Philippe Grillot désavoué, Emmanuel Imberton le remplace à la tête de la CCI de Lyon

 L’épilogue de ce que l’on pourrait appeler « l’affaire Grillot » s’est déroulé dans le salon feutré Jacquart de la CCI de Lyon où s’est réuni lundi 2 décembre, dans l’après-midi, le conseil d’administration de l’organisme consulaire secoué ces dernières semaines par ce psychodrame.

 Sans surprise, tant le scénario était écrit par avance, suite à la démission de la très grande majorité des membres du bureau, Emmanuel Imberton, 55 ans, a été désigné lundi 2 décembre, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Lyon par les élus consulaires réunis en assemblée générale.

Seul candidat, il a été largement élu par ses pairs, par 47 voix sur 53 votants.

Premier vice-président de la CCI de Lyon, chargé des Grand Projets, le nouveau président de la CCI de Lyon demeure à Vienne, en Isère. Il dirige depuis 1998, une entreprise basée à Vaulx-en-Velin dans le ressort de la CCI de Lyon : la société Cotonnière lyonnaise, spécialisée dans la création et la distribution de supports pour la communication événementielle.

Sitôt élu, le nouveau président a exprimé « sa volonté de se tourner vers l’avenir, après une période d’incertitude courte mais difficile pour la CCI de Lyon. »

 Il a indiqué qu’il poursuivrait le déploiement du Carnet de route 2011-2015, élaboré par Philippe Grillot, et qu’il comptait « renforcer encore la proximité de la CCI auprès des entreprises, tout en mettant l’accent sur l’innovation et l’entrepreneuriat. »

 Prenant le contrepied des déclarations de Philippe Grillot, il a ensuite précisé que « la CCI de Lyon contribuerait de façon constructive à la mise en œuvre de la réforme des CCI en France, en identifiant les solutions les meilleures en termes de bénéfices pour les entreprises, en participant à l’effort collectif de réduction du déficit public, tout en jouant le rôle qui est le sien dans la métropole de la première région industrielle de France. »

Dirigeant de la société Cotonnière Lyonnaise et de Doal Concept

Il est également gérant d’une autre société rachetée en 2004 et opérant sur un créneau similaire : « Doal Concept », spécialisée dans la conception de systèmes de signalétique pour la communication visuelle.

C’est en 1998, en rachetant la Société Cotonnière Lyonnaise qu’Emmanuel Imberton est devenu entrepreneur. Il avait auparavant suivi un parcours classique de cadre supérieur, à l’issue de ses études, avec pour bagages une maîtrise de droit privé à l’Université Paris 2 et un DESS de Relations sociales au Celsa.

Il fut ainsi successivement chef du personnel, puis DRH de la division démarreurs du groupe Valéo, basé dans le Nord-Isère. Il a ensuite assuré les mêmes fonctions de DRH, mais cette fois au sein de la CIAPEM à Lyon-Gerland (Groupe Brandt) ; et enfin, nommé à un nouveau poste, en tant que DRH de la Cofradel du groupe des Docks de France, pour terminer ce parcours de cadre supérieur, avant de plonger dans le bain de l’entrepreneuriat.

Ce Viennois est, depuis 2001, le trésorier, puis membre du conseil d’administration de Jazz à Vienne. Il est également intervenu pendant plusieurs années au centre des entrepreneurs d’EM Lyon, sur un thème qu’il connaît bien pour l’avoir pratiqué par deux fois : celui de la reprise d’entreprise

L’ancien président, Philippe Grillot a, comme annoncé, été désavoué par ses pairs, tant ceux issus de la CGPME que du Medef et a donc été évincé de la présidence de l’organisme consulaire, suite à ses propos tenus dans « Acteurs de l’Economie ».

 Faisant preuve d’un courage indéniable, il avait obstinément, depuis le début de l’affaire et malgré une rencontre avec le Préfet de région, Jean-François Carenco, refusé de démissionner et était présent lors de ce vote.

 Philippe Grillot : « Je suis allé jusqu’au bout de mes missions »

Avant de partir, il a lancé un dernier baroud d’honneur, dans un entretien paru le jour même dans le Progrès, en expliquant qu’il restait « très zen et en même temps choqué, déçu par cette manière d’évincer un président élu par le peuple des entrepreneurs et donc à la tête d’une mission de service public. Je suis allé jusqu’au bout de mes missions. »

 Il est en tout cas resté à la barre du navire CCI de Lyon, jusqu’au bout : «  J’étais encore à Dubaï la semaine dernière et j’ai mené des réunions jusqu’au bout. Je ne regrette pas de ne pas avoir démissionné. Je suis droit dans mes bottes, car je n’ai pas commis de faute. »

Comment explique-t-il ce qui lui est arrivé : « Je suis atterré de voir que les organisations patronales puissent donner des consignes aussi dures alors que j’ai dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Je pense vraiment que j’ai raison sur le sujet de la métropolisation car si tout se passe comme prévu, il y aura de mauvaises surprises avec des réductions budgétaires au détriment de la CCI de Lyon. La sanction est disproportionnée par rapport à ce qui m’est reproché. Il y a donc autre chose. J’ai l’impression que des snippers étaient sur les toits et ont attendu que j’ouvre la fenêtre pour m’atteindre… »

Son successeur, Emmanuel Imberton, devrait donner une conférence de presse dès cette semaine pour tenter de dissiper le lourd malaise que cette éviction a suscité.

Le nouveau bureau

L’assemblée générale de la CCI de Lyon a également élu les membres du bureau qui entourent le nouveau président : Philippe Guérand, vice-président délégué, chargé de la Formation ; Philippe Valentin, vice-président, Industrie et International ; Jacques Descours, vice-président, Animation du commerce ; Nathalie Pradines, vice-présidente, Proximité et Tourisme ; Sophie Defforey-Crepet, trésorière ; Ronald Sannino, vice-président trésorier adjoint, Entrepreneuriat ; Robert Natali, vice-président secrétaire, Aménagement du territoire ; Marc Degrange, vice-président secrétaire adjoint, Organisation du Commerce et Elisabeth Thion, présidente de la Délégation de Tarare