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Pas de redémarrage en vue pour l’instant : l’économie rhônalpine à l’arrêt

A ce rythme la barre des 300 000 chômeurs pourrait être franchie l’année prochaine en Rhône-Alpes. En septembre, le chômage a progressé nettement plus vite dans la région que dans l’ensemble de l’Hexagone. La raison se résume en un mot : « à l’arrêt ». L’économie ne secrète plus de croissance, alors que le dynamisme démographique amène, sans succès pour beaucoup, un grand nombre de jeunes à frapper à la porte des entreprises.

Les chiffres du chômage du mois de septembre dernier résonnent comme un avertissement. Cela fait dix-sept mois que le nombre de demandeurs d’emplois grimpe graduellement dans la région Rhône-Alpes. Mais il s’agit cette fois d’un véritable bond : + 2,2 %, soit les effectifs d’une très grosse PME : 6 163 chômeurs de plus en l’espace de trente jours. Cette croissance du nombre de demandeurs d’emploi nettement plus forte que celle constatée à l’échelon national (+ 1,6 %) propulse la file des demandeurs d’emploi de la région au chiffre record de 283 332 personnes pour la seule catégorie A (sans aucun travail, même à temps très partiel).

 Comme malheureusement tout laisse augurer que cette tendance va perdurer au cours des mois à venir, cela signifie que la barre symbolique des 300 000 chômeurs pourrait bien être atteinte au cours de l’année 2013, ce qui constituerait une première. Le taux de chômage rhônalpin pourrait atteindre 9 % à la fin de l’année prochaine.

 La raison de cette situation véritablement inquiétante est résumée en un mot par la dernière lettre de conjoncture de l’Insee Rhône-Alpes : « à l’arrêt ».

 Tous les indicateurs sont au rouge : « Le climat des affaires s’est dégradé au deuxième trimestre 2012, alors qu’il entamait un redressement en début d’année : cette dégradation touche l’ensemble des secteurs de l’activité économique », décrivent les rédacteurs de l’Insee.

 Un indicateur illustre particulièrement cette dégradation : les exportations . Alors que celles-ci semblaient bien reparties, elles ont brusquement replongé au deuxième trimestre 2012 avec un recul sensible : – 2,8 % à 12 milliards d’euros. Le recul de l’activité dans la zone euro explique principalement ce mauvais chiffre, alors que les ventes des entreprises régionales à l’international progressent tant en Amérique du Nord qu’au Moyen-Orient. Nos principaux clients : l’Allemagne dont la croissance faiblit, l’Italie, en recul ont moins d’appétence pour les produits made in Rhône-Alpes.

 Un autre indicateur est tout aussi parlant : celui des mises en chantier de logements. Le recul y est plus vif que dans le reste de la France. En novembre 2011, il se construisait 48 600 logements neufs. Ce chiffre est tombé en août dernier à 40 600.

 La situation n’est pas meilleure dans les services. A l’exemple de l’hôtellerie : le taux d’occupation des hôtels baisse de trois points par rapport à 2011, à 57 %, ce qui est faible.

Chute des créations d’entreprises

 Le nombre de nuitées au cours du deuxième trimestre, qui s’établit à près de quatre millions est en recul, même si les situations sont différentes selon les départements. La chute est forte en Savoie (- 10 %), mais aussi de – 4 % en Isère et de – 3 % en Haute-Savoie. Les hausses du nombre de nuitées enregistrées dans le Rhône (+ 1 %), l’Ain (+ 2 %) et l’Ardèche (+ 5 %) ne contredisent pas la tendance générale.

 On peut ajouter un autre indicateur aussi peu enthousiasmant : avec 186 664 voitures particulières vendues en cumul depuis le début de l’année, les ventes flanchent de 0,8 %, celles des poids-lourds et des utilitaires, de 0,7 %.

 Ce climat morose plombe les créations d’entreprises (- 6,8 %) et provoque une augmentation des défaillances (+ 1,4 %)

 Toutes ces données expliquent « une croissance nulle pour les troisième et quatrième trimestres 2012 », pronostique l’Insee qui ne voit pas de redémarrage pour l’instant.

 Seul élément positif qui permet (en principe) à l’économie d’éviter l’embardée vers la récession : les Rhônalpins tirent sur leur épargne pour maintenir leur pouvoir d’achat, ce qui permet à la consommation de résister. Seul un retour de la confiance permettrait de relancer la machine, or pour l’instant, le moral des ménages, comme celui des industriels continue de se dégrader. L’économie prend aussi une sombre tonalité automnale…

Illustration : Lettre de conjoncture de l’Insee Rhône-Alpes, octobre 2012, n°19.