 millions d’euros par an, soit le moyen de financer une A 45 tous les deux ans », s’exclame-t-il.

 Et de mettre en avant un sondage Ifop auprès de 1 000 chefs d’entreprise déclarant « un taux d’insatisfaction record de 67 % quant à la liaison actuelle du fait des coûts directs et indirects : surconsommation de carburant, pénalités de retard, rendez-vous manqués, perte de clients et d’attractivité, heures perdues… »

 Pourquoi les chefs d’entreprises par l’entremise des CCI haussent-ils la voix ? Parce que le dossier pourrait se débloquer. Mais rien n’est encore définitivement joué. L’Etat a jusqu’à fin avril pour choisir le concessionnaire : ce sera une autoroute à péage.

 L’Etat a annoncé de son côté 430 millions d’euros de financements. Les collectivités (Département de la Loire, Saint-Etienne Métropole, région Rhône-Alpes) ont promis de leur côté un apport global de 432 millions d’euros.

 Le reliquat (les 400 millions manquants) doit être apporté par le concessionnaire qui devrait se rembourser sur le péage, via un minimum de 30 à 35 000 véhicules/jour, le trafic escompté.

 Une fronde des élus de droite et de gauche

 Bref, malgré quelques inquiétudes, le dossier paraît sur la bonne voie, sauf que cette A 45, promesse de campagne de Laurent Wauquiez, le nouveau président de la Région est en butte à une fronde, celle des élus situés sur son tracé. De gauche et de droite, de la Loire, comme du Rhône.

 Des élus qui, comme Georges Fenech, député de la 11ème circonscription du Rhône, appartenant à la même formation politique que Laurent Wauquiez (Les Républicains) et chef de file de la fronde, sont vent debout contre cette future autoroute.

 À ses côtés on trouve Jean-Charles Kohlhaas, conseiller régional et ex-candidat EELV à la présidence de la nouvelle région.

 Pour Georges Fenech, cette autoroute A 45 est « une tromperie ».

 Brignais, future ville bouchon ?

 Gain de temps et fluidité du trafic seraient les promesses de la future autoroute payante. Or, selon ces élus locaux, les automobilistes empruntant l’A45 seront englués dans les bouchons à hauteur de Brignais, à quatre kilomètres de Lyon, le flux Est-Ouest de l’A 45, rencontrant celui Nord-Sud de l’A 7.

  « Brignais va devenir une nouvelle porte d’entrée sur Lyon et détruire le poumon vert de la ville », dénonce Georges Fenech.

 « L’A45 va détruire près de 450 hectares de terres agricoles », renchérit Bernard Servanin, représentant de l’association Alcaly, regroupant les communes opposées au projet.

 Présenté comme un levier pour la revitalisation économique de l’agglomération stéphanoise, l’A45 pourrait en fait contribuer à attirer les investisseurs sur Lyon. « Toutes les études scientifiques montrent que lorsque deux pôles sont reliés par des infrastructures, c’est toujours la plus grande métropole qui récolte les bénéfices » assure Jean-Charles Kohlhaas.

 Ces élus proposent donc une nouvelle fois comme solution de remplacement, la requalification de l’autoroute A 47 et son passage en deux fois trois voies. Un coût de 240 millions d’euros à la clef. Moindre, de surcroît à celui de l’A 45.

 Dernier baroud d’honneur des opposants à l’A 45 ou ceux-ci vont-ils réussir à s’y opposer ?

 La réponse ne devrait désormais plus tarder : les prochaines semaines vont être décisives…